13 février 2017

Matraquage


Ah, si vous aviez connu le Carnaval des années cinquante-soixante! Un joyeux boxon dans toute la ville, le populo par milliers qui défilait joyeusement, des zigotos déguisés un peu n’importe comment, des jeunes pas très recommandables qui coursaient les filles en vue de leur faire bouffer des confetti à poignées, des corsi bigarrés truffés de fanfares déconnantes et de grosses têtes aux évolutions erratiques, rivalisant de grotesque avec les énormes chars tout coruscants de carton pâte bariolé. Le tout baignant dans la bonne humeur pépère des braves gens qui mettaient l’occase à profit pour se lâcher un peu avec, bien souvent, l’assistance propitiatoire des bouteilles de cancaron (1) dont les cadavres innombrables débordaient des grosses poubelles en tôle étamée .
Par la suite, bien sûr, au fur et à mesure de la diversification des populations, l’évènement a progressivement perdu en spontanéité, pour devenir enfin ce qu’il est aujourd’hui: un exercice convenu, confiné au périmètre hyper-sécurisé de la Place Masséna et tout juste bon à donner le change aux troupeaux de vieux touristes blafards déversés par cars entiers dans des tribunes soldées à prix de gros. Il apparaît bien évident que le danger potentiel résultant des dizaines de milliers de « Chances Pour la France » qui grouillent dans les faubourgs de la ville, ne saurait nous autoriser à festoyer sereinement à l’instar de nos chers ancêtres. Le 14 Juillet dernier l’a prouvé de la manière la plus magistrale: ces petites joyeusetés bien de chez nous sont désormais à classer sans suite dans nos mémoires incertaines de vieux kroumirs.
Quel dommage, dites vous? Oui, j’en conviens, mais reconnaissons toutefois qu’on ne peut pas avoir le beur, la religion du beur, et les gaités de la vie d’avant! Il fallait y penser bien plus tôt, voilà plus de quarante ans, lorsque Giscard et Chirac, à peine constitués en couple exécutif promis à un divorce aussi rapide que conflictuel, décrétaient le « regroupement familial ». De Gaulle, autant que Pompidou, résistant aux pressions constantes d’une Gauche peut être encore plus hermétique au bon sens que celle d’aujourd’hui, refusèrent fermement de se laisser embarquer dans l’aventure invasive qu’on cherchait à leur imposer. Nos deux fringants petits nouveaux, sous prétexte de changement modernisateur, ne manquèrent pas, sitôt les élections bouclées, d’ouvrir tout grand les robinets du remplacement de population. On savait bien, pourtant, que les Maghrébin de l’époque croissaient et multipliaient dans des proportions hallucinantes, les familles de douze enfant et plus étant monnaie courante et bien connues notamment des services de la Sécu, lesquels crachaient déjà aux bassinets des petits papas immigrés. Mais qu’importe l’invasion pourvu qu’on mette un terme à la « misère sexuelle » de ces derniers! Que tout ce petit monde débarque chez nous, on se poussera un peu et la France retrouvera un dynamisme démographique qui s’émoussait grave depuis la fin du baby-boom! Sans parler du fabuleux enrichissement culturel qui devait à l’évidence en résulter… Alléluia les choux sont gras! Et c’est ainsi que le tsunami commença pour de bon… si vous buvez la tasse aujourd’hui, au moins savez vous à qui vous le devez!

Tout naturellement, depuis le milieu des années soixante-dix, la flotte passée sous nos jolis ponts a du mal à rivaliser avec l’ampleur de la marée humaine qui nous a déboulé dessus. Les chouettes cités H.L.M. dont nos politicards se montraient auparavant si fiers, évoluèrent très rapidement en territoires réservés aux immigrés, les infortunés européens qui y vivaient heureux jusque-là se voyant fortement incités au départ, en raison notamment d’un décalage civilisationnel insupportable. Ainsi, depuis la survenance, au sein desdites cités, des nouvelles générations de petits français généralement bi-nationaux et de plus en plus hostiles à leurs concitoyens aborigènes, une population spécifique s’est constituée, avec ses mœurs, son langage et ses lois propres, désormais suffisamment forte et nombreuse pour se trouver en mesure de damer le pion à l’État. Les « jeunes » d’origine maghrébine forment le noyau dur de cette nation concurrente, les sub-sahariens, généralement musulmans, gravitant autour de ces derniers en orbite basse, les Antillais et les « petits blancs » résiduels apparaissant en quelque sorte comme les métèques des précités, tenus de faire leurs preuves pour se voir tolérés.
Par surcroit, les complexes nourris par nos soi-disant élites depuis la fin de la seconde guerre mondiale, ont conduit celles-ci à considérer le simple constat ci-dessus évoqué, comme haïssable, voire pénalement condamnable en vertu des lois particulières votées contre « le racisme » par un parlement inféodé aux tenants de l’immigration bienfaisante. Dans un tel contexte les media de masse, totalement noyautés par ces derniers, n’ont cessé de mener une guerre sans merci aux lanceurs d’alerte qui tentaient de mettre en évidence les risques liés à l’invasion. Le « racisme anti-immigrés » se trouvant constitué en mal absolu, malheur à qui s’en verrait accusé par le tribunal médiatique. Durant quatre décennies, non seulement la France, mais également l’Europe et même l’Occident dans son entier, ont vécu sous un véritable matraquage publicitaire destiné à promouvoir l’immigré, vaguement regardé -sans le dire- comme le « bon sauvage » à la Rousseau, victime expiatoire de la méchanceté de nous autres, les sales néo-colonialistes inavoués. Sous un tel matraquage et la sourde terreur qui en découle, impossible de maîtriser l’évolution d’une situation dont on voit bien aujourd’hui le piège mortel qu’elle représente pour nos pays et singulièrement pour la France qui est la plus gravement frappée par le phénomène.

Alors quand par hasard la matraque change de mains et quand le matraquage s’applique au fondement d’un « jeune » de banlieue, le grand scandale éclate et l’émeute -légitimée par le diktat médiatique- le suit de près. Et nous avons l’affaire Théo!
Cette histoire à la con dont nous savons à peu près comment elle a commencé, tout en étant bien incapables d’en prédire la fin, n’est jamais que le dernier produit en date des quarante années de masochisme élitaire ci-dessus évoqué. Théodule, ou Théodore, on ne sait pas trop, garçon de bonne famille antillaise contrainte par les duretés de la vie caraïbe à s’exiler en Métropole, aperçoit tout à coup, à quelques encablures de sa déambulation, un contrôle de police. Les contrôlés étant, bien entendu, des petits « jeunes » de la cité de Théo, ou de Dudule, si vous préférez… d’ailleurs moi je préfère, alors comme je fais ce que je veux, à partir de cet instant, que cela vous plaise ou non, on va l’appeler Dudule, ce garçon, voilà!
Cela étant acté, le contrôle se passait mal, vu que les poulets s’obstinaient à vouloir contrôler alors que les jeunes gens manifestaient avec violence une intention rigoureusement contraire. A cette vue, le sang de notre Dudule ne fit qu’un tour et il s’en alla, fort courageusement, se mêler à l’altercation afin de prendre la défense des ses petits camarades injustement agressés. Mal lui en prit, car nos saloperies de flics eurent alors la malencontreuse idée de tenter de contrôler aussi la sienne d’ identité, à ce brave Dudule… De facto, après la fuite des petits jeunes bien heureux d’une aubaine qui leur aura évité une fouille au corps susceptible de déboucher sur une perte de temps devant un juge admonestateur, l’affaire tourna à l’arrestation musclée de notre héros. Alors, hic jacet lepus, Dudule, grand balaise n’étant pas homme à se laisser maltraiter fût-ce par des représentants de l’Ordre -surtout, même- commença à distribuer beignes et gnons tout azimut, ce qui entraîna l’ennemi à riposter grave. A un contre quatre, en dépit de son exceptionnelle vigueur, Dudule ne pouvait que succomber sous le nombre à l’issue d’une résistance héroïque. Et c’est au cours de cet affrontement bref mais violent que l’arme de l’un des roycos devint momentanément la grosse matraque à Dudule, vu que ce dernier hébergea un instant l’objet, paraît-il, au plus profond de son intimité. Que se sera t-il passé exactement, ne comptez pas sur moi pour vous le dire, je n’y étais pas, Dieu merci. En revanche l’Inspection Générale de la Police nationale, dont la mansuétude à l’égard des flics épinglés n’est toutefois pas la qualité première, conclut à une sodomisation accidentelle, sans doute liée aux paroles proférées par Dudule dans le feu de l’action: « ta matraque je m’assois dessus! » Là-dessus -enfin si j’ose dire- la résistance de Dudule fléchit, ce qui se comprend aisément et les volatiles purent alors lui passer les menottes et l’embarquer au poste. Comme un vulgaire malfaiteur!
Il fallut cependant se rendre à l’évidence, le troufignard de notre jeune ami avait passablement souffert de l’aventure, ce qui conduisit le commissaire à le confier au corps médical, mieux à même que lui de pallier les conséquences de cette sorte de bobo. A l’hosto, le jeune garçon raconta l’affaire à sa façon, les folliculaires commencèrent à s’y intéresser et, ce qui n’était jusque-là qu’une banale altercation de quartier, vira très vite à l’affaire d’état. Les télés publièrent une vidéo de l’arrestation, et bien qu’on n’y vît nullement le coup de la grosse matraque à Dudule, se mirent illico, dans un assourdissant concert médiatique, à hurler au viol, à dénoncer les violences policières et à réclamer justice pour Dudule, enfin pour Théo. Ce qu’entendant, l’ami Culbuto, n’ayant plus grand chose à foutre, se précipita au chevet du jeune homme… on prétend même qu’il lui aurait apporté un tube de vaseline, à toute fins utiles, pour une éventuelle prochaine fois… En tout cas on notera surtout qu’il n’en rate pas une, Pépère, il fonce et réfléchit après, comme pour Léonarda…il y en a que l’expérience n’enrichit pas, il n’écoute toujours que son petit cœur, le cher Homme. Plait il? Comment dites vous? Ah, non, l’histoire ne dit pas si pour gagner du temps il s’est vraiment rendu à l’Hôpital sur son scooter, je crois qu’il s’agit là d’une rumeur invérifiable.

Et voilà, donc! Depuis lors le matraquage médiatique n’a pas cessé une seconde et, profitant de la lumière aveuglante du gros projecteur, la banlieue s’embrase, l’émeute gronde à Bobigny et les cités sans-cible semblent en passe de nous refaire 2005. Observons seulement que tout ce qui compte dans ce pays, jusqu’au plus haut sommet de l’État, n’a eu de cesse de considérer a priori le jeune homme comme victime des violences policières. Le fait -avéré- qu’il ait attaqué des flics en service, ses refus d’obtempérer, sa rébellion manifeste contre les Forces de l’Ordre, les coups qu’il a portés aux poulagas, toute ces choses-là ne comptent en aucune façon. Dans ce pays, toute racaille dispose du droit d’agresser la Police, alors que réciproquement celle-ci a le devoir de se laisser faire sans protester. Seuls les honnêtes-gens restent tenus de respecter un tant soit peu les représentants de l’Autorité Républicaine… ce qui explique surabondamment pourquoi cette dernière part complètement en quenouille!

Et vous voyez, vous, par dessus le marché, Macron Président ? C’est pour le coup qu’on y aurait droit pour de bon, nous aussi, à la grosse matraque à Dudule!

Bonne semaine, amitiés à tous.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

(1) Le Cancarone est un petit vin de Ligurie, pas bien terrible, d’où le fait que par chez nous on appelait « cancaron » un pinard de mauvaise qualité.

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