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09 avril 2012

Maroc : la disette


La conjoncture est difficile et l’heure est au rassemblement. Le gel, la sécheresse… les agriculteurs sont confrontés durement depuis plusieurs semaines aux aléas climatiques. Et aucune région au Maroc n’est malheureusement épargnée.
Pour discuter et débattre des freins au développement du secteur, les conseillers de toutes les chambres d’agriculture du Royaume se sont réunis vendredi dernier à Agadir. “Nous passons par des moments critiques. Il est donc important que nous nous réunissions pour trouver ensemble des solutions’’, souligne Ali Kayouh, président de la Chambre d’agriculture du Souss-Massa-Draâ. La région, première zone d’exportation de primeurs, considérée également comme le verger du Royaume, est particulièrement concernée et touchée. Les cultures plein champ ont été saccagées par le froid et les éleveurs souffrent de la sécheresse. Le couvert végétal nécessaire pour l’alimentation du bétail est bien rare. Ainsi, les dernières mesures mises en œuvre par le gouvernement pour la sauvegarde du cheptel ont bien sûr été abordées. De l’avis de certains agriculteurs, ces dotations en orge et en aliments composés pour le bétail sont insuffisantes pour sauvegarder le bétail. Mais faut-il toujours attendre une aide de l’Etat dans un pays marqué par des sécheresses récurrentes? Pour Dr Mohamed Ourais, vice-président de la Chambre d’agriculture de Souss-Massa-Draâ en charge de la province de Tiznit, il est nécessaire que les agriculteurs et particulièrement les éleveurs initient des réserves chaque année pour faire face aux années de disette. Faut-il aussi se préparer à l’échéance 2013 et à la mise en place de l’impôt au niveau du secteur agricole? Les agriculteurs militent sur ce plan pour un report jusqu’en 2020.
“Les résultats du plan Maroc Vert sont escomptés à l’échéance 2020. Le secteur ne peut donc être assujetti avant. D’ailleurs, 90% des agriculteurs en raison de leur activité à petite échelle ne peuvent supporter l’impôt’’, souligne Ali Kayouh. Il faut souligner par ailleurs que si les agriculteurs sont exonérés de l’impôt, ils se plaignent vraiment des lourdes charges fiscales qu’ils paient indirectement sur leur activité. A l’échéance 2020, la profession devrait être inéluctablement structurée et représentée réellement au sein des chambres d’agriculture. C’est là que se pose la question des critères d’éligibilité. De fait, il est indispensable de séparer les chambres d’agriculture du domaine de la politique pour qu’elles soient véritablement représentatives du secteur. Mais les élus, qui utilisent souvent ces entités comme tremplin pour accéder au Parlement, y consentiront-ils?


Malika ALAMI

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