On les trouve à l'entrée des hôpitaux, sur le parvis des mairies, à
proximité des églises ou dans des rues très fréquentées. De loin, elles
ressemblent à de larges coffre-forts vitrés, souvent peints en jaune
vif. A l'intérieur, un lit autochauffant, une caméra, et un signal
d'alarme relié au centre de soins le plus proche. Sur la porte, un mode
d'emploi rudimentaire indique comment ouvrir le coffre, y déposer son
bébé, puis le refermer.
Au Moyen-Age, on les appelait les "tours d'abandon". Aujourd'hui, les "boîtes à bébé". Destinées aux parents en détresse qui veulent abandonner leur nouveau-né dans l'anonymat absolu, ces boîtes se multiplient en Europe, à tel point que les Nations unies tirent la sonnette d'alarme.
ONZE PAYS EUROPÉENS CONCERNÉS
Le système avait pourtant disparu depuis plus d'un siècle en Europe. Mais la médiatisation de faits divers glaçants, comme l'abandon de nouveaux-nés dans des poubelles, a remis au goût du jour cette pratique qui semblait d'un autre temps. L’Allemagne a été la première à réintroduire le mécanisme en avril 2000. Depuis, dix autres pays européens l'ont adopté, comme l'Italie, la Suisse ou encore la Pologne. Aujourd'hui, plusieurs centaines de "boîtes à bébé" sont installées sur le Vieux continent.
Le fonctionnement est simple. Dans la plupart des pays qui utilisent ce système, le parent qui abandonne anonymement son enfant dans une de ces "boîtes" a huit semaines pour revenir sur sa décision. Les services hospitaliers vérifient son identité grâce aux empreintes digitales prélevées sur le nouveau-né au moment où il est récupéré. Passé ce délai, une procédure d'adoption classique est enclenchée, tandis que l'Etat devient légalement responsable de l'enfant.
VIOLATION DU DROIT D'UN ENFANT DE CONNAÎTRE SES PARENTS
S'il semble progressivement être entré dans les mœurs, un tel système n'en est pas moins controversé, tant au point de vue éthique que légal. Les défenseurs de cette pratique sont souvent les mêmes qui militent contre l'avortement. Différents groupes religieux ou partis politiques de droite affirment ainsi que le dispositif "protège le droit d'un enfant à la vie" et sauve "des centaines de nourrissons". Depuis 2000, près de 400 enfants auraient été ainsi abandonnés.
Mais les Nations unies ont exprimé à plusieurs reprises leur inquiétude grandissante sur le système, car il viole le droit fondamental d'un enfant de connaître ses parents. Le comité chargé de contrôler l'application de la Convention internationale des droits de l'enfant estime en effet que ces "boîtes à bébés" vont "à l'encontre du droit de l'enfant à ce que son ou ses parents le connaissent et s'occupent de lui".
La Convention relative aux droits de l'enfant précise en effet que tout enfant a "dans la mesure du possible, le droit de connaître ses parents et d'être élevé par eux". En outre, elle stipule que "si un enfant est illégalement privé des éléments constitutifs de son identité ou de certains d'entre eux, les Etats parties doivent lui accorder une assistance et une protection appropriées, pour que son identité soit rétablie aussi rapidement que possible". Or les bébés récupérés grâce à ces "boîtes" ne peuvent avoir accès, une fois adultes, à l'identité de leurs parents.
Dans les faits, le système soulève également de nombreuses interrogations. Un chercheur de l'université de Nottingham, Kevin Browne, a étudié pendant deux ans le phénomène. Cité par Le Guardian, il affirme que "ce sont fréquemment des hommes ou des proches qui abandonnent l'enfant, ce qui pose des questions sur la situation de la mère, et sur son consentement à cet abandon". Le caractère anonyme de l'abandon empêche également le déclenchement de tout accompagnement du parent, et annihile toute "chance pour l'enfant d'être élevé par d'autres membres de sa famille".
LÉGISLATIONS DIVERSES
Dans la plupart des pays européens qui les ont mises en place, les "boîtes à bébé" viennent pallier une absence ou un flou de la législation sur le droit d'abandonner un enfant, voire sur le droit à l'avortement. Presque toujours illégal, l'abandon d'enfant n'en est pas moins une réalité avec laquelle les Etats doivent composer.
En France, la question ne se pose pas. Une femme a en effet le droit "d'accoucher sous X", ce qui lui permet d'abandonner son bébé juste après l'accouchement. L'enfant ainsi né, lorsqu'il atteint "l'âge de discernement" et avec "l'accord de ses représentants légaux", peut avoir accès aux informations laissées par ses parents à la naissance. Mais le système ne fait pas non plus l'unanimité, et nombreux sont ceux qui réclament sa suppression.
Quelle horreur, ces boîtes à bébés !
RépondreSupprimerLe problème est complexe, il est vrai. Je ne pense pas que j'aurais pu abandonner un enfant, mais peut-être que je ne comprends pas, parce que je n'ai jamais été dans cette situation extrême qui fait que l'on n'a vraiment pas les moyens matériels de nourrir son bébé : cette situation d'ailleurs me choque, à notre époque où nous sommes soi-disant "civilisés".
Il est vrai que la détresse n'est pas toujours matérielle, et que parfois certaines personnes ne veulent pas 's'encombrer' d'un nouveau-né, ou n'ont pas les capacités mentales de s'en occuper. Il vaut mieux effectivement dans ce cas que le bébé soit élevé par des gens qui désirent un enfant, et qui lui offriront l'amour et la sécurité matérielle dont celui-ci a besoin jusqu'à son âge adulte, plutôt que de le découvrir mort dans une poubelle.
Quant au fait qu'il connaisse ses origines, personnellement je suis pour. Je connais deux personnes qui ne savent pas qui est leur père, et je sais combien ça les perturbe. Peut-être vaut-il mieux de savoir d'où l'on vient, quite à avoir la douleur sentimentale de savoir que l'on est rejeté, plutôt que d'être toute sa vie dans l'interrogation.
Mais là encore, je n'ai pas la science infuse...
Même réflexe ,
RépondreSupprimerquelle HORREUR !!! mais à dessein !
Pour les raisons que vous connaissez déjà
les forces sombres feront TOUT
pour que les HUMAINS s'entre déchirent .
Tantôt elles les envoient à la guerre
pour régler leur compte de manière expéditive ,
tantôt elles les font souffrir à petit feu
sous l'oeil insolent de la "FATALITE" .
La souffrance de l' Humanité plus que toute autre forme de vie (parce que dotée de "conscience")
est une "exellente nourriture " pour les prédateurs .
Le problème n'est pas complexe on ne jette pas un enfant dans une boîte derrière un mur sans savoir s'il y aura quelqu'un pour le récupérer derrière ou s'il crèvera comme un animal de déshydratation au bout de plusieurs semaines. C'est pareil que de jeter une nouveau né dans une poubelle. C'est écoeurant que des mères puissent faire une comme ça.
RépondreSupprimerLe problème est pire que ça. Laisser un enfant seul dans ce monde est un crime. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe dans pas mal d'orphelinats... Une mère qui laisse son enfant comme ça l'expose potentiellement à des expériences atroces, s'il est récupéré par les mauvaises personnes, comme ça arrive de plus en plus souvent.
SupprimerJe souligne au passage que seule la mère est responsable ?
SupprimerJe trouve cela un peu "facile".
Ces femmes-là ont donc fait un enfant toutes seules ?
Vous allez me dire que l'avortement existe... Bien sûr ! Mais regardez donc autour de vous. Ne détournez pas les yeux de la détresse de certaines personnes.
Oui, il existe des gens pour qui les enfants ne sont rien d'autre que des objets encombrants, ou bien qui sont une bonne façon de toucher de l'argent (allocs). Mais si il est possible d'accoucher sous x en France, ce n'est peut-être pas le cas dans tous les pays...
Je connais des pères de famille, mariés, ayant un boulot, qui s'en fichent éperdument de leurs rejetons. Heureusement que leur maman est là. Et l'inverse se produit aussi sans doute, peut-être moins couramment.
Une personne que je connais bien visite les familles socialement défavorisées. Elle a vu des enfants qui mangeaient à même des boîtes de conserve (froid)en région parisienne... dans la même famille, un bébé de trois ans qui ne quittait jamais son lit depuis sa naissance... Il ne parlait pas.
Il y a des enfants malheureux au sein de leurs propres familles. Même s'ils ne sont pas morts de faim.
Bien sûr qu'il y a les assistantes sociales ! Mais elles ne peuvent pas tout ! Elles ne voient pas toujours tout.
Et à l'étranger, comment ça se passe tout ça ?
Je maintiens, pardonnez-moi : le problème est complexe. Vos réflexions sont un peu simplistes.
(bon ! voilà que je me mettrais presque en colère... Je me calme, promis.)
J'ai une admiration sans borne pour les femmes, pour le poids qui pèse sur leur épaules. Si les hommes n'avaient que 10% de leur courage !
SupprimerBeaucoup ne savent que palabrer et inférioriser ce qui devrait être un modèle pour eux.
J'ai toujours été et je suis entouré de femmes extraordinaires.
(Je suis l'anon @ 13 juin 2012 14:16)Haha Elba, j'ai hésité à taper un autre paragraphe pour anticiper tout ce que vous avez répondu, j'aurais du le faire visiblement ^^ Non ma vision n'est pas simpliste, évidemment c'est un problème délicat, et non, une femme ne fait pas un enfant seule. Évidemment que la plupart du temps elles tentent d'éviter à leur enfant un avenir sombre.
SupprimerSeulement, il est des cas où les enfants auraient sans doute préféré une vie dans des conditions difficiles, mais avec leur mère, que ce qui leur est arrivé... c'est juste ça que je voulais dire.
Devrions nous passer des lois extrêmes pour responsabiliser les parents ?
RépondreSupprimerMettre au monde une vie sans jamais se soucier de son devenir !
La pierre est jetée .
Atroce ,il y a t'il encore des solutions pour éveiller les consciences ?Que faut il de plus ?Mettre a mort les vieillards ?
Malgrés un menace de guerre mondial est le problème de Fukujima loin d'être résolu ,la masse des "moutruches" ne semble pas vouloir s'organiser et préfère ne se soucier que de soi .Laisser les problèmes derrière soi sans jamais les affronter .Se maintenir dans une société décadente et rejeter son enfant ,voilà des choix salvateur !
Tenir compte des autres est absurde lorsque la tête est planté dans le sol ,aucun horizon en vue .
J'essaie parfois de parler de ce qui se passe dans d'autre pays a mes frères qui souhaitent acheter une maison et avoir un bébé mais je me retrouve confronté a de l'incrédulité et me fait passer pour un méchant jaloux .
Irresponsable de vouloir un enfant maintenant en occultant la réalité européenne actuelle ! Comme contracter un crédit pendant la crise de la dette ! Aucun renseignement n'est prit de leur part et préfère croire des discours rassurant .Comme convenu ,beaucoup rejette les propos prêtant a la réflexion et s'approprie des idées étrangères .
Tenter de préserver une joie de vivre devient délicat avec ces nouvelles suicidaire .De pire en pire ,un rouleau compresseur pour avenir ...
Je pense que ,malgré mon optimisme de forcené ,le choc est pour bientôt .
Mathieu
L'accouchement sous X semble une des moins mauvaises solutions. Il est déplorable qu'il soit si peu connu - cela éviterait tant d'avortements, une souffrance aussi pour la mère, et cela donnerait sans doute beaucoup plus d'enfants adoptables pour des parents qui veulent en adopter, et qui se fournissent dans les pays pauvres...-
RépondreSupprimerCeci dit, comme l'indique Elba il est difficile de généraliser, il y a de situations individuelles dramatiques et avoir un jugement tout prêt est en réalité impossible. Ce qui importe c'est d'une part le mieux pour l'enfant, d'autre part de prendre en compte les difficultés des femmes, supérieures en général à celles de hommes - femmes seules, battues, violées, abandonnées, avec des enfants à charge...Un dispositif d'écoute serait si important, et cela manque si cruellement ! c'est ça, l'empathie et la compassion.
Les lois sur l'adoption devraient aussi être assouplies, autrefois les adoptions se faisaient simplement, de "gré à gré" : dans les familles les enfants "en trop" étaient donnés tout simplement à de la famille éloignée, voire à des voisins en mal d'enfant, et ce n'était pas (forcément) une mauvaise solution. Il y avait certainement des abus mais la législation est devenue trop restrictive à l'inverse et cela encourage les trafics, les mères porteuses etc.
Les femmes riches par exemple, jusqu'au 19° siècle abandonnaient souvent plus ou moins leurs enfants à des "nourrices", mais ces enfants étaient aimés par ces "mères" qui les soignaient avec leurs propres enfants.
Enfin, les dispositions sur la connaissance des parents biologiques devraient certainement être assouplies et revues, il me semble que l'intérêt de l'enfant prime là encore, et à sa majorité, voire à un âge suffisant (peut-être dès 16 ans ?) il devrait avoir la possibilité de chercher et de connaître ses véritables parents sans obstacles légaux. Le SECRET est en général une mauvaise chose.
L'ami Pierrot