07 janvier 2013

Interview Rupert Sheldrake : La nature consciente

Dans cet entretien, Rupert Sheldrake revient sur les origines de la séparation entre l’être humain et la nature, et propose une autre conception, fondée sur l’existence de champs qui nous relient à elle.

Sommes-nous conscients de la distance que nous avons mise entre nous et la nature ?
Je pense que beaucoup de gens n’en sont pas conscients. Durant la semaine, la plupart ont une attitude mécaniste envers la nature, en accord avec la science matérialiste. Mais le week-end, ils basculent sur un autre mode. C’est pourquoi les routes menant hors des grandes villes occidentales sont saturées le vendredi soir : les gens tentent de rejoindre la nature – en voiture. Cette attitude duelle est devenue patente au début du XIXe siècle, lorsque la pensée mécaniste a commencé à dominer dans les milieux intellectuels. Les romantiques se sont rebellés en voulant revenir au contact du monde naturel. Mais c’est le revers de la même médaille. En Europe, nous héritons de ces deux traditions et nous habitons tantôt l’une, tantôt l’autre, durant la semaine le monde mécaniste, pendant le week-end et les vacances, la connexion romantique avec la nature.

Quelle est l’origine de nos théories sur la nature ?
Le penseur le plus influent de la vision mécaniste de la nature a été René Descartes. Dans le dualisme cartésien, la matière est inconsciente et l’esprit est conscient. Seuls les humains, les anges et Dieu sont des êtres spirituels. Le corps humain, les animaux, les plantes et tout le reste de la nature sont faits de matière inanimée. Descartes a créé cette séparation entre le corps et l’esprit, l’être humain et les autres animaux qui sont juste des machines, ce qui signifie que nous pouvons avoir des élevages en batterie ou pratiquer la vivisection.

N’est-ce pas paradoxal que tout en ayant généralement cessé de nous considérer comme des créatures divines, nous ayons un sentiment aigu de supériorité sur la nature ?
Jusqu’au XIXe siècle, presque toute la science était dualiste. La plupart des scientifiques étaient juifs ou chrétiens et cela ne leur posait pas de problème, car le règne spirituel était séparé du règne matériel. Avec l’avènement de la philosophie et de la science matérialiste, le dualisme cartésien s’est réduit à une chose : la matière. Ce matérialisme hérite de Descartes l’idée que l’homme est supérieur au reste de la nature. Dans cette vision, ce sont la raison, la science et la technologie qui rendent les êtres humains supérieurs...

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1 commentaire:

  1. "...et propose une autre conception, fondée sur l’existence de champs qui nous relient à elle."
    "...et cela ne leur posait pas de problème, car le règne spirituel était séparé du règne matériel. Avec l’avènement de la philosophie et de la science matérialiste, le dualisme cartésien s’est réduit à une chose : la matière."
    Nous avons en effet deux aspects opposés : dans la science matérialiste, dominante encore de nos jours, il n'y a que la matière qui est le "réel"
    Et pourtant, cette science "moderniste" doit bien admettre que la matière est aussi "vivante" (biologie, génie génétique etc) et qu'il existe aussi des champs ou des forces non matériels : des rayons cosmiques, rayons X, rayons Gamma (radioactivité) aux ondes radio, lumière; micro-ondes; ondes acoustiques...

    Si on reprend alors la 1° citation, nous avons une "autre conception", fondée sur l'existence de "champs" qui nous relient entre nous et aussi à la nature, au monde matériel.

    Les "champs" sont des "forces" ayant des effets mesurables et matériels. On connaît les champs magnétiques, électro-magnétiques, gravitationnels, champs nucléaire atomique fort et faible etc. La matière elle même; à son niveau le plus élémentaires, n'est plus faite de particules ayant une masse, comme électrons, protons et neutrons, mais de "quarks".
    La séparation entre matière et énergies, ou champs d'énergies, disparaît quand on descend au fond u microcosme, et sans doute aussi quand au contraire au remonte aux sommets du macrocosme, avec les "trous noirs" et "trous blancs" qui sont des transmutations de la matière en énergie et inversement.

    La création matérielle est en réalité interconnectée et unifiée, par des champs d'énergie omniprésents sous différentes formes.

    L'homme est ainsi relié au cosmos et plus basiquement, à ce que nous appelons "Nature".

    La séparation que nous croyons percevoir, entre matière et énergie, entre spirituel et corporel, entre individus, entre humains et la nature qui les entoure, est une grande illusion.

    Le principe créateur est en tout et partout, nous sommes en lui comme il est en nous, en chacune des particules les plus élémentaires des atomes de notre corps, mais aussi dans nos champs d'énergie qui nous rendent "conscience" et "être vivant".

    La photo choisie par Paulot est assez parlante.

    L'ami Pierrot

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