08 février 2018

Linky : l'arnaque...


Dans un rapport publié mercredi, la Cour des comptes épingle le montage destiné à financer le déploiement des compteurs d’électricité Linky, particulièrement généreux pour le distributeur Enedis, au détriment des consommateurs.

Données personnelles, ondes électromagnétiques… depuis le début de leur déploiement, il y a un peu plus de 2 ans, les compteurs Linky font l’objet de multiples craintes, malgré les messages rassurants des pouvoirs publics. Le rapport de la Cour des comptes publié mercredi pourrait bien ouvrir un nouveau front : le magistrats se sont notamment intéressés aux conditions de financement du dispositif, particulièrement avantageuses pour le distributeur Enedis (ex-ERDF)... et coûteuses pour les consommateurs.

Certes, l’installation de ce compteur, d’un coût unitaire évalué à environ 130 euros, n’est pas facturée aux ménages. Mais c’est bien à l’usager qu’il reviendra, au final, de financer le dispositif dont personne ne veut… simplement, cela ne se fera pas immédiatement. Les autorités ont, en effet, décidé d’un système de “différé tarifaire”. En clair, les coûts liés au déploiement de Linky ne seront répercutés sur la facture qu’à partir de 2021, au moment où Enedis sera censé réaliser des économies grâce au dispositif, en particulier grâce à l’automatisation de certaines tâches, telles que les relevés de compteurs, ou encore à la diminution des fraudes.

L’avantage de la manœuvre est d’éviter de brusques variations tarifaires. Si aucun différé n’avait été décidé, la facture aurait été alourdie dès 2014, puis allégée aux alentours de 2021, grâce aux économies réalisées. Avec le différé, le consommateur évite la hausse initiale. Et lorsque celle-ci intervient, elle est compensée par les économies générées par la mise en place de Linky. Au final, cela est donc censé neutraliser l’impact du déploiement sur la facture d’électricité.

Sauf que l’opération a tout de même un coût pour les ménages. “Ce différé constitue (...) une avance faite par Enedis, remboursée par les consommateurs à partir de 2021. Le taux d’intérêt de cette avance est de 4,6%”, explique la Cour. Or Enedis a pu financer cette avance à des conditions bien plus intéressantes. Au final, d’après les calculs des magistrats, l’opération représenterait “une marge de 2,8%” pour Enedis, “correspondant à un surcoût pour les usagers de 506 millions d’euros (...) sur la période 2014-2031”.

Et encore, tout cela ne vaut que si les hypothèses de départ, notamment en matière de coût de déploiement et d’économies réalisées, sont respectées. Ce qui n’est pas encore gagné. “L’intégralité des coûts des systèmes d’information n’a pas été prise en compte. Ceux-ci pourraient conduire à majorer les investissements de 0,3 milliard d’euros environ. Enfin, la perspective de réaliser tous les gains prévus n’est pas certaine”, prévient la Cour des comptes. “Si l’équilibre financier du projet venait à être compromis, il y aurait effectivement un risque de dérapage de la facture pour les consommateurs”, prévient Nicolas Mouchnino, spécialiste du secteur de l’énergie au sein de l’UFC Que Choisir. Linky n’a certainement pas fini de faire parler de lui...

 
 
 

 
Rares sont les quotidiens locaux à ne pas avoir relaté le phénomène, voire à ne pas lui avoir consacré une pleine page. Pour Sud Ouest (29/9/2016), c’est « une préoccupation pour les Français »». Une question de santé publique.

Les compteurs dits « intelligents » s’introduisent autoritairement dans notre quotidien. D’ici 2022, ils seront partout autour de nous, émettant leurs ondes sournoises, se rajoutant au brouillard électromagnétique existant. 35 millions de Linky, 11 millions de Gazpar, 34 millions de compteurs communicants pour l’eau froide et chaude remplaceront nos actuels compteurs fiables et résistants, mais jugés d’un autre temps.
80 millions de compteurs déclassés, dont certains installés depuis moins de cinq ans. Mais également un « bon nombre » de concentrateurs-communicants équipés d’antennes GPRS, dans nos rues, pratiquement à hauteur d’homme, relieront l’ensemble des données.

D’après les distributeurs et les défenseurs du modernisme coûte que coûte, pour Bruxelles qui la considère comme une « étape incontournable dans la stratégie des énergies renouvelables », la technologie intrusive déployée ne présenterait que des avantages :« rapprochement des intérêts des opérateurs et des consommateurs », « source de gain de temps et d’argent », « évolution positive pour le confort de l’abonné », etc.

« Économie d’énergie  » : nous ne demandons qu’à les croire, mais des équipements énergivores resteront de gros consommateurs.

Si nous ne traquons pas par nous-mêmes nos sources potentielles d’économie — ne rêvons pas ! —, notre facture ne baissera pas. S’ils voulaient véritablement aider l’usager en ce sens, ils engageraient un plan de soutien pour l’acquisition d’équipements de « classe A », à l’instar de la « prime à la casse » pour le secteur automobile.

« Relevé automatisé à distance », « plus d’attente lors d’emménagement » : cette avancée technique se révélera sur le moment appréciable, mais préfigure à terme de la main-d’œuvre en moins. 4.200 emplois seraient, ainsi, définitivement perdus sur l’autel du progrès.

Un peu partout dans le pays, des collectifs anti-Linky voient le jour. Des centaines de villes s’opposent à leur installation, dont Bagnolet, Caen, Douarnenez, Fontenay, Melun, Yerres. Une liste qui ne cesse de s’allonger, au point que l’AMF, présidée par François Baroin, après avoir adressé aux communes récalcitrantes un document prétendant les décisions des municipalités  « illégales »», demande désormais à l’État de  « fournir de manière objective et transparente aux habitants inquiets les réponses qu’ils attendent ».

Commencerait-il, lui aussi, à douter de la pertinence de ce type d’installation, ou son implication au côté de Nicolas Sarkozy dans le cadre de la présidentielle l’amène-t-elle soudainement à réfléchir ?

Le ton péremptoire d’une lettre d’Enedis (ex-ERDF) m’a conduite à approfondir le sujet. J’ai lu beaucoup de choses qui m’ont fait frémir. Pour une néophyte en la matière, distinguer parmi les arguments des opposants ceux qui étaient solides ne fut pas toujours simple. L’un d’eux, ne nécessitant aucune compétence particulière, a augmenté ma défiance : pourquoi accélérer l’implantation d’un dispositif prétendument inoffensif avant la publication de l’expertise de l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire) prévue pour la fin de l’année ?

Où tout cela nous mènera-t-il ? La recherche effrénée de modèle durable n’est-elle pas en train de fabriquer un environnement insoutenable pour les futurs — et déjà — électro-sensibles ?

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