Alors que le Premier ministre italien Enrico Letta revenait le 28 septembre de Wall Street, où il avait assuré les « investisseurs » de la « stabilité » de son pays, son gouvernement tombait. Les membres du gouvernement appartenant au PDL (le parti de Berlusconi) ont démissionné, et Letta prévoit un vote de confiance au Parlement le 2 octobre, dans l’espoir de survivre en cooptant quelques « dissidents » du PDL et du M5S de Grillo.
Autre événement passé sous silence dans les médias et qui n’est pas sans rapport avec la crise gouvernmentale, la démission forcée lundi le 30 septembre d’Enrico Tommaso Cucchiani, le Pdg de la plus grosse banque italienne (par le total des actifs) Banco Intesa Sanpaulo. La banque détient pour 114 milliards d’euros d’obligations de l’Etat italien, sans compter d’importants investissements improductifs dans de nombreuses grandes sociétés italiennes, dont Telecom Italia, et dont le Pdg a également démissionné de manière soudaine. Le cours de l’action de Banco Intesa Sanpaolo a plongé de 5,6 % lundi, ouvrant la voie à une nouvelle crise bancaire en Italie et dans toute l’Europe.
Le Fonds monétaire international (FMI) et les autres membres de la Troïka s’agitent déjà pour exiger que le mécanisme de renflouement interne (bail-in) soit « mis en place immédiatement » en Europe, sans attendre les délais précédemment décidés par les ministres des Finances européens.
Quel que soit le résultat de la crise gouvernementale italienne, l’UE a déjà activé des mécanismes pour garantir que les décisions prises soient conformes à l’« état de nécessité » [1] imposé par Bruxelles. Cela signifie, sous le prétexte que l’Europe doit être « l’objectif premier pour l’avenir de tous », éviter à tout prix des élections et maintenir le coup d’Etat qui a commencé avec le gouvernement Monti.
Cette stratégie avait été mise au point lors d’un dîner privé le 20 septembre à Rome, réunissant le président de la BCE Mario Draghi, le Premier ministre Letta, le président Giorgio Napolitano et la présidente de la Chambre des députés Laura Boldrini, au domicile d’Eugenio Scalfari, fondateur de La Repubblica. Tous les participants sont membres de la faction « britannique » en Italie et des disciples dévoués du fondateur du Fédéralisme européen Altiero Spinelli.
Cette faction craint surtout que le fort rejet de l’austérité par la population italienne – que Berlusconi exploite pour tenter de se sauver – puisse se traduire par un fort rejet de l’euro en cas d’élections anticipées.
[1] L’état de nécessité est une notion juridique qui consiste à autoriser une action illégale pour empêcher la réalisation d’un dommage plus grave
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