09 novembre 2023

Les indicateurs économiques sont formels : tout va de mieux de mieux !

Si la situation géopolitique est indubitablement morose actuellement, et si certains observateurs ont noté quelques petites tensions ici ou là et notamment au Proche-Orient, au moins peut-on se rassurer avec la situation économique qui montre des signes clairs d’une excellente santé.

Tant à l’international que dans le cocon douillet de cette France gérée de main de maître par Bruno Le Dilaté, on constate la même chose : tous les indicateurs économiques passent progressivement au vert, à la bonne humeur, à la détente et indiquent un embonpoint revigorant.

Ainsi, quelques éléments de réflexion en provenance d’Outre-Atlantique nous donnent une assez bonne idée de l’état général de l’économie américaine et, par là, de ce qui se profile à l’horizon pour le reste des économies qui sont alignées avec l’Oncle Sam, Europe en premier. Dans ces éléments, citons le bilan financier de la Réserve Fédérale américaine, qui indique d’étonnants déficits.

Il faut en effet se rappeler que la Fed avait l’habitude de faire des bénéfices et d’envoyer ces bénéfices au Trésor américain chaque année, depuis sa création en 1913, et ces bénéfices se comptaient généralement en milliards de dollars tous les ans. Cependant, ces derniers temps, en raison des dépôts des banques commerciales (rémunérés) et des intérêts payés sur leurs réserves, voilà que la Fed verse quelque 700 millions de dollars par jour aux banques commerciales. Au bilan, cette année, la Réserve fédérale affiche un exercice déficitaire.

Oui, vous lisez le graphique correctement : la Fed creuse un trou de 110 milliards de dollars après avoir subi une nouvelle semaine de pertes dans une série sans précédent. Au passage, on ne s’étonnera même plus de constater que les mêmes individus qui expliquent que le système bancaire est sûr et solide ont trouvé un moyen de perdre de l’argent malgré l’existence d’une presse à billets qui tourne à plein régime…

Parallèlement, on ne pourra s’empêcher de noter que la Chine, qui n’était plus tout à fait un excellent client des Bons du Trésor américain depuis 2014, est très clairement passée du côté des vendeurs de ces bons. Si c’était relativement discret depuis lors, l’accélération depuis 2022 est franchement visible et les quatre derniers mois marquent une accélération dans la vente de ces bons par les Chinois qui semblent vouloir s’en débarrasser comme d’une malédiction. En septembre dernier, le gouvernement chinois s’est ainsi délesté du plus gros bloc de bons américain depuis quatre ans…

Et alors que notre Bruno national nous laisse penser, très sérieusement, qu’on en aurait fini de la hausse des prix, le marché commence à réaliser que les déficits (américains ou occidentaux en général) sont difficilement soutenables, et il reflète ces craintes dans les taux des bons du trésor qui continuent de grimper. Les bons américains à 30 ans tripotent le 5% annuel, pendant que les OAT françaises à 30 ans continuent leur exploration bien au-delà des 3,8% (pour rappel, ces mêmes OAT peinaient à dépasser les 0.8% il y a deux ans).

Et lorsqu’on examine les derniers indicateurs économiques nationaux, la perplexité est de mise.

Ainsi, et si l’on s’en tient aux gros titres d’une presse qui fait bien attention de ne pas trop creuser le sujet de peur de s’attirer le dangereux courroux des dirigeants actuels, la consommation des ménages français aurait augmenté de 0,7% ces derniers mois selon l’INSEE, aidant en cela à stabiliser le produit intérieur brut français autour de 0,1%, en territoire positif donc, ce qui permettrait d’éviter de parler de récession.

Dans le même temps, il apparaît cependant que l’indice PMI (indicateur économique qui jauge la confiance des chefs d’entreprise) s’effondre à 42,8. En rappelant qu’en dessous de 50 indique une contraction de l’activité, on peine à comprendre comment l’activité enregistrée par l’INSEE reste pourtant positive, d’autant qu’en même temps, la confiance des ménages est – elle aussi – en chute libre.

Autrement dit, les entreprises n’ont pas (du tout) confiance dans l’avenir, les ménages non plus, les uns comme les autres réduisent la voilure de tous les côtés, mais le PIB croît et la consommation aussi.

C’est bien entendu grotesque et cela doit certainement au fait que l’INSEE – qui l’avoue à mots choisis dans sa note sur ce récent calcul du PIB – a quelque peu “révisé sa méthodologie” en piochant avec décontraction dans ces “révisions” qui transforment des gamelles retentissantes en atterrissages souples. Révisions méthodologiques qui, au passage, n’ont pas été mises en places par d’autres pays comme l’Allemagne qui – c’est ballot – observe quant à elle une baisse de PIB de 0,3% en ligne avec ce à quoi on pouvait s’attendre, y compris dans la zone euro qui voit son PIB diminuer lui aussi de 0,1%.

Peut-être la performance étonnante de la France doit-elle à sa dette publique qui s’envole délicatement et touche de nouveaux sommets ?

Au final, peu importe puisque le Français moyen est surtout préoccupé par ses perspectives d’avenir, et avec les cadors actuellement au gouvernement, ces perspectives ne cessent évidemment de s’améliorer. Ou presque.

Il suffit pour s’en convaincre de prendre connaissance de l’état des lieux des petites entreprises françaises, qui constituent un très important vivier d’emplois (autour de 20% selon l’INSEE, et 4 millions d’emplois actuellement) : or, pour 49% d’entre elles, l’activité a baissé depuis 2022, 40% des entrepreneurs rencontrent des difficultés financières personnelles liées à la faiblesse de leur activité et leur état d’esprit se dégrade pour 8 sur 10 d’entre eux.

Cette dégradation est étonnante, alors que nos dirigeants répètent que les choses s’améliorent. C’est encore plus étonnant dans un pays qui a fait sa priorité de la bonne santé, de la solide sécurité, de l’excellente instruction de ses concitoyens et qui, pour parvenir à ces objectifs louables, augmente considérablement et systématiquement ses impôts dont une partie va – réjouissez-vous ! – aider d’intéressantes associations qui importent des clandestins par bateaux entiers.

Nul doute que ces indicateurs économiques seront pris en défaut pendant les prochains mois qui, grâce aux efforts renouvelés de nos dirigeants affûtés, verront se concrétiser des prouesses économiques dignes des meilleurs pages d’Histoire de l’Union Soviétique la République du Clownistan Démocratique.

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