Nous ne pouvons pas penser qu’un homme aussi averti que François Hollande ait put croire un instant au sérieux de ses imprécations contre son « ennemi, la finance », lors de la campagne présidentielle. Il ne pouvait pas non plus prétendre sincèrement pouvoir mener à bien le projet consistant à taxer à 75 % les hauts revenus tout en s’enfermant dans une politique dictée par le patronat.
Mais une majorité d’électeurs, moins avertis, l’avaient cru.
Il a donc été élu sur une véritable tromperie, peut-être acceptable de la part d’un politicien dans un petit pays à l’électorat illettré, mais indigne d’un candidat politique dans un grand pays comme la France. Par la suite, quand il a endossé les exigences de Wall Street et du Fonds monétaire international, lesquelles s’exprimaient à travers la Commission de Bruxelles et la Banque centrale européenne, nous ne pouvons pas penser qu’il ignorait tourner le dos aux nécessités d’un véritable investissement productif.
Aussi inculte qu’il soit en stratégie économique, il ne pouvait pas ignorer que l’avenir de la France repose sur une mobilisation des épargnes nationales et sur l’appel à des avances de la Banque centrale européenne pour financer toutes les technologies et recherches scientifiques qui ont longtemps fait (et font encore) la fortune des États-Unis, comme elles feront celle de la Chine et de l’Inde.
Il ne pouvait pas ignorer qu’en comprimant les dépenses, uniquement pour rembourser une dette artificiellement dramatisée, il renonçait aux politiques publiques visant à mettre en place, comme ce fut le cas en France au début des Trente Glorieuses (1945-1973), de grands équipements industriels et des services publics compétitifs [1].
Il ne pouvait pas ignorer qu’en procédant ainsi, sur les injonctions d’un représentant de la Banque Rothschild, nommé son conseiller économique, il sacrifiait l’avenir de la France, non seulement en Europe mais aussi dans le monde
Plus grave, il ne pouvait pas ignorer qu’il renonçait à faire de la France, encore seconde puissance européenne, la tête du groupe des pays européens prêts à s’insurger contre la finance internationale, qui, alliée à la diplomatie américaine, veut empêcher que l’Europe ne s’émancipe.
Ce 26 août au soir, les électeurs de gauche, comme certainement une partie de ceux de droite, sont cruellement déçus de voir le ralliement complet de François Hollande au néo-libéralisme, ralliement que symbolise la nomination de son ancien conseiller au poste stratégique de ministre de l’Économie. Mais ces électeurs seraient encore plus déçus s’ils prenaient la mesure de tout ce que Hollande aurait pu faire, dont nous venons de donner un bref aperçu, et qu’il ne fera jamais. Que la France hélas ne fera jamais.
Jean-Paul Baquiast
Note
[1] Montebourg n’a qu’à moitié raison (vineyardsaker.fr, 25-08-2014)
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