La Bavière impose le crucifix dans les bâtiments publics, les Allemands sont en émoi
L'État régional allemand de Bavière est au cœur d'une polémique après sa décision d'imposer des crucifix dans les halls d'entrée des bâtiments publics en signe de «reconnaissance de son identité».
La décision d'imposer des crucifix dans les halls d'entrée des bâtiments publics a été prise fin avril en Bavière, une région à dominante catholique du sud de l'Allemagne où le parti au pouvoir, la CSU, va affronter des élections délicates cet automne face à une extrême droite en plein essor.
Installer des crucifix, ce n'est pas promouvoir «un signe religieux» mais «reconnaître une identité» et «l'expression d'une empreinte historique et culturelle», a justifié le ministre-président de Bavière, Markus Söder, alors que des crucifix trônent déjà dans les salles de classes et les tribunaux bavarois.
L'installation prochaine de ces croix ne concerne toutefois que les bâtiments appartenant à l'État bavarois et non ceux relevant des municipalités ou de l'État fédéral allemand.
Très critiquée, l'annonce a suscité de vives réactions, notamment sur les réseaux sociaux, certains la jugeant contraire au principe de «neutralité religieuse», ce que M. Söder a rejeté.
«Nous, les musulmans, n'avons aucun problème avec la croix» mais «la neutralité (religieuse, ndlr.) de l'État devrait toujours être respectée», a estimé Aiman Mazyek, président du conseil central des musulmans, cité par l'agence de presse DPA.
Il a mis en garde contre une «double morale» qui consisterait à accepter les symboles chrétiens mais à bannir de l'espace public les signes juifs ou musulmans.
Alliée d'Angela Merkel au sein d'une coalition conservateurs/sociaux-démocrates, la CSU est très critique avec la chancelière depuis qu'elle a ouvert en 2015 les portes à plus d'un million de réfugiés. Et elle a encore durci ses positions dans la perspective des élections de l'automne prochain, où le parti Alternative pour l'Allemagne (AfD) est en embuscade.
Récemment, le ministre de l'Intérieur de Mme Merkel et patron de la CSU, Horst Seehofer, avait ainsi suscité un tollé en déclarant que «l'islam ne faisait pas partie de l'Allemagne».
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