16 août 2014

L’Empire chancelle…


La commission européenne a formé un groupe chargé d’évaluer les pertes infligées par l’embargo russe sur les produits agricoles. Les dégâts pourraient déjà se chiffrer vers les 12 milliards d’Euros. L’UE n’a que 400 millions de disponibles en fond de compensation. Les experts de la Food and Agriculture Organization de l’ONU (FAO) pensent que l’UE, les USA, le Canada et la Norvège vont devoir trouver rapidement de nouveaux marchés pour leurs produits qu’ils exportaient en Russie jusque maintenant. Concepcion Calpe, une senior économiste de cette organisation estime que les pays sous les sanctions vont devoir trouver de nouveaux marchés en Chine, en Amérique Latine et dans les Caraïbes. Le stockage et la fraîcheur des produits va devenir un problème réel. Bruxelles a suivi servilement la politique américaine sur l’Ukraine et a reçu un choc en retour signifiant contre son secteur agricole comme résultat de cette servilité.

La Pologne et les états baltes, les pays qui ont fait de leur mieux pour mener la campagne anti-Russie des Etats-Unis, sont les plus durement touchés. Varsovie va perdre 800 millions d’Euros par an ou 0,5% de son PIB. L’Estonie a sacrifié 0,3% de son PIB pour soutenir les plans géopolitiques de Washington. Les fermiers lithuaniens ont perdu 927 millions d’Euros et 55 millions pour la Latvie. Laymdota Strauyuma, premier ministre de Lithuanie dénonce l’étendue des dégâts. Certaines branches du secteur agricole vont souffrir grandement surtout la production laitière et de produits laitiers.

La Finlande s’est tirée elle-même une balle dans le pied et le pays plonge dans la crise. Le premier ministre finlandais Alexander Straub pense que la guerre des sanctions va mener à Un “effondrement économique 2.0” La Pologne, la Lithuanie, la Finlande, la République Tchèque et la France ont approché l’UE pour demander des compensations pour leurs pertes, mais l’UE n’en a pas les moyens. EuroMonitor Intl Ltd est une entreprise privée de renseignement de marketing basée à Londres, fournissant des études de marché, des rapports d’affaires et de commerces et des données pour l’industrie. D’après sa recherche, l’Allemagne est le pays le plus affecté par l’embargo. Seule la taille conséquente de l’économie allemande la sauve d’être le plus grand perdant de l’affaire. D’après les calculs, le pays est supposé perdre 600 millions d’Euros par an ce qui aura pour répercussion des pertes d’emploi conséquentes dans les secteurs incriminés.

Lianne van den Bosof d’Euromonitor International explique que l’exportation allemande de viande et de produits dérivés est la plus vulnérable à ces sanctions russes. En 2012, ces exportations rapportèrent 900 milions d’Euros à l’économie allemande.

D’après ARD-Deutschlwill et Trendsurvey, 46% des Allemands s’opposeraient à la politique anti-russe et pro-Ukraine mise en place par Bruxelles et Berlin si les sanctions devaient endommager l’économie et détruire des emplois.

La perspective de trouver de nouveaux marchés n’est pas brillante. Si des pays d’Amérique Centrale et d’Amérique du Sud ouvraient leur porte aux importation de l’UE, les prix de leurs propres produits chuteraient immédiatement.

Bruxelles essaie de faire valoir sa politique de pression déjà éprouvée. L’UE a déjà commencé des pourparlers avec des états d’Amérique Latine pour les dissuader de remplacer avec leurs produits ceux dont l’Europe subit l’embargo. Les sanctions russes ont offert une grande opportunité à l’exportation brésilienne de viande vers la Russie. Environ 90 nouvelles usines de viande de ce pays ont reçu l’accord d’exportation de viande de bœuf, de poulet et de porc vers la Russie et le Chili espère fructifier de l’embargo sur le poisson. Le Financial Times (NdT: la voix de Wall Street et de la CIA) rapporte qu’un tel remue-ménage dans les sphères d’influence agricoles d’Amérique Latine a déclenché une certaine inquiétude à Bruxelles.. “Nous allons parler aux pays qui devraient potentiellement remplacer nos exportations pour leur indiquer qu’ils ne devraient pas profiter de la situation actuelle de manière injuste”, a déclaré un officiel de l’UE dans une réunion sur la situation en Ukraine. L’officiel a dit qu’il comprenait que des entreprises individuelles puissent signer des contrats avec la Russie mais qu’il serait “difficile de justifier la position de pays poursuivant une politique diplomatique pour remplir le vide laissé par l’UE, les USA, la Norvège et l’Australie”. (1). Les attentes à ce que l’Amérique Latine doive suivre la politique de l’UE ne peuvent pas être circonstanciées. Le marché mondial alimentaire est le plus gros marché et le plus dynamique, il a évolué de par ses propres règles et l’UE pourrait bien se retrouver sans rien.

Alors qu’ils dansent servilement sur la musique de Washington, les leaders de Bruxelles tournent le dos et ne veulent pas voir le fait que les intérêts européens ne coïncident pas avec les intérêts fixés et poursuivis par les Etats-Unis, Il est impossible d’aligner la solidarité européenne avec des besoins économiques.

D’après Ric Spooner, chef d’analyse de marché avec la firme CMC Market en Australie, l’embargo russe sur les produits agricoles de l’UE, de la Norvège, des Etats-Unis et de l’Australie, va mettre KO d’autres prix du marché tandis que les exporteurs vont partir à la recherche de nouveaux marchés. (2) C’est certes une situation difficile pour l’UE, mais celle-ci doit récolter ce qu’elle sème.

[1] http://www.ft.com/intl/cms/s/0/4730c97a-216a-11e4-a958-00144feabdc0.html#axzz3AGf8yos0
[2] AP 080417 GMT Aug 14



Piotr Iskenderov
url de l’article original:
http://www.strategic-culture.org/news/2014/08/14/russia-knocks-out-eu.html

Traduit de l’anglais par Résistance 71

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