12 octobre 2018

Le mythe de l'Andalousie arabe, exemple d'anti-occidentalisme


L'idéalisation de l’Andalousie arabe (soit la colonisation de l’Espagne par les arabes), véhiculée par les médias dominants, est le parfait exemple de double discours anti-européen et anti-chrétien. A l'inverse, la colonisation française de l'Algérie est diabolisée.

La réalité historique : colonisation de l’Espagne par les musulmans et discrimination

Selon la version politiquement correcte dominante, l’Andalousie arabe aurait été un paradis multiculturel où chrétiens, juifs et musulmans vivaient en paix, paradis qui aurait ensuite été détruit par l’intolérance sanguinaire de la reconquista. La réalité est tout autre :

Au 8e siècle, une armée d’arabes et de berbères islamisés conquiert par les armes puis colonise la péninsule ibérique. Les meilleures terres sont volées aux autochtones chrétiens et attribuées aux colons musulmans. Les chrétiens (appelés mozarabes), devenus minoritaires, survivent péniblement mais n’ont pas de droits politiques et sont systématiquement discriminés. Leurs révoltes sont noyées dans le sang.

Pendant 8 siècles, les colons imposent leur système politique et leur langue (ils n’ont jamais daigné parler l’espagnol). Toutefois, à partir du 11e siècle, les autochtones chrétiens s’organisent afin de se défendre. Partant du nord jusqu’au sud, ils libèrent progressivement l'Espagne du système colonial musulman en rétablissant les droits politiques des chrétiens et la langue espagnole (c'est la reconquista).

Au début de la reconquista, les descendants des colons arabes sont tolérés et peuvent continuer à vivre selon leur culture. Toutefois beaucoup d’entre eux n’acceptent pas la fin du régime colonial et se vengent en massacrant des autochtones chrétiens (révolte des Alpujarras). Comprenant qu’il n’y aura jamais de paix entre les anciens colons (musulmans) et les anciens dominés (chrétiens), les espagnols mettent en place une politique d’hispanisation et de christianisation des descendants de colons, afin de créer une société homogène et pacifiée. Beaucoup d’anciens colons acceptent cette politique et s’assimilent en prenant le baptême. Ceux qui refusent de s’assimiler seront finalement expulsés d’Espagne en 1609 (à noter que parmi ceux-ci beaucoup retourneront au Maghreb après avoir transité dans des ports français où ils ont été bien accueillis).

L’Algérie française : une colonisation inversée mais plus tolérante

D’un point de vue historique, l’Algérie française est en quelque sorte le miroir inversé de l’Andalousie arabe : schématiquement, on a affaire à 2 colonisations qui présentent beaucoup de points similaires. Une des différences majeures, toutefois, est que la colonisation de l’Espagne a été bien antérieure à la colonisation française du Maghreb et surtout beaucoup plus longue. Autrement dit, ce sont les musulmans qui ont été les premiers à attaquer et à occuper le territoire européen, la colonisation française n’étant qu’une réponse tardive à cette menace, destinée surtout à sécuriser la Méditerranée.

Dans l’Algérie française le statut des musulmans (absence de droits politiques mais protection des personnes) est à peu près équivalent au statut des chrétiens dans l’Andalousie arabe. Dans plusieurs domaines les européens se sont touefois montrés plus tolérants que les musulmans. La religion musulmane, par exemple, était parfaitement tolérée dans l’Algérie française : pas de politique de christianisation, lieux de culte protégés. Par ailleurs, après la guerre d’indépendance, les algériens ont immédiatement expulsé tous les pieds-noirs, alors que les espagnols avaient permis aux colons musulmans de rester sur place.

Comparaison des discours officiels: Andalousie arabe versus Algérie française

Or, malgré ces points communs, l’Andalousie arabe et l’Algérie française sont traitées de manière radicalement différente dans les discours politiquement correct : la colonisation de l'Espagne par les arabes est présentée comme un bienfait alors que l’Algérie française est systématiquement diabolisée.

Comparaison:

Colonisation arabe de l’EspagneColonisation française de l’Algérie
« la présence arabe a engendré une société plurielle moderne où cohabitaient pacifiquement les 3 religions révélées ».« les français ont occupé illégitimement un territoire musulman en y introduisant une religion étrangère (le christianisme). Ils n'avaient rien à faire en Algérie ».
« les arabes ont fait progresser la civilisation européenne, en apportant de nouvelles techniques et en faisant redécouvrir certains penseurs grecs » (on verra dans un autre billet que cet apport est largement exagéré).l'apport technique des français à une Algérie qui sortait du Moyen-Âge est complètement nié.
on s'émerveille du fait que les chrétiens étaient tolérés (on se garde bien de préciser qu'ils n'avaient aucun droit politique).on insiste sur la discrimination qu'aurait constituée à l'égard des algériens l'absence de droits politiques.
« la reconquista fut un acte d'intolérance religieuse envers les colons musulmans ».« la guerre de libération des algériens fut un acte héroïque et l'expulsion des pieds-noirs légitime».

La comparaison de ces « lieux-communs » complètement contradictoires, met bien en évidence leur absurdité et leur caractère idéologique anti-européen.

But et effets du double discours anti-occidental: culpabilité et acceptation de l'islamisation

Le but de ce double-discours est simple:

- culpabiliser les européens/français en leur faisant croire qu'ils ont une dette à l'égard des musulmans, afin de les forcer à accepter sans broncher l'immigration massive de musulmans en Europe (immigration qui dépasse très largement, par ses proportions, la colonisation de l'Algérie par les pieds-noirs).

- transformer dans l'imaginaire collectif européen le conquérant musulman en une victime de l'intolérance française/espagnole, renforçant ainsi la culpabilité des européens.

- faire croire que l'islam fait partie depuis toujours de l'identité européenne et que, par conséquent, l'islamisation ne menace pas du tout nos valeurs et notre civilisation.

Pire, ce double discours nourrit les thèses djihadistes, selon lesquelles l'Espagne, et par extension l'Europe, leur appartiennent et qu'ils ont la légitimité de les reconquérir. Il alimente la haine et la victimisation des musulmans, carburants du salafisme et du djihadisme. Les mouvements islamistes exploitent d'ailleurs parfaitement le mythe andalou (voir: http://www.memri.fr/2016/05/05/lespagne-dans-la-ligne-de-mire-de-lislamisme/).

C’est ainsi qu’on en est arrivés aujourd’hui à ce que de plus en plus d’adolescents français, en manque d’idéaux, nourris depuis tout jeune par la culpabilité, la haine de leur propre patrie et de leur propre culture, s’en vont en Syrie rejoindre les rangs djihadistes, afin de soutenir la cause des islamistes « innocentes victimes des européens lors de la reconquista, de la colonisation française et des croisades ».

[les fameuses « Croisades » sont d’ailleurs un autre exemple parfait de double-discours anti-occidental et de travestissement des faits historiques. Je publierai tout prochainement un billet sur ce sujet dans la rubrique « 2 poids, 2 mesures ».]

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