Visiblement, le « coup de poker » des marchés
n’a pas suffit à faire peur à tous les citoyens, car les élections
approchent dans de nombreux pays, et les résultats sont encore
incertains. Face au dangers que représentent pour les banques la menace
d’élections libres et contestataires, les dirigeants européens passent
donc à l’étape suivante en menaçant désormais clairement de se passer
des pays qui refuseraient le fameux « pacte de stabilité », c’est-à-dire
tous ceux qui seraient tentés de faire passer l’extrême gauche au
pouvoir dans leur pays.
En proposant explicitement la mise en place d’une Europe
« fédérale » aux peuples européens, la chancelière allemande exprime
désormais clairement son impatience, et laisse entendre qu’elle laissera
tomber tous ceux qui auront refusé de se soumettre à son autorité. Cet empire européen
serait donc soumis aux marchés et sa politique économique dirigée vers
un seul objectif, le retour de la compétitivité. Sauf que cette dernière
exigera de la part des peuples de si grands sacrifices que leurs
conditions de vie se détérioreront considérablement car, faut-il le
rappeler, nos « concurrents » sont tous moins bien traités que nous…
Ce qui se cache derrière ce discours ferme et menaçant, c’est
pourtant bien le constat d’un échec, celui de la propagande menée en
Europe pour faire accepter aux peuples l’austérité généralisée.
L’Allemagne prend peur, et les marchés aussi. Désormais incertains de
faire valider par les urnes le « coup d’Etat »
qu’ils préparent de longue date, ils utilisent un discours alarmiste
qui consiste à faire croire que l’Europe est au bord de l’éclatement, et
qu’il suffirait qu’un ou plusieurs pays refusent d’appliquer les
consignes pour que tout explose. Pour eux, il n’est plus temps
d’attendre la bonne volonté des Grecs, ou celle des Espagnols ou des
Français pour avancer, car à force de tergiversations c’est jusqu’à
l’Allemagne elle-même qui sera touchée ; si les banques ne font pas
toutes faillite avant.
Mais si l’Europe n’est plus représentée que par l’Allemagne, la
France, L’italie ou l’Espagne, à quoi ressemblera-t-elle alors ? Cette
histoire ne tient pas debout, tout cela est parfaitement ridicule, car
en réalité la destruction de l’Europe est impossible : que pèseraient
alors tous les pays qui la composent s’ils se retrouvaient seuls ?
Non, l’Europe n’explosera pas. C’est la gouvernance actuelle qui
explosera, et c’est sans doute ça la plus grande peur des dirigeants
européens. Ce n’est donc ni la sortie de la Grèce de l’Euro ni même
cette destruction -à laquelle ils ne peuvent pas croire- mais bien
l’arrivée au pouvoir de groupes politiques qui refusent à la fois de
payer et de sortir de l’Europe qui les effraie. D’où cette sortie
désespérée de madame Merkel, qui craint de voir la tête de son empire
(et peut-être aussi de son pays) lui échapper.
Mais le véritable enjeu de cette bataille, pour les peuples, c’est tout simplement de savoir qui va payer :
les riches ou les pauvres ? Les banques ont trop prêté, les
gouvernements corrompus ont maquillé les chiffres et favorisé les
riches, mais plutôt que de s’asseoir sur les milliards qu’elles ont volé
aux peuples, elles préfèrent encore risquer de saborder l’Europe.
Tandis que les dirigeants politiques qui les ont si bien servi en
échange de leur poste, se voient menacés par des mouvements capables de
les mettre tous ou dehors, ou en prison : comment ne pas voir que le
chaos dont ils nous menacent est un bluff destiné à faire payer, une
fois de plus, les pauvres ?
Maintenant, pourquoi personne ne dit que l’Europe ne s’effondrera
pas ? Parce que cela serait un signal implicite envoyé à tous les
peuples d’Europe pour qu’ils refusent de payer. Cette histoire d’Europe à
deux vitesses (qui existe déjà) fait partie de l’enfumage propagé à
quelques jours d’échéances électorales, comme l’exigence de la BCE
envers l’Espagne sommée de demander l’aide pour ses banques en urgence
(alors que les marchés n’ont pas chuté depuis). En réalité ces
communications sont destinées à apeurer la population, pour les inciter à
voter « utile » aux élections qui approchent.
La seule chose que nous ayons vraiment à craindre, c’est justement
que les partis qui dominent aujourd’hui le pouvoir politique en Europe
soient de nouveau réélus, car alors ils appliqueront tous les mesures
désirées par les marchés. Tout en s’évertuant à ne plus rendre
possibles, à l’avenir, de telles incertitudes quant aux résultats des
élections ; un coup à nous les supprimer définitivement.
Mais de quelle Europe voulons-nous, de quel monde rêvons-nous ? Ne
voyez-vous pas en Russie ou au Québec les Lois réprimant le droit de
manifestation, ne voyez-vous pas les fichiers qui atteignent désormais
tous les citoyens, ne voyez-vous pas la misère qui grandit en même temps
que la peur et la haine ?
Et surtout ne voyez-vous pas que nous n’avons rien à craindre, que
ce sont « eux » qui ont peur, et qu’il ne faudrait qu’un petit rien pour
que les riches, ceux qui malgré la crise ont vu leur situation
s’améliorer, soient contraints par le peuple à renoncer aux sacrifices
qu’ils veulent lui faire subir, tout en subissant eux-mêmes les
conséquences de leurs erreurs ?
Le monde ne s’écroulera pas si quelques banques s’effondrent, et
même si toutes les banques s’effondrent. La valeur d’un pays ne se
mesure pas à la somme qu’il possède mais au peuple qui le compose. Cela
peut faire peur un monde d’où les banques auraient disparu. Mais cela
arrivera-t-il ?
Non bien sûr, pas tout de suite en tous les cas… C’est pourquoi si
les peuples ne paient pas, les banques seront bien obligées de payer…
Nous sommes dans un système capitaliste, non ? Et puis un Etat, ça ne
peut pas faire faillite ; tandis qu’une banque oui ! Laissons-les se
dépatouiller avec ça. Nous le peuple, élisons des gouvernants pour
qu’ils respectent notre volonté : nous ne voulons pas payer, nous ne
voulons pas sortir de l’Europe, et nous voulons vivre décemment. Qu’ils
se débrouillent ensuite pour trouver des solutions, nous les payons
assez cher pour cela !
PS : Et pour la gouvernance européenne, madame Merkel attendra…
Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr
http://calebirri.unblog.fr
Très bonne analyse!
RépondreSupprimerC'est vrai que Hollande est sur le fil du rasoir. Il risque fort de ne pas avoir, comme naguère "Sarkopathe de Nagy Bocsa", un parlement "godillot" pour faire passer en force les "réformes" en faveur des privilégiés et de l'Europe des lobbies.
RépondreSupprimerDonc le valet à la tête de la "zone France" pourrait bien ne plus être qu'un guignol sans autorité...ce qui au fond va bien avec son personnage pas très consistant.
Ceci dit, ce n'est pas aux peuples de craindre la faillite, mais bien aux banques et surtout, les "familles" des banksters (Rothschild, Rockefeller, Morgan, Soros, Buffett etc).
On voit bien que c'est Obama et Geithner qui mettent la pression pour "l'union financière" Européenne, c'est à dire le sauvetage du système. Pourtant la méga crise du capitalisme est arrivé à cause d'eux : la crise des "Subprimes" et la faillite de Lehman Brothers, avec à l'époque déjà, Geithner refusant de sauver Lehman. Les mêmes criminels que maintenant.
C'est bien le NWO des banquiers anglo-saxons qui est derrière tout ça, et rappelons aussi le rôle de Goldman Sachs dans le truquage des comptes de la Grèce pour entrer dans l'Euro.
Cet extrait est très bien vu :
"Non, l’Europe n’explosera pas. C’est la gouvernance actuelle qui explosera, et c’est sans doute ça la plus grande peur des dirigeants européens. Ce n’est donc ni la sortie de la Grèce de l’Euro ni même cette destruction -à laquelle ils ne peuvent pas croire- mais bien l’arrivée au pouvoir de groupes politiques qui refusent à la fois de payer et de sortir de l’Europe qui les effraie."
En Grèce, c'est Syrisa, la Gauche populaire qui risque fort d'être en position de force.
L'ami Pierrot
Pour moi
RépondreSupprimerce texte est encore un moyen déguisé
pour faire gentiment rentrer dans les cases
alors que tout le monde veut en sortir .
d'accord avec vous aDn
Supprimertranda