27 mai 2014

Adhésion à l'UE: la Moldavie

Le 27 juin, les autorités moldaves ont l'intention de signer un accord d'association avec l'UE. Près de la moitié de la population s'y oppose et, dans les régions de Transnistrie et en Gagaouzie, le nombre de partisans de l'intégration européenne est proche de zéro. Qu'attend donc la Moldavie de cette démarche?

Un peu plus d'un mois sépare encore la Moldavie de la signature d'un accord d'association économique et politique avec l'Union européenne. Mais à l'approche de cet événement crucial pour le pays, Chisinau refuse de voir que la position de la population, et de certaines régions en particulier, est loin de rejoindre celle des autorités officielles de la république.

Les éventuelles complications avec ses partenaires de l'est comme la Russie n'arrêtent pas non plus la Moldavie dans son élan. C'est pourtant en Russie que la plupart des travailleurs saisonniers moldaves gagnent de l'argent, qui représente jusqu'à un tiers du PIB national.

"Les autorités moldaves sont si sûres d'elles qu'elles ne prennent même pas la peine d'expliquer à leur population les avantages et les inconvénients d'une association avec l'UE", déclare Valeriu Ostalep, ex-ministre moldave des Affaires étrangères et de l'Intégration européenne.

"Personne ne travaille avec les entrepreneurs, les agriculteurs ou la Transnistrie. Et on n'explique pas quels seront les avantages et les inconvénients réels de cet accord.

La Fédération de Russie a souligné à plusieurs reprises que cet accord serait nuisible aux relations bilatérales. Au lieu de l'entendre et d'ouvrir un dialogue, Chisinau continue de faire comme si cela n'avait pas d'importance pour nous", regrette Valeriu Ostalep.

Dans le même temps, la Moldavie connait des problèmes politiques intérieurs que les autorités s'efforcent également d'ignorer sur leur route vers l'Europe. Hormis la Transnistrie, région de facto incontrôlée depuis 22 ans, se pose également le problème de l'autonomie de Gagaouzie, où le 2 février s'est déroulé un référendum consultatif – plus de 90% des habitants se sont prononcés en faveur d'un axe de développement de la Moldavie vers l'est et d'un renforcement des liens avec la Russie et l'Union douanière Russie-Biélorussie-Kazakhstan.

Le gouvernement de l'autonomie a proposé aux autorités d'organiser un tel référendum sur tout le territoire moldave mais Chisinau a ignoré cette initiative, parce qu'elle ne s'inscrit pas dans leurs plans vers un grand avenir européen.

"Il faut organiser un référendum comme en Gagaouzie pour demander l'avis de la population. Si tout le pays votait pour l'Union européenne, alors il en serait ainsi. Il existe des institutions démocratiques, tout le monde y obéit… La minorité se soumet à la majorité. Mais il est nécessaire d'organiser ce référendum, de demander l'avis du peuple. Personne ne veut le faire. Une partie de l'élite pro-roumaine ne voit pas la république moldave comme un Etat souverain, démocratique, indépendant et neutre. Elle veut adhérer au pays voisin", a déclaré le dirigeant de l'autonomie de Gagaouzie Mikhaïl Formuzal.

"Le but n'est rien, le mouvement est tout", disait Eduard Bernstein, philosophe allemand du XIXe siècle. Aujourd'hui cette phrase décrit parfaitement le contexte d'intégration de la Moldavie à l'Union européenne. Le but principal du "mouvement" des autorités moldaves consiste à adhérer à l'UE à part entière. Les experts reconnaissent qu'en y adhérant comme le plus pauvre pays d'Europe, la Moldavie pourrait effectivement obtenir de nombreux avantages politiques et sociaux, ainsi que des changements économiques positifs.

Cependant, les dirigeants européens ne s'empressent pas d'ouvrir leurs portes aux Moldaves. Il n'existe aujourd'hui aucune garantie d'adhésion de la Moldavie à l'UE. Certains experts sont même persuadés qu'il est préférable pour l'UE de garder la Moldavie comme une zone tampon entre l'Union européenne et l'Eurasie.

Pourtant, ni ces chances quasiment nulles d'adhérer à l'UE, ni les éventuelles complications dans les relations avec les pays de l'Union douanière, ni même l'opposition de la majeure partie des habitants de la république, ne déprécient pour les autorités moldaves la valeur du mouvement vers l'Europe. Les politologues espèrent qu'après la signature d'un accord d'association avec l'UE le 27 juin, le gouvernement moldave aura la présence d'esprit de regarder autour de soi. Et de faire enfin un premier pas vers son propre peuple.

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