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25 mars 2012

Et le plaisir, bordel ?


A près de 60 ans, j'ai toujours mangé au hasard des rencontres. Né dans une ferme, j'ai mangé des œufs, de la viande, du poisson, des laitages, des légumes et des fruits qu'on qualifierait aujourd'hui d'extraordinaires.

Les bovins qu'engraissaient mes ancêtres étaient bio sans le savoir, comme M. Jourdain faisait de la prose. Mon grand-oncle, pour les concours précédant Pâques, ajoutait à la ration de ses animaux des oeufs battus à la gnôle de prune, trois semaines durant, ce qui rappelle les boeufs de Kobé.

Mon père collectionnait les anciennes souches d'arbres fruitiers, et classait ses récoltes de fruits afin d'en manger d'octobre à mars. L'ère des Golden et autres betteraves insipides a contribué à le tuer.

Chez nous, les laitières - de grosses et placides Montbéliardes, qui ne mangeaient, comme dix mille ans plus tôt, que de l'herbe fraîche, sans pétrole en poudre - donnaient un lait crémeux dont, à quatre ou cinq ans, je buvais des litres, non pasteurisé, cru, juste écrémé, la crème servant à napper les desserts.

Ce lait était si proche de l'herbe nourricière qu'en mai, mois de Maïa, de Marie, du triomphe de la nature, le beurre était presque vert.

Qui pourrait aujourd'hui imaginer cela ?

Les pommes et les poires de mon père avaient des défauts, des taches. Qui m'en rendra la perfection du goût, et des arômes ?

Certainement pas les parfaits faux fruits de la Bête.

Qui a jamais mangé les sublimes premiers petits pois, les exquises carottes et les renversantes pommes de terre nouvelles ne voudra jamais de ces pauvres succédanés à texture de carton et parfum d'égout qu'on trouve maintenant presqu'exclusivement.

La Pieuvre nous propose maintenant des clones de lady gaga en lieu et place de notre éternelle fiancée. Ça ne fait pas le compte.

Sans être une exception, j'ai la chance d'avoir, malgré - ou à cause ? - de nombreux excès une santé globalement satisfaisante.

Mme VJ étant abonnée à des revues telles que Néo Santé, honorable au demeurant, il lui arrive de me dire que je ne satisfais pas aux dogmes en vigueur. Passe que j'insatisfasse la Bête est ses dogmes débilitants et mercantiles, voilà-t-y-pas que les gurus du naturel me condamnneraient à leur tour ?

Trop de ci, trop de ça, pas assez de, ou pas comme il faudrait ?

Manger thérapeutique ? Penser : je me fais du bien, en mâchant un truc qui me débecte ?

A tous, fussé-je damné et condamné, je réponds : et le plaisir, bordel ?

Je me fous des dogmes, des études prétendues scientifiques, je m'assieds dessus. De toutes façons, depuis que je suis né, j'ai entendu qu'il fallait manger du pain, pas de pain, du sucre, pas de sucre, pas de sucre avec du pain, du pain sucré, beurré pas sucré, pas beurré. Ouf.

Je méprise la science et les docteurs. J'emmerde les donneurs de leçons.

Je suis moi, et cette vie est la mienne. J'entends la vivre à ma manière. Les marques et les balises ne me concernent pas. Je bois comme un trou, je mange de la viande, des légumes, du fromage, lorsque ça me plait.

Depuis 3 jours, je suis à la flotte. Oui Mesdames, je bois de l'eau. Pas la faculté qui m'a fait peur. Juste mon corps qui m'a dit : j'ai soif d'eau. J'emmerde les pontifes, mais j'écoute mon corps.

Je condamne l'élevage industriel des animaux, et je pleurais quand on emmenait les châtrons de mon père à l'abattoir.

J'ai lu Barjavel et sa "Faim du tigre". Je n'ai pas de réponse à la dévoration réciproque des espèces. Il me faut manger pour vivre. Comme le Renard de la fable, je trouve le prana un peu vert.

A défaut de manger avec amour, il me semble important de manger avec plaisir.

Je mange donc ce qui me plait, et non ce que me suggère la faculté de médecine, ou ses adversaires.

Je mange selon mon appétit. Je mange instinctivement. Et, parce que je n'ai pas oublié ce que disait la mère d'Agnès, nonne zen (un moine mendiant mange ce qu'on lui donne), je mange ce qu'on me propose, viande et poisson inclus.

Car si des théories - toujours et toujours les théories - réprouvent l'usage de la viande, d'autres affirment qu'on amène au niveau humain ce qu'on mange. Théorie contre théorie, tels sont les temps de la confusion, ce qui devrait amener à la conclusion que les théories se valent, dans l'annulation réciproque.

"Aime, et fais ce que voudras", disait Rabelais après Augustin, évêque d'Hippone. C'est là que je vais.

Les anciens chasseurs priaient l'Esprit du monde et s'excusaient par avance du meurtre qui leur était imposé et qu'ils allaient commettre pour se nourrir.

Sommes-nous responsables et devons nous nous excuser de la nécessité de tuer pour vivre ?

Manger, dès lors qu'on a de quoi manger, ce qui n'est pas donné à tous, reste une nécessité. Autant que ce soit aussi un plaisir.

Manger de la merde pour complaire aux séides de la Pieuvre ou des trucs dont on n'a pas envie pour suivre les opposants à la Pieuvre, ce n'est pas manger, c'est voter.

Mangez ce que vous voulez, faites vous plaisir. Ma croyance est la suivante : la plupart des maladies, et contrairement à un dogme extrêmement fort, ne sont dues ni à ce qu'on mange ni à la façon dont on les mange, ou pas seulement, mais aussi à l'absence du plaisir de manger.

Manger ces aliments dont le nom comprend celui de la lumière divine, AL, devrait être comme faire l'amour : une jouissance consciente et partagée.

4 commentaires:

  1. Sainement frappé aux coins du bon sens...mais attention à ne pas trop forcer sur l'eau...de moins en moins potable
    Bien à vous

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  2. Reste comme tu es, Vieux Jade : tu es vrai !

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  3. "Pour vivre en bonne santé, tâchons d'être heureux ou au moins, sereins". Le corps physique est intimement lié au corps mental, et les maladies commencent dans la sphère du corps mental.
    Nos soucis, nos stress, nos "mal-êtres" de la société de la Bête, nous rendent malades, d'où ces épidémies de Cancers (auto-destruction par les cellules habitées par le Malin, les malignes), de dépressions (auto-destruction du désir de vivre), de maladies dégénératives de notre système nerveux (Alzheimer auto-destruction de notre conscience et de notre mémoire).
    Certes, la Bête tente de nous empoisonner insidieusement : contaminants variés, ondes électro-magnétiques, médias abrutissants et incitant à la psychose, travail qui n'a plus de sens voire "absence de travail" etc.

    Mais le plus important c'est notre capacité à faire résider en nous mêmes la paix et l'harmonie, l'absence de conflit intérieur, et la Santé du corps en résultera. Bien sûr, ce n'est pas facile tous les jours de rester serein en lisant les nouvelles distillées par "Paul" et les grands médias (en ce moment indigestion de Merah et de Sarkozy le sauveur de la France), mais le contact avec la nature et une activité sportive cela aide aussi.

    L'ami Pierrot

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  4. Cher vieux Jade, je ne pense pas que vous abattez vous-même les animaux que vous mangez. Je ne tue pas, ne fait pas souffrir et n’exploite pas les êtres que j'aime et j'aime aussi les animaux! C'est pourquoi je suis devenu végétarien avec forte tendance végétalienne. Sainement frappé aux coins du bon sens...mais attention à forcer sur l'eau...même de moins en moins potable!L'eau c'est la vie!
    Bien à vous Claude

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