06 octobre 2018

Disparition du président d'Interpol


Le président d'Interpol est introuvable. Une enquête pour disparition a été ouverte pour tenter de retrouver la trace du Chinois Meng Hongwei, qui dirige l'organisation internationale de coopération policière. Sa famille n'a plus de nouvelles depuis son départ pour la Chine, à la fin septembre. C'est son épouse qui a signalé sa disparition aux autorités françaises en faisant part de son inquiétude, selon une source proche du dossier, confirmant une information d'Europe 1. Samedi 6 octobre, Interpol a officiellement demandé à la Chine une clarification sur la situation de son patron. Une affaire qui soulève plusieurs questions.

Qui est Meng Hongwei ?

Meng Hongwei, 64 ans, a été élu le 10 novembre 2016 à la tête d'Interpol lors de sa 85e assemblée générale annuelle à Bali (Indonésie), en remplacement de la Française Mireille Ballestrazzi, devançant largement un unique concurrent namibien. Son mandat court jusqu'en 2020.

Avant sa nomination, il exerçait en Chine comme vice-ministre de la Sécurité publique et y dirigeait le bureau national d'Interpol. Il faisait également partie des poids lourds du Parti communiste chinois. Durant sa carrière de policier, il a travaillé dans des unités de lutte contre le trafic de drogue, dans l'antiterrorisme et a dirigé les gardes-côtes chinois, selon sa biographie sur le site d'Interpol.

Cette première nomination d'un Chinois à ce poste avait été critiquée par des organisations de défense des droits de l'homme. La Chine a longtemps utilisé Interpol "pour arrêter des dissidents et des réfugiés à l'étranger", s'était inquiétée notamment l'ONG Amnesty International.

L'organisation policière s'en était défendue en rappelant que le président d'Interpol n'intervient pas dans son quotidien opérationnel et en soulignant que l'article 3 de ses statuts lui interdit toute ingérence en matière politique.

Comment a-t-il disparu ?

"Il n'a pas disparu en France", a précisé une source proche du dossier. Selon le quotidien de Hong Kong South China Morning Post, qui cite une source anonyme, Meng Hongwei fait l'objet d'une enquête dans son pays. Il a été "emmené" par les autorités "dès son atterrissage" la semaine dernière, pour des motifs encore flous, affirme le journal. La famille de la personne interpellée et son employeur doivent être avertis dans les 24 heures suivant une arrestation, ajoute le quotidien, en vertu de la loi chinoise sur la surveillance.

Visiblement, cela n'a pas été le cas. La disparition soudaine de hauts dignitaires chinois est devenue chose courante sous la présidence de Xi Jinping, qui mène depuis plusieurs années une campagne anticorruption soupçonnée de servir de purge politique, en Chine comme à l'étranger.

L'enquête a été ouverte à Lyon, siège mondial de l'organisation et lieu de résidence de Meng Hongwei et de sa famille. Elle a été confiée à la police judiciaire. "Cette affaire concerne les autorités compétentes en France et en Chine", s'est borné à commenter Interpol dans un communiqué, en soulignant que c'est l'Allemand Jürgen Stock, son secrétaire général, et non Meng Hongwei, qui est chargé de la conduite de l'organisation au quotidien.

Pourquoi cette disparition pose-t-elle question ?

Comme le fait remarquer la BBC (en anglais), les proches de responsables disparus contactent rarement les autorités étrangères, de peur d'aggraver les sanctions. Par ailleurs, Pékin voyait d'un bon œil la position de Meng Hongwei à la tête d'Interpol. "S'il a vraiment disparu au sein de l'appareil d'Etat chinois, qui a-t-il fâché ? écrit Celia Hatton, responsable de la zone Asie pour la BBC. Ou qu'a-t-il pu faire pour que Pékin renonce volontairement et publiquement à conserver un poste de premier plan au sein d'Interpol ?"

Interpol permet de favoriser les échanges entre les polices de ses 192 pays membres, grâce à des bases de données répertoriant par exemple les passeports déclarés volés. L'organisation est connue pour sa diffusion des "notices rouges", présentées souvent – à tort – comme des mandats d'arrêt internationaux : elles informent en réalité les pays membres d'Interpol de la délivrance d'un mandat d'arrêt par l'autorité judiciaire de l'un d'eux, sans obligation d'arrestation ni d'extradition.

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