26 octobre 2020

Le dialogue des vieillardissimes



Maurice, son problème ce n’est pas tellement l’âge, il s’en accommode; sa théorie personnelle, fondée sur l’expérience et la consommation invétérée de bière à la pression, établit en principe qu’une fois passés les quatre-vingts sans encombres, même si la carrosserie laisse à désirer, le moteur tiendra le choc indéfiniment. Les bagnoles se comportent ainsi, après cent-mille kilomètres il ne peut plus rien leur arriver de fâcheux…en tout cas c’est ce qu’il prétend, Maurice, il en est convaincu…mais, comme disait l’autre, il aura sa revanche! Non, là ou ça coince grave c’est sur l’absence totale et absolue de politiquement correct, ce qui le caractérise plus que tout autre défaut, alors même qu’il en regorge, qu’il en est pétri! Il n’a même que ça, des défauts, le vieux birbe, à ce point là ça se transforme carrément en qualité. En tout cas, il ne pense pas comme tout le monde, ce qui présente des risques dans un pays comme le nôtre où la liberté d’expression varie en fonction de ce que l’on exprime. Oui, j’entends par là ( je sais, par là j’entends pas grand chose) qu’une opinion marquée du sceau de la facho-nauséabonderie ne doit rigoureusement faire l’objet d’aucune expression sous peine de poursuites pénales; demandez à des types comme Soral ou Zemmour, ils vous expliqueront clairement la liberté d’expression, faites confiance! La liberté d’expression c’est comme la démocratie, propriété exclusive de la Gauche. La soi-disant Droite Républicaine (l’autre façon d’être de gauche) étant admise à en user de temps à autres mais sous condition expresse du strict respect des règles souverainement édictées par le proprio.
Et justement, c’est à ce niveau là que ça grippe un peu chez le vieux Maurice. Jugez plutôt, ce matin, autour du zinc -les distances de sécurité et les gestes barrières faisant l’objet, je vous l’assure, du respect le plus scrupuleux- le zigomar en question nous développait le raisonnement suivant : 

» Ce pauvre type, je veux dire le prof, là, çui-là qu’à perdu la tête, ben moi, si vous voulez mon avis c’est pas un héros. Pour moi, quand vous avez bobonne et un morpion de cinq ans à la maison, si vous en possédez un minimum dans le cigare, vous évitez la prise de risques inconsidérés. Mais c’était quoi cette affaire d’aller réveiller les histoires de prophète devant une classe d’aujourd’hui, je veux dire majoritairement composée de petits Muz? Vous ne croyez pas qu’il y aurait des moyens plus adaptés d’aller leur expliquer les Valeurs de la République à ces merdeux? Sans compter que le mec, tel que je le ressens -paix à son âme, j’m’excuse- c’était forcément un homme de gauche, dans le cas contraire la question ne se posait même pas. Pour aller faire une ânerie pareille, fallait qu’il y croive dur, aux débilités du folklore gauchiard. Qu’il soit persuadé qu’en expliquant tout bien comme il faut on pourra les récupérer, les petits jeunes en question, que c’est juste la question de leur montrer cékoi la République, comment c’est chouette, comment c’est génial, et comme ça, les transformer en bons petits citoyens, conscients et libérés! Pauvre type! C’est pas sa faute, vous savez, on ne peut pas lui jeter la pierre…souvenez-vous du théorème de Nouratin, il y a deux catégories de gendegôche, les lucides et les sincère; les premiers sont des criminels, les seconds leurs victimes ! Voilà tout ! L’ennui c’est que les victimes en produisent d’autres, les collatérales ! Vous imaginez que ces salopards, les mêmes qui nous ont fait avaler des millions d’immigrés, encouragent maintenant les enseignants à les insulter publiquement dans ce qu’ils ont de plus cher au monde, leur religion, leur Prophète, leur Allahou akbar ! Mais il sont complètement irresponsables, tous ces enfoirés qui tressent des louanges tire-en-bique (comme le bouc) à un illuminé bisounoursique qui a transformé son gosse en orphelin pour apprendre à des Musulmans comment se foutre de la gueule de Mahomet ! Non mais vous imaginez !.. »
Et à ce moment précis, son regard effleure le demi-pression à moitié vide abandonné sur le comptoir, ça le déconcentre à bloc au point qu’oubliant le discours il s’enfile son reste de bière à grandes lampées gouleyantes.

Ce sur quoi, l’ami Blaise Sanzel, toujours prompt à s’emparer de la tribune, décide de placer la sienne, au grand dam de l’autre vieillard, son cadet toutefois de plusieurs années, qui en avale de travers et s’embarque dans une de ces quintes de toux qui vous séquestrent sur le ban de touche pendant plusieurs minutes.
Maurice hors-jeu (j’aime bien l’ablatif absolu, même s’il trouble parfois un peu le lecteur), il y va carrément, le nonagénaire.
» Vous devez avant tout comprendre l’opportunité que représente pour nos gouvernants cette regrettable affaire de Conflans. Jusqu’à présent, comme vient de le souligner Maurice, la Gauche imposait ses diktats. L’impérialisme de la pensée unique n’offrait aucune échappatoire, pas la moindre brèche susceptible de percée, que dalle, voyez-vous, le dogme rousseauiste du bon sauvage fermait la porte à toute tentative d’insérer un coin dans la palissade. Et voilà-t-il pas qu’en l’occurrence survient un petit Muz doté d’un statut de réfugié manifestement usurpé (comme c’est presque toujours le cas) qui s’attaque de la manière la plus barbare, la plus inacceptable, aux symboles éminemment adulés de la mythologie gauchiarde : l’École de la Répupu, le prof genre hussard-noir, et la liberté de compisser et conchier lourdement une religion au nom de la sacro-sainte laïcité. Alors là, pour le coup, ils peuvent y aller, Macrounette et ses coadjuteurs, s’engouffrer dans le trou béant, foncer carrément sus à l’ennemi, pas les Muz, bien sûr, juste l’Islamisme et son fidèle dhimmi, l’islamo-gauchisme ! Du coup le camarade Méluche, avec son air con, sa vue basse et son dentier mal ajusté, se retrouve marginalisé par le jeu à la con qu’il a joué depuis des années. Quant aux Socialos, percés jusques au fond du cœur d’une atteinte imprévue aussi bien que mortelle (il raffole de placer ses réminiscences, Blaise, à près que quatre vingt-quinze balais ça vous pose son homme), ils n’ont plus qu’à suivre le mouvement et appuyer le petit Présipède dans sa démarche contre le séparatisme, doux euphémisme qui, jusqu’à Conflans, ne passait même pas la rampe de l’Assemblée Nationale, trop connoté raciste, paraissait-il… Désormais la question ne se pose plus, on parle même ouvertement de l’Islamisme et des Islamistes, désignés comme ennemis jurés de la Nation, marqués au fer rouge de l’opprobre républicain ! On notera l’évolution, tout de même, souvenez vous qu’il y a peu ces gens n’osaient même pas prononcer « État Islamique« , ils disaient « DAESH« , ces poules mouillées, ce qui n’a aucun sens mais évite toute référence à l’Islam. Maintenant, on parle d’Islamistes, d’Islam politique, ce n’est pas encore ça mais on sent que ça vient ! Bien entendu, on continue à préciser « padamalgam« , il ne faut tout de même pas trop en demander d’un coup, n’est-ce pas… »

-« Oui mais alors, reprend Maurice, lequel s’est calmé les étouffements par l’absorption successive autant qu’accélérée de deux demis avec faux-col, on va continuer à tourner autour du pot, faut pas se berlurer! Moi, je vais vous dire, je les connais pas tous, ces mecs, les Tchétchènes, les Bosniaques et compagnie, j’en ai jamais vu. Les Marocains, les Tunisiens, comme ils ne m’ont rien fait de spécial j’aurais pas grand chose à en dire. Par contre, les Algériens ça, pour les connaître je les connais, ceux-là ! Bon, d’accord, il faut éviter de généraliser mais les Fellouzes, comme on disait quand on se mettait sur la gueule avec eux, fin des années cinquante, je sais à quel point ils nous aiment…ils nous aiment saignants ! Moi je m’en suis sorti mais j’ai plein de copains qui ont fini enterrés vivants avec la bite dans la bouche et les oreilles coupées…alors je m’en méfie, vu que les types qui faisaient ça, on les a retrouvés après, chez nous, les fumiers, embauchés par Bouygues, pour venir construire les HLM dans lesquels ils ont fini par s’entasser ! Ce sont leurs descendants qui nous pourrissent la vie, maintenant…vous croyez vraiment qu’ils nous adorent, vous? Alors padamalgam, je veux bien, mais vaudrait mieux faire gaffe tout de même… »

Bon. Vous savez, on peut en penser ce qu’on veut mais les très vieux, finalement, tant qu’ils fonctionnent à peu près du ciboulot peut être qu’on ferait bien de les écouter un peu…surtout quand on est comme Présipède, plus près du berceau que du cercueil…oui, enfin, c’est tout le mal que je lui souhaite…espérons qu’il ne morflera pas trop vite une fatwah, ce gamin, parti comme le voilà ça lui pend au nez comme un sifflet de deux sous! Espérons qu’Erdogan et consorts ne s’offusqueront pas outre mesure…

Bonne semaine à tous et rentrez vite à la maison, le soir les virus rodent…et pas seulement les virus…
Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

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