05 avril 2018

Requiem du marché haussier



Après la crise financière, la planète aurait dû implémenter des solutions structurelles globales. Faire des choix difficiles, mais nécessaires. Au lieu de cela, nous avons eu droit à des interventions coordonnées des banques centrales qui ont décimé les classes moyennes, enrichi les riches tout en vendant au reste que les choses s’améliorent alors que le chômage officiel baisse et que les marchés actions battent record sur record.

Les politiciens de tous bords ont profité de l’illusion de l’argent facile pour ne rien faire sur le front structurel. Ils ont même empilé la dette. Les récentes baisses d’impôts vont générer les 2 mêmes conséquences : creusement des inégalités et de la dette.

Les statistiques sont irréfutables. Cela va mieux pour la poignée de privilégiés :

 

Le plus grand marché haussier de l’histoire (?) et 90 % des ménages dont le patrimoine net est inférieur à ce qu’il était avant la crise financière ? Vu l’amplitude de l’intervention et du creusement de la dette, il s’agit d’une faillite intellectuelle. Les décideurs ont laissé tomber la majorité de la population. Point barre.

Hausse des revenus ? C’est faux :

 

La dette ? Un désastre dont on ne voit pas la fin :

 

Et c’est de pire en pire. Voici les projections du CBO à propos de l’explosion à venir de la dette, et ce scénario ne prend même pas en compte une récession :

 

Le château de cartes était prêt à s’effondrer dès le début de l’année 2016. Ils ont parlé de « récession des bénéfices ». Foutaise. Ce fut une récession en cours de formation, les banquiers centraux l’avaient compris, c’est pourquoi nous avons connu ces interventions additionnelles de 5 trillions de dollars entre 2016 et aujourd’hui. Les gens ont tendance à oublier que durant cette période, nous avons connu la phase interventionniste des banques centrales la plus agressive de toutes :

 

Et il ne s’agit que de la BCE ou de la BoJ. Ne parlons même pas de l’absurdité de la BNS de la petite Suisse qui investit des dizaines de milliards de dollars pour acheter des actions technologiques américaines et devenir ainsi un hedge fund positionné long.

Ajoutez à cela l’absurdité des baisses d’impôts et vous obtenez une tempête parfaite de liquidités artificielles. Les petits investisseurs sont tombés dans le panneau pour prendre le train de l’optimisme. Et boum, tout s’est écroulé en janvier.

Hausse des bénéfices ? Dans quel film ?

 

Tout ce que nous avons eu est une reprise après la récession des bénéfices, reprise engendrée par 5 trillions d’injections monétaires de par le monde. En fait, nous avons même vu les bénéfices des entreprises baisser durant le T4 2017, à des niveaux inférieurs à ceux du dernier trimestre de 2014. Pourtant les marchés sont en hausse de 25 %.

Bien sûr nous allons voir les bénéfices bondir en 2018 en raison de la réforme fiscale et du bénéfice par action en hausse à cause des opérations de rachats d’actions records. Tout ceci est le résultat d’interventions dont la réforme fiscale fait partie. C’est complètement artificiel, purement financé avec de la dette et des déficits massifs. Un transfert de richesse du bilan de la FED vers les bilans des entreprises.

Depuis 2009, les banques centrales et les gouvernements vendent l’illusion d’une croissance organique à renfort d’argent facile et de dette. Ils n’ont réglé aucun problème structurel. Ils continuent d’empiler la dette. Les ménages sont obligés de recourir aux mêmes méthodes tout en priant pour que l’inflation ne fasse pas son retour, sans quoi la partie est terminée vu que le coût de la dette augmenterait très rapidement. C’est pourtant ce qui est déjà en train de se produire depuis le début du relèvement des taux aux États-Unis :

 

En quoi est-ce intéressant d’acheter des actions dans un tel contexte ? La perspective de nouvelles stimulations monétaires ? S’il vous plaît… Elles ne font que grimper en raison des injections de liquidités. Aujourd’hui, c’est terminé, elles poursuivent peut-être sur leur élan.

C’est ce qui me fait dire que les marchés ont atteint leur plus haut ou l’atteindront en 2018 pour ensuite entrer dans un marché baissier long de plusieurs années alors que le cycle économique en cours atteint son terme et que la prochaine récession se manifeste pour faire éclater la vérité au grand jour. Quelle est cette vérité ? La technologie est le facteur déflationniste le plus puissant que la Terre ait connu, et cela va continuer. En conséquence, on ne peut obtenir de la croissance qu’avec de la dette alors que les gens qui avaient contribué à la croissance démographique arrivent à la retraite et que les caisses de retraite sont sous-financées, incapables de faire face aux obligations futures. Lorsque cette réalité se matérialisera, cela changera complètement notre perception des systèmes financiers, des marchés et de l’économie. (…)

Nous avons assisté à une première correction, à une explosion de la volatilité qui avait été artificiellement compressée. Le mois d’avril est d’habitude positif d’un point de vue saisonnier. (…) Nous pourrions connaître un nouveau plus haut, même si cela semble suspect d’un point de vue technique.

Il n’empêche que la situation globale n’a pas changé : rien ne permet d’affirmer que les marchés peuvent grimper sans stimulations artificielles. (…) »

Article de NorthmanTrader

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