24 mars 2018

Écologie glauque: le compost humain à la place du cimetière...

 

Pour être écolo jusque dans la mort, un projet américain propose de composter les corps des défunts. Transformés en engrais, les restes humains iront ainsi nourrir les jardins ou les arbres. Si le concept peut en choquer plus d’un, l’idée semble poursuivre son chemin : tout est déjà prévu, en effet, pour que ce compostage d’un nouveau genre soit possible d’ici deux ans.

Une nouvelle vie après la mort serait bientôt accessible, grâce au compostage de corps humains… Ce projet fou est né aux Etats-Unis, où les cimetières des grandes villes sont pleins à craquer. De plus en plus d’Américains rêvent d’enterrements naturels et respectueux de l’environnement. S’il existe déjà des cercueils ou des linceuls biodégradables, un projet américain, l’Urban Death Projet, propose d’aller plus loin en compostant son corps. Car, à l’instar des trognons de pommes ou du marc de café, notre corps peut se dégrader pour fertiliser les sols.

Mis, avec de l’azote, dans un matériau riche en carbone, comme les copeaux de bois, le corps humain est décomposé en acides aminés par des bactéries. Il se transforme alors en humus, sorte de terreau, qui ira nourrir les plantations. Si ce projet paraît délirant, il est concrètement réalisable. Dans plusieurs états américains, les services de transports municipaux proposent déjà des composts d’animaux morts ramassés au bord des routes…

Les familles pourront récupérer et utiliser le terreau

Pour recycler les morts, l’instigatrice du projet, Katrina Spade, a déjà tout prévu. Elle songe à faire construire des immeubles de compost en pleine ville, au centre desquels un coffre profond de trois étages recevra les défunts. Quelques semaines après le dépôt du corps, les familles pourront récupérer un pot de terreau, pour alimenter les fleurs de leurs jardins… Cet engrais a tout de même un prix : il faut compter 2.500 dollars pour le compost.

Actuellement, le Urban Death Project n’en est encore qu’à un stade expérimental. La première étape de sa mise en place a consisté à tester la faisabilité de cette méthode. Pour cela, une femme de 78 ans, dont le corps avait été légué par la famille, a été placé sur de la sciure de bois. Pour l’instant les résultats ne sont pas très probants… Après trois semaines, la température du monticule n’a atteint que 10°C, alors qu’un compost réussit doit être autour de 60°C (ce qui témoigne de l’action de décomposition).
 
Problèmes sanitaires

 
Le compostage humain soulève tout de même des questions sanitaires. Certains pathogènes, comme le prion responsable de la maladie de la vache folle, résiste au compostage. Il serait donc dangereux de le répandre sur des cultures destinées à la consommation humaine. Sans parler des amalgames dentaires, qui sont encore parfois composés de mercure, un métal lourd et toxique s’il est répandu dans l’environnement.

En attendant l’aboutissement de son projet, qu’elle espère voir naître d’ici deux ans à Seattle, Katrina Spade, estime que le compostage humain n’est pas qu’un acte écolo. Pour elle, c’est aussi un geste spirituel qui permet de se sentir connecté au cycle de la nature. Une sorte de seconde vie, tout comme la dispersion de cendres. S’il est actuellement difficile de s’imaginer finir en engrais pour salades, Katrina Spade, interrogée par le New York Times, rappelle que les rites funéraires n’ont jamais cessé d’évoluer avec les époques. Il y a une cinquantaine d’années, par exemple, la crémation n’était pas concevable pour beaucoup.

Par Léa Galanopoulo 
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