07 décembre 2013

Banques centrales et pouvoir politique : impasse socialiste totalitaire


Thorsten Polleit, membre de l'école de Finances de Frankfort et spécialiste de l’Institut Ludwig von Mises, s’est récemment entretenu avec l’institut au sujet des banques centrales et de la monnaie fiduciaire.

Institut Mises : Les banques centrales ne cessent de gonfler la masse monétaire, et pourtant, il semble que le public continue de faire confiance aux devises papier.

Thorsten Polleit: Absolument. Les responsables politiques sont parvenus à libérer les marchés du sentiment de panique tout en donnant l’impression que leurs actions pourraient sauver les économies sans pour autant entraîner d’inflation. Leur propagande semble porter ses fruits.


IM: La stratégie employée par les banques centrales depuis quelques années semble parfaitement fonctionner.


Polleit: Voilà qui prouve jusqu’où peuvent aller les manipulations des banques centrales pour maintenir le régime de devises fiduciaires en place, régime qui n’est autre qu’un système Ponzi. Il est en revanche nécessaire de savoir que sans politique de suppression des taux d’intérêts et d’impression de nouvelle monnaie pour supporter les banques et gouvernements en banqueroute, le système de monnaie fiduciaire se serait certainement déjà effondré.


IM: Que se passera-t-il si la stratégie actuelle échoue ?


Polleit: Le problème critique est la demande en monnaie fiduciaire. Si les gens cessent de demander des quantités accrues de monnaie, le système monétaire s’effondre. Traiter une devise dévaluée comme une patate chaude pousserait les gens à échanger leur monnaie papier contre des actifs non-fiduciaires. Au cours de ce processus, les prix des ressources augmentent et le pouvoir d’achat de la monnaie diminue. La conséquence la plus extrême en est l’hyperinflation : la dévaluation accélérée voire la destruction d’une monnaie fiduciaire.


IM: En 2008 et 2009, tout le monde craignait un effondrement global, mais cet effondrement ne s’est jamais matérialisé. Pourquoi ?


Polleit: J’imagine qu’à l’époque, de nombreux investisseurs ignoraient le fait que dans un régime fiduciaire, les banques centrales peuvent fournir au gouvernement et aux banques commerciales des quantités infinies de nouvelle monnaie, ce qui leur permet de s’acquitter de leur dette dans sa totalité. Et c’est ce qu’elles ont fait : ‘une panique défaut’ a été imprimée par les banques centrales. C’est aussi la raison pour laquelle le prix de l’or est passé depuis un record à la hausse de 1900 dollars par once à 1300 dollars aujourd’hui.


IM: Vous vous attendez donc toujours à ce que se développe une inflation sérieuse ?


Polleit: Tout à fait. L’inflation sera l’une des mesures par lesquelles les gouvernements tenteront de se débarrasser de leur dette excessive. Le régime fiduciaire nous a mis dans une situation dans laquelle les emprunteurs – notamment les gouvernements et les banques – ne sont plus dans une position de rembourser leur dette. En d’autres termes : les dommages ont été causés, et la seule question est de savoir qui en paiera les frais.


IM: Et qui en paiera les frais ?


Polleit: Les gouvernements et les banques auront sans doute recours à une taxation accrue, à des vagues de confiscation, à des suspensions de paiement de dettes et à l’inflation au travers de l’impression monétaire. Une chose est certaine : les détenteurs de la dette des gouvernements et des banques en sortiront perdants. Ils ne recevront pas leur monnaie ou recevront de la monnaie dévaluée.


IM: Les économies – que ce soit celle des Etats-Unis, de la Chine ou de la zone Euro – semblent avoir entamé une phase de reprise, et on entend partout que cela signifie que la crise est terminée.


Polleit: Les récentes données indiquent au mieux un progrès économique artificiel et non-viable qui a été généré par la distorsion des taux d’intérêts et une nouvelle vague de création monétaire. Les mal-investissements augmentent à nouveau. Il ne sera qu’une question de temps avant que cette reprise se transforme en une nouvelle récession. La création monétaire en est la cause. Créer toujours plus de monnaie ne résoudra pas nos problèmes, mais les rendra bien pires qu’ils ne sont.

IM: Que pensez-vous que les banques centrales feront dans le futur ?

Polleit: Les banques centrales ont été capturées par les intérêts des banques commerciales et d’investissement. Je pense qu’elles continueront de manipuler les marchés en supprimant les taux d’intérêts et imprimeront plus de nouvelle monnaie pour maintenir à flots des banques et l’industrie financière.

Il est clair que nous avançons vers toujours plus de cycles de type ‘croissance-récession’, des gouvernements toujours plus puissants, moins de liberté, et une distribution de la richesse aux antipodes des forces réelles du marché.

Les banques centrales sont le centre du pouvoir politique. Nous pourrions même dire qu’elles jouent le rôle de ‘Politburo’. Les banques centrales décident qui obtient du crédit et sous quelles conditions. Elles décident quel gouvernement, quelles banques et quelles entreprises survivent et lesquelles font faillite. La vérité est que le système de devises fiduciaires ne sera pas mis à mort par le secteur politique ou un effondrement économique, mais en nous menant vers une impasse socialiste totalitaire. Mais je tente de rester optimiste : j’espère que le système de monnaies fiduciaires s’effondrera avant que nous en arrivions à ça.

IM: Sinon une monnaie fiduciaire, alors quoi ?

Polleit: L’or est le moyen ultime de paiement. Tout le monde devrait en avoir. Sous les conditions actuelles, le prix de l’or devrait être de 1600 à 1800 dollars. Il est également nécessaire de s’assurer un revenu régulier, et en possédant un capital productif, un investisseur peut se protéger en partie de l’interférence des gouvernements. Même les socialistes savent que la nationalisation des moyens de production signifie ‘tuer la vache que l’on voudrait traire’. Ceci dit, les propriétaires de capital productif souffrent d’une forte taxation, et non d’une expropriation directe.

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