Depuis plusieurs mois, une sécheresse exceptionnelle touche le sud de l'Espagne, affectant les alentours de Jaen et de Cordoue où s'étendent des oliveraies à perte de vue. L'Espagne est le premier producteur mondial d'huile d'olive, devant l'Italie, et la province andalouse assure à elle seule environ 45% de la production du pays.
Face au risque de voir la récolte profondément réduite cette année, le marché a déjà réagi: en seulement quelques semaines, les cours de l'huile d'olive vierge extra viennent de passer de 2,40 euros à 2,70 euros le kilo, selon la fédération espagnole des industriels producteurs d'huile d'olive Infaoliva, contre une moyenne de 2,45 euros (3 francs) ces dix dernières années.
Et cette tendance va se poursuivre si la pluie se fait encore attendre. Producteurs et analystes du secteur tablent sur une augmentation des prix de l'«or jaune» dans les mois à venir, même s'ils se gardent pour l'instant de la chiffrer.
Arbres malades en Italie
En Italie, le danger vient de la bactérie baptisée «Xylella fastidiosa», qui s'attaque aux végétaux et les assèche. Elle a été repérée l'an dernier dans le sud du pays et s'en prend désormais aux oliviers de la région des Pouilles.
«Il n'y a pas de remède, la seule solution c'est de brûler les arbres contaminés pour arrêter la diffusion rapide de cette bactérie», se désole Raffaele Piano, un producteur agricole de cette région. «Il y aura une hausse des prix de 30-40% parce qu'il y aura moins d'olives, et donc moins d'huile produite, estime-t-il. Mais la qualité ne sera pas affectée».
La consommation mondiale augmente
«C'est une bonne nouvelle pour les producteurs» qui travaillaient ces derniers temps à perte, relève Thomas Mielke, de l'institut spécialisé Oil World, basé en Allemagne. La forte production de la saison passée avait en effet entraîné une chute des prix. En Espagne, la récolte avait atteint 1,77 million de tonnes, soit 40% de plus que la moyenne des quatre années précédentes. Cette année, Infaoliva table sur une production oscillant entre 800'000 et 1 million de tonnes seulement.
Cette récolte limitée devrait néanmoins être suffisante pour approvisionner les marchés, aussi bien intérieur qu'internationaux. Car, fluctuations de production ou non, la consommation ne cesse d'augmenter dans le monde. Elle a bondi de près de 60% en vingt ans, tirée par des pays comme la Chine, les Etats-Unis, l'Australie ou encore le Canada, selon le Conseil oléicole international.
Producteurs et observateurs attendent à présent de voir ce que réservera le ciel de septembre, avant la cueillette des fruits. Une pluie tardive permettrait de faire grossir les olives existantes, à défaut d'en faire pousser d'autres.
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