07 juillet 2020

Enquête sur les mystérieuses finances du comité Traoré


Le 13 juin dernier, tandis que les médias relayaient en boucle les images de la manifestation anti-police et antiraciste qui se déroulait place de la République, à Paris, à l’initiative du comité Traoré, une question s’immisçait sur les réseaux sociaux : qui finance le comité Traoré ? Camions, sonorisation, distribution de t-shirts, plaintes à répétition, contre-expertises, avocat prestigieux, train de vie des militants, conférences, communication... Depuis quatre ans, les ressources financières du comité Traoré semblent inépuisables, et les médias si prompts à enquêter, bien peu pressés de se pencher sur les nébuleuses ressources du comité, au point de nourrir les fantasmes les plus fous. Nos révélations sur le montant récolté par l’opaque cagnotte officielle du comité, qui a franchi la barre des 200 000 euros fin juin, ont permis de donner un premier faisceau d’indice. Le magazine Causeur révélait de son côté qu’Assa Traoré avait bénéficié d’un arrêt maladie d’un an après la mort de son frère Adama, via l’Œuvre de protection des enfants juifs-Baron Edmond de Rothschild, alors qu’elle militait déjà.

Mais ce n’est pas tout. Assa Traoré et le comité articulé autour de son frère défunt disposent de ressources supplémentaires, difficiles à évaluer, mais bel et bien existantes. D’après les informations recueillies auprès du Journal officiel, Assa Traoré a créé l’association Adama le 3 octobre 2016 (trois mois après la mort de son frère), auprès de la préfecture du Val-de-Marne. L’association a officiellement pour but d’effectuer « des prestations de services : conseil en matière juridique, professionnelle, administrative, éducative, sociale (insertion sociale et culturelle en France) ; manifestations publiques : réunions publiques, pique-niques, manifestations, évènements sportifs, spectacles, l'exercice d'activités économiques : vente et achat de produits conformément au code du commerce article L442-7, investissements en France et à l'étranger ; humanitaire : voyages culturels, des dons en France et à l'étranger ».



Quatre ans plus tard, le comité Traoré a multiplié ses revenus en surfant sur les largesses de son objectif associatif. Outre la cagnotte officielle créée sur la plateforme Okpal, qui encaisse toujours des dons (tout comme l'association peut le faire directement), d’autres cagnottes ont vu le jour, comme celle créée en juillet 2016 par une certaine Karine Piron, qui a totalisé 897 participants, ou encore celle créée plus récemment le 10 juin 2020, qui a recueilli la modique somme de 265 euros. Parmi les sources de revenus majeures du comité, on trouve aussi la vente des t-shirts « justice pour Adama, sans justice vous n’aurez jamais la paix » créés en 2016 et officiellement vendus depuis pour « financer la lutte ».
Les t-shirts, vendus depuis septembre 2016, régulièrement en rupture de stock

« Le t-shirt est devenu le seul moyen légal qui permet aux familles de se payer une défense juridique de qualité. Ces t-shirts font office d'étendard pour les familles mais ils sont aussi de moyen de soulèvement de fonds », expliquait un membre du comité Traoré, au média Mouv, en juin dernier. Plus concrètement, les t-shirts représentent un business lucratif et bien rodé pour le comité, qui en a fait un véritable étendard militant, massivement arboré à chaque manifestation publique. Dès septembre 2018, un t-shirt à modèle unique (sur fond noir), avec une police bien reconnaissable, est disponible à la vente. « Pour avoir des tshirt il faut contacter Yssoufe Traore au 07… » peut-on lire dans un post datant du 20 septembre 2016 sur la page Facebook du comité Traoré. Deux mois plus tard, le même Yssoufe Traoré, responsable de la vente des t-shirts, est arrêté pour outrage à agent avec son frère Bagui. Pas de quoi mettre fin au business des t-shirts puisque ceux-ci sont vendus en parallèle, depuis début septembre, sur le site bboykonsian.com.



Depuis juin, c’est le site Youngnation.shop, via un partenariat, qui a pris la relève. Selon nos informations, sur les 15 euros du prix de vente du t-shirt, dix reviennent au comité Traoré, soit une marge confortable qui peut varier de quatre à six euros environ.

Preuve de leur succès croissant, les t-shirts « Justice pour Adama » sont régulièrement en rupture de stocks, ce qui fut le cas par exemple sur le site Yougnation deux jours seulement après leur mise en vente en juin, alors que l'actualité autour des violences policières battait son plein. Frustrés, de nombreux sympathisants s'interrogent régulièrement sur le moyen d'acquérir le précieux t-shirt. Sans surprise, d’autres sites internet, sans lien direct avec le comité, ont flairé la bonne affaire et se sont mis à ventre des modèles plus ou moins identiques, les caractéristiques du t-shirt n’ayant pas été déposées à l’INPI. Plus intéressante encore est la démarche marketing du comité pour développer les ventes, puisque celui-ci est allé jusqu'à créer des « collections limitées » de couleurs, vendues lors de « ventes éphémères » en marge des manifestations, afin de susciter d'avantage d'achats.

Outre les cagnottes et les t-shirts, le comité Traoré bénéficie dans une moindre mesure des revenus issus de la vente du livre Lettre à Adama, coécrit par Assa Traoré et publié par les éditions du Seuil à partir de mai 2017 au prix de 17 euros l’unité. Fin juin, 3000 livres avaient été vendus. En avril 2019, Assa Traoré renouvelle l’expérience en publiant un second ouvrage coécrit avec le sociologue de gauche Geoffroy de Lagasnerie, intitulé Le combat Adama, dont un chapitre entier est consacré à « l'argent », mais dont il n’est pas indiqué explicitement, contrairement au précédent, où vont les droits d'auteur découlant des ventes. La sortie de ce dernier livre permettra quoi qu’il en soit de renflouer les caisses du comité, puisque lors de la soirée de promotion du livre, dans les prestigieux locaux parisiens de l’université américaine Columbia (gracieusement prêtés pour l’occasion, autre forme de soutien, en nature), Youssef Brakni,

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