02 octobre 2013

Déviants : Faux débats sociaux, vrai poison...

L’idéologie de Judith Butler, philosophe féministe et grande théoricienne de la question du genre, s’est implantée au sein de la société française malgré les résistances diverses. L’universitaire américaine se présente aussi, par ailleurs, comme une militante antisioniste. Un rappel de quelques faits marquants est nécessaire pour comprendre l’implantation de la théorie du genre en France et le rôle qu’y a joué la pensée de Judith Butler. Ses positions idéologiques imposent par ailleurs une analyse critique des ses engagements antisionistes, qui peut remettre en question ce qui pourrait apparaître au premier abord comme une absence sincère et positive de tribalisme communautaire.

Judith Butler et la théorie du genre

Positions

Judith Butler est titulaire de la chaire Maxine Elliot au département de rhétorique et de littérature comparée de l’université de Californie à Berkeley et de la chaire Hannah Arendt de philosophie à l’École supérieure européenne de Sass-Fee en Suisse.

Elle est membre de l’American Philosophical Society, a reçu de nombreuses distinctions, dont le prix Fulbright-Hayes, une bourse Guggenheim, des bourses Rockefeller et Ford, le prix commémoratif Brudner de l’université Yale, un Prix d’excellence de la Andrew W. Mellon Foundation et le prix Theodore W. Adorno 2012 de la Ville de Francfort.

L’ouvrage Le Trouble dans le genre de Judith Butler – publié en 1990 mais traduit en français seulement en 2005 – est un livre fondateur pour la théorie du genre, considéré comme une référence par les auteurs de la théorie Queer et par certains mouvements féministes.

Inspirée par la fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « On ne nait pas femme, on le devient » qu’elle a, par la suite, appliqué à toutes les dichotomies (homme/femme, hétérosexuel/homosexuel, père/mère, etc…), pour Butler, la sexualité et le genre ne sont pas définis pour l’éternité, mais représentent seulement le résultat d’une détermination sociale qui range les individus à une place sexuelle prédéfinie. L’idéal, selon elle, serait de se réveiller le matin, de puiser dans son placard le genre de son choix de l’enfiler pour la journée, et le soir, de le remettre à sa place.

Concernant l’homoparentalité, ses positions ne sont donc guère surprenantes puisqu’elle déclare y être favorable en ajoutant, à propos de sa propre expérience de mère : « Lorsqu’il crie “Maman”, s’amuse-t-elle, il sait exactement à quelle maman il s’adresse ! »

L’implantation de cette théorie dans la société française


C’est, entre autres, par l’intermédiaire d’Éric Fassin – sociologue et professeur au département de sciences politiques de l’université Paris VIII et présenté par certains comme le pape de la théorie du genre dans l’Hexagone –, ardent défenseur de la cause homosexuelle, que c’est introduit cette théorie en France. Éric Fassin fait partie de la sélection Young Leaders de 1994. Il est membre du think tank African American Policy Forum (AAPF), qui s’occupe des problèmes du genre et de la diversité. Il a préfacé Le Trouble dans le genre de Judith Butler.

Notons qu’il réfute le terme de « théorie », auquel il préfère le terme « concept », car, selon ses propres mots : « Une théorie peut être approuvée ou bien l’on peut prouver qu’elle est fausse, alors que si c’est un concept, on va montrer que cela sert à comprendre des choses.» Il s’était d’ailleurs félicité de l’introduction par certains éditeurs de cette théorie dans les manuels de biologie dans ces termes :

« Il s’agit des sciences de la nature, et pas seulement humaines : même la nature est enfin dénaturalisée. »

« La critique marxiste visait à dénaturaliser le capitalisme, dont l’idéologie fait apparaître l’ordre économique comme naturel. On prend aujourd’hui conscience que même l’ordre des corps, des sexes et des sexualités n’est pas fondé en nature : c’est l’extension du domaine démocratique aux questions sexuelles. »

C’est d’ailleurs en tant que figure de la théorie du genre qu’Éric Fassin, Catherine Vidal, mais aussi des éditeurs scolaires, avaient été choisis par Louis-Georges Tin (ancien élève de l’École normale supérieure), militant gay et président du CRAN pour « débusquer les stéréotypes de genre dans les manuels ». Il est lui aussi lié a la FAF (French American Foundation) bien que ne faisant pas (encore) partie du programme Young Leaders.

Louis-Georges Tin, un militant gay à la tête d’une association communautaire représentant les Noirs de France.

Le point commun de nos protagonistes du genre est qu’ils ont tous, de par leurs réseaux, un lien avec la Ford Foundation : Judith Butler en ayant reçu des bourses, Éric Fassin et Louis-Georges Tin par l’intermédiaire de la FAF, qui reçoit des financements de cette fondation. Il faut savoir que la Ford Foundation finance depuis longtemps les études de la femme et du genre.

Au niveau universitaire, c’est en 2005 que tout commence. Lors de la traduction en français de Trouble dans le genre, L’ENS organise pour l’occasion un grand colloque. Plus tard, en 2008, s’organisera une série de conférence avec Judith Butler : « La politique au-delà de l’identité : Sexualité, sécularisation et le sujet des mouvements sociaux », puis, en 2009 : « Appréhender une vie : une confrontation avec la reconnaissance ».

Quand à la très progressiste école Sciences-Po, elle propose des modules (en anglais) depuis 2009 du nom de « Gender and Queer Law ». Sous l’impulsion de son ancien directeur, Richard Descoings, l’enseignement du genre est devenu obligatoire au sein de l’établissement depuis 2011. Ajoutons que depuis 2010, l’établissement organise annuellement des « Queer Weeks », qui consistent à organiser conférences, ateliers, happening dans le but de dépasser la société « hétérosexiste ».

C’est en octobre 2011, soit un mois après que Luc Chatel a introduit cette théorie au sein de l’Éducation nationale, que Judith Butler a été nommée docteur honoris causa par l’université de Bordeaux.

Depuis, la théorie du genre continue son petit chemin, comma a pu l’illustrer, le 7 septembre 2012, la visite officielle de la crèche Bourdarias, à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) par Najat Vallaud-Belkacem, ministre du Droit des femmes, et Dominique Bertinotti, ministre délégué chargé de la Famille. Cet établissement ne fait pas la différence entre filles et garçons, au nom du prétendu combat contre les « clichés». Notons aussi au passage la disparition depuis peu des termes « père » et « mère » remplacés par celui de parent, ainsi que la récente proposition de renommer « l’école maternelle » par « petite école » ou bien « première école »...

 
Le Renouveau français réagissant à la venue de Judith Butler à Bordeaux

La question israélo-palestinienne

Judith Butler s’intéresse aussi aux problèmes israélo-palestiniens. Elle est notamment membre de l’organisation Jewish Voice for Peace et a d’ailleurs récemment écrit un livre sur le sujet : Parting Ways : Jewishness and the Critique of Zionism. Elle a aussi participé au mouvement Occupy Wall Street et est membre du comité de parrainage du tribunal Russel sur la Palestine. Comme souvent parmi les juifs antisionistes, c’est « en tant que juive » qu’elle aborde ce sujet délicat.

Sionisme et judaïsme

Dans son dernier livre, Judith Butler nous explique que le sionisme en général et la violence et le racisme israélien en particulier sont profondément non-juifs, que le sionisme ne serait en fait qu’une dérive du judaïsme. Elle veut faire valoir que ce sont les « valeurs juives de cohabitation avec les non-juifs qui font partie de la substance éthique même du judaïsme diasporique ».

Il est étonnant de constater que bien qu’elle rejoigne un certain nombre d’intellectuels juifs contemporains, qui refusent d’accepter l’idée que leur relation avec Israël puisse déterminer leur judéité et que la critique d’Israël puisse faire d’eux des juifs ayant la haine d’eux même – ou, pire, des antisémites –, elle a pourtant participé, par l’intermédiaire du BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions), au désaveu de l’écrivain britannique, anciennement israélien, Gilad Atzmon.

Judith Butler et les dessous discutables du BDS

Bien que ne faisant pas officiellement parti du BDS, Judith Butler est proche de l’association, notamment de son leader, Omar Barghouti. Voici d’ailleurs ce qu’elle déclare à propos de son engagement :

« Je soutiens d’une manière très spécifique le mouvement de boycott, de désinvestissement et de sanctions... J’en rejette certaines versions et en accepte d’autres. […] Je m’oppose aux investissements dans des entreprises qui fabriquent des équipements militaires dans le seul but de démolir des maisons. Cela signifie aussi que je ne donne pas de conférences dans des institutions israéliennes à moins qu’elles ne prennent une position ferme contre l’occupation. Je n’accepte aucune des factions ou versions du BDS qui discriminent les individus sur la base de leur citoyenneté nationale, et j’entretiens de solides relations de collaboration avec de nombreux intellectuels Israéliens. L’une des raisons pour laquelle je soutiens le BDS et ne cautionne pas le Hamas et le Hezbollah, est que le BDS est le plus grand mouvement civique politique non-violent, visant à établir l’égalité et les droits à l’autodétermination pour les Palestiniens. »

Judith Butler et Omar Barghouti lors d’une conférence au Brooklyn College sur le BDS

Il faut savoir que le BDS est en fait un regroupement de 170 associations palestiniennes et qu’il a récemment changé un point important du statut de l’association, mais seulement dans sa version anglaise, laissant probablement les Palestiniens dans l’ignorance quant aux vraies nouvelles motivations du mouvement. En effet, les anciens statuts demandaient qu’Israël arrête l’occupation et la colonisation de toutes les terres arabes, alors que le nouveau statut demande l’arrêt de l’occupation et de la colonisation de toutes les terres arabes depuis 1967, reconnaissant par la même la légitimité de l’État hébreux dans ses frontières de 1967. Cela va bien plus loin qu’une simple ligne sur un statut car, comme nous l’explique Gilad Atzmon, c’est le droit de retour de tous les expulsés depuis 1948 qui est remis en cause, ce qui revient à capituler devant la suprématie raciale juive.

Le BDS est aussi partisan de la censure envers tous les antisionistes dont le discours déborde du cadre imposé par lui. Tout cela est-il dû au fait que ce mouvement est en partie financé par l’Open Society de George Soros ?

Comment explique t-on que le principal mouvement de solidarité regroupant 170 associations palestiniennes soit en partie financé par un juif sioniste libéral, encadré par une juive antisioniste américaine essayant, comme nous le verrons plus loin, d’imposer ses propres symptômes dans ce discours, et dirigé par Omar Bargouthi, qu’on nous présente comme Palestinien mais qui est en réalité né au Qatar, a grandi en Égypte, fait ses études à la Columbia University de New York et prépare aujourd’hui un master en philosophie à l’université de Tel Aviv alors même que, de son propre avis, cette université doit être boycottée ?

La solidarité palestinienne et la théorie queer

Depuis peu, et contre sa propre volonté, Omar Barghouti s’est vu petit à petit imposer au sein du BDS le Palestinian Queer for BDS. Ces mouvements mis en avant par Sarah Schulman – qui se définit comme une homosexuelle cosmopolite et ardente défenseur du BDS – ont pour fonction de promouvoir le droit des homosexuels en Palestine. Selon ses propres mots, ces mouvements sont eux aussi financés par le milliardaire Soros dans le but de promouvoir les droits des homosexuels dans le monde arabe. Tout comme Judith Butler, elle appartient au conseil consultatif de Jewish Voice For Peace Nous comprenons donc ici ce qu’a apporté Judith Butler au BDS, étant donné que Sarah Schulman se réclame de cette dernière, dont elle partage les positions sur la théorie du genre et le mouvement LGBT, notamment dans leur critique de l’homonationalisme. La rencontre s’est faite de la manière suivante :

« En 2009, j’ai publié un livre sur l’homophobie dans la famille, et j’ai reçu une invitation de l’université de Tel Aviv pour donner le discours d’ouverture de la conférence sur les études gays et lesbiennes. Et je voulais vraiment y aller… Et ma collègue de travail, qui est une juive turque, je lui ai dit : “Oh, je vais à l’Université de Tel-Aviv”, et elle m’a répondu : “Oh, non, tu ne peux pas y aller. Il y a un boycott”, et je lui ai dit : “Quel boycott ? Jamais entendu parler de boycott.” Alors elle m’a dit : “Eh bien, tu devrais te renseigner”, j’ai donc envoyé un e-mail à deux personnes : Naomi Klein et Judith Butler. Naomi Klein ne m’a jamais répondu et Judith Butler m’a rappelée quatre heures plus tard, et m’a mise en contact avec tous ces gens formidables en Israël. Des universitaires juifs homosexuels… »

« L’apartheid israélien est un problème queer » :
Sarah Schulman et sa vision de la question israélo-palestinienne…

Nous pouvons donc remarquer que, non content d’avoir satisfait leurs financiers quant aux statuts du mouvement, les « universitaires homosexuels » vont aussi bien plus loin en essayant d’importer au sein du mouvement des idéologies occidentales telles que le féminisme et le LGBT.

On constate aussi que l’intrusion dans les problématiques sociales, économiques et politiques de faux débats sociétaux, via des associations pilotées et financées par des organisations mondialistes, n’est pas propre aux questions internes à l’Europe. Le phénomène affecte aussi la question brulante et difficile du Proche-Orient. Sans aucun doute, ceci se fait au détriment de l’unité du mouvement pro-palestinien et de certaines inspirations israéliennes authentiquement pacifistes.
 
 
Paul : agent de l'Ordre Nouveau, dénaturation de la société...
 

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