04 janvier 2018

Génération Y

La génération Y regroupe, en Occident, l'ensemble des personnes nées entre 1980 et l'an 2000. Perçue comme ayant des caractéristiques sociologiques et comportementales propres, elle est une cible particulière dans le domaine du marketing.

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L'AVIS DE LA SOCIOLOGUE

RTSinfo: Cornelia Hummel, d’où viennent les termes de "génération X,Y,Z"?

Cornelia Hummel: Il faudrait faire un historique sur ce sujet, mais ce qui est sûr c'est que ces termes sont nés dans le monde du marketing et du sondage d'opinion et pas dans le monde de la recherche scientifique.

Quand un sociologue étudie les générations, il fera des études de temps longs et il utilisera plutôt des fourchettes d'âge de cinq ou dix ans. Un sociologue ne pourra étudier les jeunes de cette génération seulement dans vingt ou trente ans.

RTSinfo: Pourquoi cela plaît aux milieux du marketing de catégoriser la génération Y?

Cornelia Hummel: Ils ont envie de définir cette génération car cela leur permet de s’adresser à un consommateur spécifique en lui disant : "Vous êtes la génération écolo, achetez mon yaourt bio" C’est très prosaïque.

Tant qu'on ne voit pas la méthodologie, il faut prendre ces études sur la génération Y avec prudence. Souvent, dans l'échantillon, on trouve surtout des gens qui peuvent payer quelque chose ou des jeunes urbains éduqués.

RTSinfo: Est-ce que les crises économiques et écologiques influencent la vision du monde des jeunes?

Cornelia Hummel: Oui. Je pense que les jeunes sont extrêmement conscients qu'ils n’auront pas les mêmes conditions d'accès à plein de choses que la génération de leurs parents ou de leurs grands-parents.

Les jeunes vont avoir des conditions de vie beaucoup plus compliquées et plus aléatoires et des parcours professionnels en pointillés Cornelia Hummel, sociologue

Entre 1950 et 1980-85, nous avons vécu une parenthèse enchantée, qui est une vraie exception historique, et la fête est terminée. Aujourd'hui, les licenciements étant partout, les jeunes s'adaptent à un monde du travail qui change et qui n'offre plus à l'employé une insertion dans le temps long.

Les jeunes vont donc avoir des conditions de vie beaucoup plus compliquées et plus aléatoires qu'avant, des parcours géographiques avec plein de virages et des parcours professionnels en pointillés.

RTSinfo: L’arrivée d’Internet a-t-elle eu une influence sur cette génération?

Cornelia Hummel: C’est difficile à dire aujourd'hui. Dans mon quotidien à l'Université, je ne vois pas plus de curiosité sur le monde chez les jeunes d'aujourd’hui, que chez les jeunes d'il y a vingt ans.

Ce qui change surtout, c'est la précarité. Les inégalités sociales tendent à se renforcer beaucoup plus chez les jeunes d'aujourd'hui, notamment dans certains pays européens comme l’Espagne, la Grèce ou la France.

Pour un jeune qui vit dans une région où il y a 30% de chômage, se questionner sur le sens de la vie ou sur ce qu'il va manger pour améliorer sa santé n'est pas la priorité Cornelia Hummel, sociologue

Les jeunes qui vivent dans la précarité n'ont pas du tout la même vie, les mêmes aspirations, les mêmes rêves qu'un jeune issu de classe moyenne avec des parents en emploi, un bon réseau social et un certain nombre de capitaux. Ils n'ont pas le même champ des possibles.

Pour un jeune qui vit dans une région où il y a 30% de chômage, se questionner sur le sens de la vie ou sur ce qu'il va manger pour améliorer sa santé n'est pas la priorité. Le travail reste encore aujourd'hui le meilleur moyen d'intégration de quelqu'un dans la société. Le travail reste une dimension majeure qui n'a pas changé.

RTSinfo: Existent-ils d'autres changements majeurs, en plus de la précarité ?

Il y a des changements majeurs mais encore une fois on ne peut pas les mesurer. Il y a des changements de valeurs profondes, organisatrices de nos sociétés, par exemple dans les années 1970, le très fort assouplissement des normes en matière de famille, de couple, d'éducation et de sexualité.

Globalement, cela a touché tout le monde, car il y a eu des changements législatifs comme la légalisation de la pilule. On peut donc dire aujourd'hui que ce genre de changement historique a touché toute une génération de manière durable.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que ne sommes pas dans des systèmes de révolution, où c'est une génération qui va tout révolutionner. C'est toujours relativement lent.

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