03 décembre 2018

Le projet de société ouverte de Georges Soros

Georges Soros et la société ouverte. Tel est le titre du livre enquête de Pierre-Antoine Plaquevent, paru aux éditions Le retour aux sources.
Durant les dernières décennies, peu de nations ont été épargnées par l’action ou l’influence de son ensemble de fondations : l’Open Society Foundations. Partout où la souveraineté politique et la stabilité sociale sont attaquées, on retrouve la trace de Georges Soros, de ses réseaux, de ses militants, de ses milliards. Que ce soit au travers de l’immigration de masse, de la dépénalisation des stupéfiants, des nouvelles normes sociétales, de la promotion des théories du genre ou des révolutions colorées. Dans chacun de ces domaines, Soros œuvre avec une étonnante constance à la réalisation d’un même objectif : l’avènement d’un nouvel ordre politique international fondé sur la notion de société ouverte et la fin des États-nations.

L’auteur nous propose une radiographie détaillée de la méthodologie Soros et de ses divers champs d’action partout dans le monde. Au travers d’exemples très documentés, cette étude expose au grand jour les rouages internes des réseaux Soros. Une entreprise de décomposition des nations dotée d’une puissance et de moyens exceptionnels.


Au-delà d’un travail d’enquête inédit, ce livre se propose d’exposer la philosophie politique qui anime cette action et d’en tracer la généalogie profonde. Le lecteur y découvrira comment la notion de Société ouverte se rattache aux courants les plus puissants et les plus actifs de la subversion politique contemporaine.

Il s’agit là d’un livre fondamental sur celui qui est considéré, à juste titre, comme l’ennemi numéro Un de tous les peuples soucieux de demeurer eux-même. La Hongrie a ainsi parfaitement compris le danger incarné par Georges Soros.

Ce livre apporte un éclairage indispensable et des arguments efficaces pour contrer tous ceux qui, aujourd’hui, font l’apologie de cette société ouverte. Société ouverte qui mène droit au chaos et à la disparition des peuples du monde entier.

Après une longue période d’engagement politique, Pierre-Antoine Plaquevent a créé le portail métapolitique les-non-alignés.fr qu’il anime depuis 2010. Cet outil lui a permis de mener pendant plusieurs années une activité métapolitique intense et multiforme. Que ce soit par le biais d’organisation de conférences, de la rédaction d’articles ou encore du journalisme de terrain et d’interviews d’acteurs politiques et culturels. « Il est à noter que dans chacun de ses domaines, les non-alignés étaient en avant-garde dans la formation et la préparation politique des esprits. » explique Pierre-Antoine Plaquevent, que nous avons interrogé à propos de son livre « Soros et la société ouverte ».

Une interview passionnante

Breizh-info.com : Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire ce livre ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Le travail de recherche et d’écriture que j’ai mené avec ce premier livre politique en est la continuation logique par d’autres moyens, mais il vise la même fin : à savoir comprendre « ce qui nous nie » comme aurait dit Dominique Venner et le combattre à sa racine même. Cela passe par l’étude et la radiographie du projet de société que les élites mondialistes veulent nous imposer. Ce livre politique a une spécificité : il ne s’agit ni d’un essai, ni d’un pamphlet, mais d’un travail d’enquête et d’analyse qui vise à déconstruire la déconstruction dans son ensemble. Une déconstruction qui se déploie dans les domaines de l’immigration de masse, de la dépénalisation de l’usage des drogues, des nouvelles normes sociétales, de l’influence médiatique ou des changements de régime politiques.

Il s’agit d’une action de subversion globale qui touche toutes les sociétés et trouve sa source d’inspiration dans une vision du monde exposée dans cette étude : la société ouverte comme projet de fin des nations et de l’Histoire. Une fin de l’Histoire qui doit conduire par étapes à l’intégration de l’humanité tout entière au sein d’un ordre politique unique et planétaire.

Ce livre se veut être un outil opérationnel pour toutes les personnes qui souhaitent comprendre, voire combattre, les attaques portées contre l’ordre naturel par les forces de la société ouverte. La société ouverte comme projet métapolitique de transformation et d’ingénierie sociale furtive ; un projet qui se rattache à un courant d’idées et de pratiques politiques qui modèlent et traversent toute l’Histoire contemporaine. Il s’agit d’appréhender comment, à la confluence de la cybernétique, du soft-power et du millénarisme politique, des pouvoirs non élus ont élaboré un outil de domination des populations qui n’a pas son équivalent dans l’Histoire. En prendre connaissance est déjà le début d’une solution.

Breizh-info.com : Pour revenir au sujet principal de votre étude, qui est Georges Soros et que pèse-t-il au niveau du pouvoir mondial, international ?

Pierre-Antoine Plaquevent : George Soros est né en Hongrie en 1930 sous le nom de George Schwartz. De son père, Tivadar Schwartz, il a hérité une grande vivacité d’esprit et des capacités d’analyse et d’adaptation hors pair qui lui ont permis de s’imposer dans le milieu sans pitié de la finance internationale. Tivadar Schwartz était en outre l’un des rares locuteurs de ce projet de langue universelle qu’est l’espéranto, il changera ainsi le nom Schwartz en « Soros » dans les années trente, mot qui signifie en espéranto « monter en flèche ». Le cosmopolitisme de George Soros plonge ainsi ses racines dans cet héritage familial qui est celui d’une famille issue de la bourgeoisie juive de Budapest. Dans mon étude je décris longuement la montée en puissance de la bourgeoisie juive au sein de l’Empire austro-hongrois déclinant au XIXe siècle. Processus qui va conduire à l’émergence de figures comme Karl Popper et plus tardivement George Soros lui-même. Se mêlant à l’aristocratie en déclin, mais ne pouvant accéder au pouvoir politique, la place ambiguë qu’occupera la bourgeoisie juive au sein de l’Empire austro-hongrois va lui permettre de forger un regard critique sur l’ensemble d’une organisation sociale à laquelle elle ne s’assimilait que partiellement. C’est dans ce contexte sociopolitique que va naître la pensée radicalement déconstructrice de toute forme de conservatisme et d’antilibéralisme de Karl Popper ; pensée dont s’inspirera George Soros par la suite.

Des opérations de déstabilisation monétaire massive dans les années 80 et 90

La force de George Soros lui vient de sa fortune colossale, une fortune qui résulte d’un parcours assez exceptionnel dans le domaine de la finance. Un parcours qui doit sa réussite à son intégration dans l’élite financière et politique de l’hyperclasse mondiale dès ses études au sein de la prestigieuse London School of Economics, véritable pouponnière à élites mondialistes depuis la fin du XIX ème siècle. Rappelons que la London School of Economics a été fondée en 1895 par plusieurs membres de la célèbre Société fabienne — Fabian Society, célèbre club de pensée de l’élite de l’anglosphère. Surtout, dès son arrivée à New York au début des années soixante, Soros bénéficiera de l’appui de cercles financiers influents comme par exemple le réseau bancaire des Rothschild. Ces soutiens lui permettront de devenir pionnier dans le domaine des fonds d’investissement (les fameux hedge-funds). Un outil avec lequel il mènera des opérations de déstabilisation monétaire massive dans les années 80 et 90, engrangeant ainsi des milliards. En septembre 1992, George Soros réalise son attaque boursière la plus retentissante : l’attaque contre la banque d’Angleterre. Une attaque spéculative au cours de laquelle il empochera 1,1 milliard de dollars en 24 heures grâce à une opération menée contre la livre sterling. En 1993 sa fortune atteindra 1,1 milliard de dollars. Elle ne fera dès lors que croître, passant de 7,2 milliards de dollars entre 2004 et 2006, à 24,9 milliards pour l’année 2016 selon le classement Forbes. Fin 2017 il transmettra 18 milliards d’euros de sa fortune personnelle vers l’Open Society Foundations.

Cette puissance financière difficilement imaginable pour le commun des mortels lui donne une force d’influence que peu de personnalités possèdent. Une force qu’il ne dissimule pas, lui qui se définit par ailleurs comme « un homme d’État sans État ».

Breizh-info.com : On taxe volontiers les détracteurs de Georges Soros de complotistes, parfois même d’antisémites ? Pour quelles raisons ? Ces critiques sont-elles justifiées ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Il ne s’agit pas d’un complot au sens où ses intentions seraient dissimulées. George Soros ne se cache pas, dans ses écrits ou dans ses interventions, de vouloir conduire l’humanité vers un monde sans frontières et sans États-nations. Un monde où une gouvernance mondiale régulerait l’économie et la politique d’une humanité enfin unifiée et indifférenciée. Il s’agit d’un idéal millénariste dont je trace la généalogie dans mon étude. Un projet d’ingénierie sociale planétaire qui réalise les vues de plusieurs courants de pensée tels que le cosmopolitisme popperien, le freudo-marxisme et la cybernétique, mais aussi le messianisme religieux sécularisé. La spécificité de George Soros est d’être un ardent militant de la cause mondialiste, mais aussi de posséder des velléités de marquer l’Histoire de par son action dans le monde. Il use ainsi de sa fortune non pas juste pour son bon plaisir, mais réellement dans un esprit globaliste missionnaire. Pour ce faire il dispose d’un outil de dimension planétaire au travers de son réseau l ».Open Society Foundations : les fondations pour une société ouverte. 

Un budget colossal au service de son projet de société ouverte

À nouveau pas de complot ici, il suffit de se pencher sur le budget officiel de l’Open Society Foundations pour comprendre l’étendue de sa force d’influence. Pour 2018, ce budget a rejoint les 1, 005 milliard de dollars, ce qui représente une augmentation de plus de 60 millions de dollars en un an. Les dépenses totales de l’OSF depuis sa création sont estimées quant à elles à 14 milliards de dollars pour ses 33 années d’activité. Cela donne une idée de l’ampleur démesurée des moyens dont dispose le réseau Open Society Foundations. Comme l’indique le site de l’Open Society, George Soros a fait don à l’OSF depuis 1984 de 32 milliards de dollars sur sa fortune personnelle si on inclut les derniers 18 milliards de dollars qu’il a légués en 2017.

Les fondations Open Society comptent officiellement plus de 40 fondations nationales et régionales interconnectées à travers le globe, mais elles sont en fait beaucoup plus nombreuses, car chaque branche de l’OSF entretient elle-même son propre réseau d’associations de terrain et finance de nombreuses autres ONG, alors où est le complot ? Il suffit de s’informer sur les seuls sites et publications de l’Open Society pour comprendre qu’elle est son action et son influence dans le monde. Il y a éventuellement un complot des grands médias pour ne pas informer les populations de l’existence et du rôle réel que jouent de telles organisations dans la politique contemporaine… La rhétorique autour du « complotisme » vise en fait à anesthésier toute critique sérieuse du projet globaliste. En termes de « complotisme », que penser par exemple de cette citation de David Rockefeller qui affirmait lui-même dans ses mémoires :

« Quelques-uns croient même que nous faisons partie d’une cabale secrète travaillant contre les intérêts des États-Unis, nous appelant ma famille et moi des “internationalistes” et nous accusant de conspirer avec d’autres pour construire une structure politique et économique globale plus intégrée — un monde uni, si vous voulez. Si c’est là l’accusation, je plaide coupable et j’en suis fier. »

Il n’y a pas de complot, mais un projet de société bien réel qui avance comme un rouleau compresseur au Moyen-Orient ou dans les Balkans et plus insidieusement en Occident. Un projet que George Soros, à la suite de Karl Popper, désigne en tant que « société ouverte » et qui nous concerne tous. C’est ce projet que je m’attache à déconstruire dans mon livre.

Breizh-info.com : Justement, que désigne précisément ce terme de « société ouverte » ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Dans mon étude j’interroge longuement cette notion. Je suis arrivé à la conclusion que cette notion désigne pour ceux qui y ont recours, le projet de modification permanente et furtive de l’ensemble de la société pour le compte des intérêts de la haute finance mondialiste. Un projet de domination et de transformation sociale à grande échelle camouflé en une utopie internationaliste, similaire en cela aux objectifs du communisme des origines, mais usant de moyens plus sophistiqués. Comme il l’expose lui-même au début de son livre « La Société ouverte et ses ennemis », Karl Popper se veut le promoteur d’une ingénierie sociale fragmentaire, c’est-à-dire d’une ingénierie sociale qui progresse et transforme la société par étapes et par « interventions limitées » ; cela de manière quasi furtive et par touches imperceptibles. Il s’agit d’une forme de constructivisme sociopolitique qu’il oppose à l’ingénierie sociale utopique et révolutionnaire de type marxiste. Le mode opératoire de George Soros et de l’Open Society s’avère être en fait une reconfiguration permanente et extrêmement bien maitrisée des processus sociopolitiques contemporains selon la méthodologie Popper ; une méthodologie que Soros a radicalisée. Dès lors, l’idée de « société ouverte » se présente comme un outil d’ingénierie sociale incroyablement efficace : un prétexte démocratique et une idée-force mobilisatrice dont l’horizon d’attente est l’intégration de toute l’humanité sous la forme d’un œkoumène mondial intégré ; une seule terre pour une seule humanité, tel est le crédo « planétarien » de la société ouverte.

Si le but des réseaux Soros est d’arriver à une « société ouverte » planétaire selon cette définition, pour ce faire il leur faut fluidifier et dissoudre les agrégats humains rétifs aux changements impulsés par la chaine du pouvoir politique réel. Chaîne du pouvoir politique réel constitué par (dans l’ordre d’importance) : 
1 — la finance internationaliste (la matrice du projet cosmopolitique) ; 
2— les médias de masse (l’église de l’opinion public) ; 
3— la technocratie et les organisations non gouvernementales (le pouvoir politique réel et non-élu) ; 
4— la politique spectacle du parlementarisme ; et enfin, 
5 — les populations — le cheptel humain — c’est-à-dire nous, les sans-dents, les « gilets jaunes ».

Le moyen pour y arriver en est la subversion politique qui s’appuie pour cela sur tous les relais possibles. J’expose dans mon ouvrage certains des relais d’influence privilégiés des réseaux de la société ouverte, comme par exemple ce que je désigne comme des « armes d’immigration massive ». Autant de technologies politiques perfectionnées qui visent à recomposer les équilibres géopolitiques contemporains selon les objectifs stratégiques, économiques et idéologiques de l’hyperclasse mondialiste dont le clan Soros est l’un des moteurs les plus importants. Le cosmopolitisme est une guerre permanente contre les populations qui dure depuis plus d’un siècle et qui est menée par une faction très organisée des élites bancaires, médiatiques, culturelles et politiques internationales. La démolition contrôlée de nos sociétés fait partie des moyens et des conséquences de cette guerre contre les peuples.

Breizh-info.com : Vous parlez d’« armes d’immigration massive » ; quelle est la responsabilité de Soros et de sa galaxie dans la déstabilisation migratoire que nous connaissons actuellement en Europe ?

Pierre-Antoine Plaquevent : La puissance d’influence sur la question migratoire des réseaux Soros est gigantesque. J’expose dans mon livre comment George Soros a exercé un rôle crucial dans la manière dont l’Allemagne et l’UE ont traité l’arrivée massive des migrants depuis 2015. Ceci au travers de ce que l’on peut appeler le plan Merkel/Soros. Ce plan Merkel était en fait directement inspiré par un plan que George Soros avait lui-même proposé sur son site officiel, un plan ambitieux d’échelle continental intitulé « Rebâtir le système du droit d’asile ». Le plan de Soros donnait en fait les directives à suivre pour que l’Europe ne soit plus qu’un couloir de passage ouvert à toutes les migrations venues d’Afrique et d’Orient. Le Pape François aussi a proposé récemment un plan d’intégration des migrants similaires qui prévoit d’organiser les déplacements de population directement depuis les pays en crise jusqu’en Occident. Ce qui est logique compte tenu de la force d’influence que possède l’Open Society sur l’aile gauche de l’Église catholique conciliaire comme je le montre dans mon étude.

Le budget que l’Open Society consacrait à la seule question migratoire en 2018 était de 63,3 millions de dollars. Aussi, en septembre 2016, George Soros promettait d’investir 500 millions de dollars de placements en actions dans des investissements qui bénéficient aux migrants. Pour avoir une idée de la puissance de l’Open Society en matière d’immigration, on comparera les sommes investies par L’OSF avec le budget de « Frontex » (l’agence pour la surveillance des frontières européennes) qui est évalué quant à lui à 300 millions d’euros pour 2017. L’ensemble des pays européens investissent donc moins pour la défense de leurs frontières maritimes que les moyens mis en œuvre par Soros, l’Open Society Foundations et l’ensemble de leurs soutiens privés. Cette puissance financière permet en outre d’effectuer d’importantes campagnes de lobbying en faveur des changements juridiques dans le droit international sur le statut des migrations. Un travail d’influence qui se situe en amont du « Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières » que la plupart des États membres de l’ONU sont censés valider au Maroc ce mois-ci.

Le chapitre sur l’immigration est l’un des plus longs de mon étude, j’y développe l’ensemble des moyens dont usent les réseaux Soros pour imposer leur agenda migratoire. Cela depuis les hautes sphères des institutions internationales jusqu’au soutien aux associations immigrationnistes de terrain telles celles qui chapeautent le fameux « no borders » et autres activistes.

Breizh-info.com : Qui sont ses principaux opposants ? Ont-ils les moyens de parvenir à leurs fins ? Peut-on imaginer l’émergence d’une sorte de « dragon noir » de Georges Soros, c’est-à-dire un milliardaire qui œuvrerait pour l’inverse de l’open society voulue par Soros ?

Pierre-Antoine Plaquevent : En fait c’est déjà le cas, même si nous ne sommes pas ici dans la configuration d’une lutte manichéenne et tranchée entre le bien et le mal. Comme toujours en politique, tout est une question de rapports de force et de luttes féroces d’intérêts, mais aussi de projets de société divergents. On a par exemple le cas emblématique de Robert Mercer, ce milliardaire sans qui l’élection de Trump aurait été impossible. Robert Mercer, surdoué de l’informatique et passionné par le « big data », est ce grand financier gérant de fonds spéculatifs (tout comme Soros) qui a financé la société Cambridge Analytica à hauteur de 15 millions de dollars. Une société d’analyse de données qu’il gérait avec Steve Bannon et qui est accusé d’avoir « siphonné » les données de 50 millions de profils Facebook afin d’élaborer des « profils psychographiques » types, basés sur les valeurs, les centres d’intérêts, les opinions ou les personnalités des électeurs. Un ciblage très précis qui aurait eu un impact significatif dans l’élection de Trump d’après les mauvais perdants démocrates qui pensent toujours que les gens de droite ne votent pas pour des idées ou des projets, mais qu’ils se trompent de colère… Anti-avortement, proche des libertariens et « climatosceptique », Robert Mercer est un grand donateur du parti républicain et de diverses organisations conservatrices américaines, et aussi l’un des financiers principaux de Breitbart News.

Il est intéressant de noter que Facebook n’a été seulement accusé de laxisme dans cette affaire, mais bien de complicité partielle avec Cambridge Analytica dans l’utilisation des données de ses utilisateurs. Lors du Forum économique mondial, George Soros a lui-même attaqué Facebook, l’accusant d’influencer « la façon dont les gens pensent et se comportent sans même en être conscients », ce qui aurait des conséquences « sur le fonctionnement de la démocratie, en particulier sur l’intégrité des élections ». Pour Soros, Facebook et Google constituent « des menaces contre la société » dont il souhaite plus de régulations. Le 15 novembre dernier, l’Open Society Foundations accusait en outre Facebook d’avoir sollicité les services d’une société de relations publiques proche du Parti républicain — la société Definers — afin d’enquêter sur le rôle de Soros dans les attaques médiatiques contre Facebook. Durant l’été 2018, Definers aurait aussi ainsi « suggéré à des journalistes que George Soros aurait un rapport avec les groupes et personnalités formulant des critiques contre Facebook », ce qui aurait conduit Definers à mener : « une campagne pour discréditer les critiques formulées contre Facebook après le scandale Cambridge Analytica ».

Soros est inquiet du rôle que jouent les réseaux sociaux dans la contestation politique de son projet de société ouverte au niveau mondial

Clairement, Soros est inquiet du rôle que jouent les réseaux sociaux dans la contestation politique de son projet de société ouverte au niveau mondial. Comme on le voit, la médiasphère contemporaine est le lieu d’un affrontement planétaire entre d’une part une gauche globalisée qui veut dissoudre les États-nations au sein d’instances de gouvernances internationales type société ouverte et de l’autre, une forme de « droite » d’argent qui veut s’émanciper du carcan mondialiste pour revenir à des formes dures et concurrentielles de capitalisme ainsi qu’à un réalisme géopolitique au niveau des relations internationales. C’est la ligne Trump, mais aussi celle d’une grande partie des « conservateurs » dans le monde entier avec des nuances selon les histoires politiques de chaque pays. Les illibéraux me semblent surtout « illibéraux » politiquement et non pas économiquement. Ca n’est pas la ligne des nationalismes européens de troisième voie ou même du Gaullisme historique, mais c’est l’axe actuel de l’affrontement entre société ouverte d’un côté et capitalisme conservateur de l’autre partout en Occident.

Dans cette guerre politique mondiale de l’information, les réseaux sociaux comme Facebook sont utilisés par les stratèges conservateurs comme Steve Bannon afin de contrer les outils mis en place par les forces de la société ouverte. Autant de technologies politiques par lesquelles les populations désorientées par la mondialisation sont bombardées à feu nourri.

Breizh-info.com : Vous voulez dire que les conservateurs disposent aussi désormais de telles « technologies politiques » comme vous les désignez ? Verra-t-on émerger dans les prochaines années des « révolutions colorées » anti-globalistes et anti-Soros ?

Pierre-Antoine Plaquevent : Ce serait de bonne guerre ! Si l’on suit cette logique, on ne peut pas ne pas voir le rôle que joue en ce moment même Facebook quant aux possibilités d’organisation et de rassemblement du mouvement des gilets jaunes face à la censure macronienne. Un mouvement que je soutiens pour les possibilités de rupture avec le projet globaliste qu’il ouvre. Mais peut-être aussi que dans quelques mois, nous découvrirons le rôle qu’aura joué ce mouvement dans une tentative de déstabilisation du principal concurrent économique des États-Unis avec la Chine : à savoir le couple franco-allemand, cœur de l’Union-Européenne.

Le couple franco-allemand, dernier rempart du projet de Soros ?

Le problème pour nous autres Européens est le suivant : si l’Europe des Orban, Poutine et maintenant Salvini s’émancipe de la société ouverte comme projet de société et si l’Amérique de Trump tente de maitriser le « marais » de la société ouverte alors, naturellement, ses réseaux se replient et se déploient dans leur dernier rempart, le cœur de l’Union européenne : le fameux couple franco-allemand. Le récent Forum de Paris sur la Paix organisé avec le soutien de l’Open Society tend à montrer cette intention de faire du couple France-Allemagne un rempart de la société ouverte face à l’internationale souverainiste et à son Konservintern. L’Amérique trumpienne est aussi en friction régulière avec l’ONU, là où le couple Macron/Merkel accélère la reconnaissance par l’ONU du couple franco-allemand comme une entité politique à part entière. Les lignes de démarcation géopolitiques se font toujours plus lisibles. Dans ce contexte, une « révolution jaune » contre la société ouverte appuyée par l’ingénierie sociale conservatrice « trumpienne » serait une bonne chose pour les souverainistes face au projet de « forteresse Europe » de la société ouverte que veulent ériger les Macron, Merkel, Attali, Soros, etc.

Mais si la révolte des « gilets jaunes » amène à un changement de régime nécessaire en France, il faudra être très attentif à l’alternative de retour à l’ordre qui nous sera proposée. C’est pour l’instant une simple hypothèse, mais d’aucuns suggèrent déjà que la récente médiatisation du général de Villiers nous prépare à une transition de régime politique. Une transition de type national-atlantiste au vu du passage du général au sein de l’entreprise de conseil américaine : Boston Consulting Group (BCG). Une sorte de faux De Gaulle et de faux retour à l’ordre pour nous sortir du projet macronien.

Il faut constamment avoir en tête qu’à notre époque tous les affrontements politiques importants ont une portée et des ressorts planétaires qui nous dépassent, mais que l’on doit chercher à appréhender si l’on veut jouer un rôle non pas seulement d’objet, mais de sujet politique. Il faut savoir aller au-delà des apparences et du brouillage médiatique constant. C’est cela la base d’un véritable souverainisme.

Dans cette optique, c’est à nous souverainistes authentiques, d’aider le mouvement des gilets jaunes à s’orienter dans de bonnes directions et d’éviter ainsi les pièges qui se préparent. Je travaille d’ores et déjà avec quelques autres à construire un outil métapolitique qui va dans ce sens et dont j’annoncerai prochainement le lancement.

Propos recueillis par Yann Vallerie

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