04 février 2014

Report de la loi famille : quand l’État s’affole…

Le calendrier électoral est pour beaucoup dans ce changement de pied, et les fous qui nous gouvernent n'ont pas vu la lumière, loin s'en faut.

Ça s’affole au sommet de l’État. Le report de la loi famille à 2015, après les échéances électorales du printemps, a visiblement été décidé dans l’urgence après les Manifs pour tous de dimanche à Paris et à Lyon. Pour preuve, l’annonce de Matignon a pris de court le député PS David Assouline, qui défendait au même moment sur LCP l’importance, selon lui, de cette loi, sous les tweets enthousiastes du PS. Quant à Bruno Le Roux, président du groupe PS à l’Assemblée nationale, il affirmait le matin au sujet de la PMA : « Il y a une règle du jeu qui a été fixée avec le gouvernement et sa majorité, qui est de demander son avis au Conseil national d’éthique. » Et se réjouissait le soir de la décision du Premier ministre !

Au passage, juste pour le plaisir, le député nous a gratifiés d’un chef-d’œuvre de dialectique socialiste, affirmant ne renoncer « à aucune ouverture de nouveaux droits pour les enfants ». Vous avez bien lu. À nos oreilles émerveillées, Bruno Le Roux vient de transformer la PMA, qui ouvre un droit à l’enfant pour les couples lesbiens, en un droit pour l’enfant ! L’enfant qui n’est pas encore conçu ! Eh bien, la PMA, c’est son droit ! L’absence de père, c’est son droit ! Les bras m’en tombent, comme dirait l’autre.

On relèvera également la déclaration pathétique de Najat Vallaud-Belkacem, à montrer dans toutes les écoles de langue de bois : « Le gouvernement, en se donnant le temps d’élaborer ce projet de loi famille, crée les conditions de sérénité et de concertation indispensables », et « confirme la logique de rassemblement des Français poursuivie depuis 20 mois » ! Après avoir coupé la France en deux, épuré le Comité national consultatif d’éthique en septembre dernier, sali, nié les manifestants, exclu toute opinion divergente de l’élaboration des projets de loi sociétaux depuis l’élection de François Hollande, c’est vraiment du grand art ! Sans doute le gouvernement attendait-il les conclusions du Grenelle de la Famille, auquel la Manif pour tous a convié Dominique Bertinotti, ministre de la Famille, le 8 mars prochain…

Ah oui, notre Najat internationale a ajouté avec candeur : « L’année 2014 connaîtra par ailleurs un calendrier parlementaire chargé, avec pour priorité la bataille pour l’emploi qui est la préoccupation numéro 1 de tous les Français. » En gros, on veut de l’emploi, pas de la PMA… Ça ne vous rappellerait pas quelque chose, ce slogan… Bref, au-delà de circonvolutions oratoires confinant au ridicule, une réalité s’impose : l’espoir a changé de camp, le combat d’âme.

Pour autant, il ne s’agirait pas d’être naïf : le calendrier électoral est pour beaucoup dans ce soudain changement de pied, et les fous qui nous gouvernent n’ont pas vu la lumière, loin s’en faut. Chacun se souviendra que le ministre des Cultes réduisait grosso modo la semaine dernière les catholiques à des intégristes de l’ultra-droite. Que le ministre de l’Intérieur, chargé de faire régner l’ordre, lançait dimanche au JDD, dans une formule digne d’un maître Yoda en peau de lapin, qu’avec les manifestations, « des forces sombres, celles qui divisent, se sont mises à prospérer », à tel point que, pour rester dans le manichéisme infantile, on avait envie de lui répondre : « Miroir ! » Que la République était menacée par « la dilution des références, des normes, des repères »… Sur la perte des repères, on est d’accord.

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