30 janvier 2017

Que se passe t-il en Arctique ? : 2017 et il y a toujours de la glace !


A la fin de l’année 2016 l’arctique a connu pendant plusieurs jours des températures anormalement élevées en même temps que l’Eurasie du Nord se refroidissait. Les alarmistes y ont vu une double confirmation de leurs thèses : celle de l’amplification arctique et celle plus récente dite « Warm Arctic, Cold Continents » selon laquelle le réchauffement de l’Arctique conduirait au refroidissement des continents. L’arctique a déjà connu au vingtième siècle une période de réchauffement de 20 ans (1920-1940), suivie d’une période de refroidissement qui s’est prolongée jusque dans les années 1970. Certes la banquise a régressé en extension (à son minimum du moins de septembre) mais elle est plus épaisse en 2016 qu’elle ne l’était en 2011. De plus le bilan masse des glaces continentales est positif. Des phénomènes chaotiques se produisent en hiver alors que la période estivale est caractérisée par une grande stabilité des températures, ce qui fait dire au Climatologue Richard Lindzen «le CO2 n’est pas, de manière évidente, un facteur déterminant». La focalisation sur l’effet de serre empêche (ou retarde) les travaux sur les causes naturelles possiblement à l’oeuvre en arctique notamment la bascule arctique/antarctique et l’influence des oscillations océaniques multi décennales. 

Un réchauffement qui n’est pas sans précédents

La courbe ci-dessous (établie par la NOAA[2]) montre que la zone arctique (60-90°N) s’est réchauffée plus rapidement que la moyenne globale dans les 15 dernières années. Ce phénomène est qualifié d’amplification arctique parce que un réchauffement initial mettrait en route une boucle de rétroaction positive banquise-albedo.

Anomalies annuelles moyennes annuelles de la température de l’air de surface (SAT) (en ° C) pour la période 1900-2016 par rapport à la moyenne 1981-2010. (stations terrestres au nord de 60 ° N) 

Ce réchauffement n’est pas inédit

Dans une étude publiée en 2009 dans Geophysical Research Letters[3], Chlylek and al ont mis en évidence deux périodes de réchauffement de l’Arctique (1910-1940 et 1970-2008). Dans une étude publiée en 2006[4] ces mêmes auteurs estimaient que le réchauffement de la période (1920-1930) avait été de plus important que celui de la période 1995-2005. Plus récemment (juin 2012), une publication de Nature Geoscience intitulée « Une vue aérienne des fluctuations liées au climat des glaciers du Sud-Est Groenlandais durant 80 ans » montre des photos aériennes exhumées des archives de la septième expédition de Thulé dirigée à l’époque (à partir de 1932), par le Dr. Knud Rasmussen. Ces photos révèlent que de nombreux fronts de glaciers ont subi dans les années 1930 un recul d’une ampleur comparable à celle de l’actuel au sud-est du Groenland.

Régression de la banquise, stabilité du volume des glaces

La situation de l’arctique n’est évaluée qu’à l’aune de l’étendue de la banquise. Or si la fonte de la banquise est spectaculaire elle est sans influence sur le niveau des mers ; plus silencieuse, donc moins commentée est l’évolution des glaces continentales qui est plus importante dans ses conséquences : si les deux à trois kilomètres épaisseur de glace qui couvrent le Groenland fondaient le niveau des mers s’élèverait d’environ six mètres. Or le volume des glaces semble évoluer de façon plutôt favorable.

Régression de l’étendue de la banquise

Depuis le début des années 2000, la superficie résiduelle de la banquise en septembre accuse une nette dérive négative : -19% sur la période 2000-1016 (5,057 millions de km2) par rapport à la période 1981-2010 (6,275 km2). La courbe ci-dessous compare la surface de la banquise des quatre dernières années (2012-à 2016) à la moyenne 1981-2010.


Source : National Snow & Ice Data Center[5]

On ne note pas d’accélération de la tendance à la régression, le point bas de l’année 2012 s’expliquant par un événement météorologique extrême (une puissant cyclone qui a ravagé la couverture glacée de la mer arctique en Août 2012) qui ne parait pas représentatif d’une tendance à long terme. De plus les observations satellitaires n’ont commencé qu’en 1978, donc à la fin d’une longue phase de refroidissement ce qui pourrait signifier que ces mesures ont un point de départ élevé.

Mais extension de son épaisseur

Le satellite Cryosat de l’Agence Spatiale Européenne fournit en plus de l’extension spatiale de la banquise des informations sur son épaisseur et donc le volume de glace (superficie X épaisseur moyenne). Or ces relevés montrent une augmentation du volume de la banquise arctique : à la fin de l’été 2016 la glace était plus épaisse que la plupart des autres années (116 cm en moyenne), comme le montre le graphique ci-dessous.

 
2011–16 November Arctic sea-ice volume (Source : European Space Agency[6])
 
Et augmentation des glaces continentales

La courbe ci-dessous établie par le site danois DMI montre l’évolution du bilan de masse surfacique (en Gt) à partir de son point bas du premier septembre. Elle montre une augmentation en 2015 et 2016 par rapport au niveau moyen de la période 1990-2013.


DMI (Danish Meteorological Institute)[7]

Il neige plus qu’il ne fond au Groenland, le bilan masse de surface est donc positif même si le vêlage des icebergs serait la cause de la perte d’environ 200 Gt/an de glace. Rapporté au volume total de glace (estimé à 3 +ou- 0,4 millions de kilomètres cubes) cette perte annuelle ne représente que 0,007 %. Selon certains auteurs elle serait d’autre part surestimée : Shepherd et al. (2012) estiment cette perte à 142 ± 49 gigatonnes, D.H. Bromwich et J.-P. Nicolas (2010) la divise carrément par deux.
Des causes naturelles sous estimées

La focalisation sur l’effet de serre éclipse les études envisageant des causes naturelles au réchauffement de l’arctique. Le site DMI[8] montre une remarquable stabilité des températures arctiques en été et une grande variabilité en hiver, comme le montre la courbe ci-dessous mise à jour depuis 1958.
 
Source : Danish Meteorological Institute (http://ocean.dmi.dk/arctic/meant80n.uk.php)

Le climatologue Richard Lindzen[9] donne l’explication suivante : en été, quand il y a la lumière du soleil, les températures sont en grande partie déterminées par l’équilibre radiatif local; en revanche pendant la nuit d’hiver il y a des transports de chaleur venant des latitudes plus basses provoqués par des convections turbulentes ou des tempêtes. L’interprétation des températures de l’arctique nécessite la compréhension de la raison pour laquelle ces tempêtes pénètrent en arctique de manière erratique. Richard Lindzen conclut : «Au vu du comportement des températures estivales, le CO2 n’est pas, de manière évidente, un facteur déterminant».

L’analyse des carottes de glace a montré une évolution de l’arctique et de l’antarctique en opposition de phase (quand l’antarctique se refroidit, l’arctique se réchauffe et vice-versa) au cours des deux dernières périodes glaciaires. Ce phénomène connu sous le nom de « bascule polaire » a également observé tout au long du vingtième siècle : dans une étude publiée en 2010 par la revue Geophysical research letters [10] Chylek et al ont montré que l’alternance de périodes plus chaudes et plus froides se corrèle de façon frappante avec l’Oscillation Atlantique Multi décennale AMO, comme le montre la courbe ci-dessous extraite de cette étude.

Bascule bipolaire

Séries temporelles de température corrigées de l’Arctique (en bleu ) et de l’Antarctique (en rouge )
(Chylek et al : Twentieth century bipolar seesaw of the Arctic and Antarctic surface air temperatures)

Une étude de 2013 publiée dans la revue Climate of the past [11] a reconstitué les anomalies de températures au Groenland au cours des 800 dernières années et montre une variabilité régionale influencée par des changements du régime de circulation atmosphérique induits par l’activité solaire. Plus récemment (2016) une publication dans la revue Nature[12] établit un lien entre le réchauffement de l’Arctique et l’oscillation pacifique décennale (PDO) : ce réchauffement serait plus important pendant la phase négative de la PDO.

Comme le remarque le site GWPF dans un billet du 21 novembre 2016[1] :

Tant que ne cessera pas le battage médiatique et les spéculations non scientifiques sur l’Arctique, la science ne pourra pas expliquer ce qu’il s’y passe réellement.

[1] A brief history of arctic Angst

[2] Source NOAA (http://arctic.noaa.gov/Report-Card/Report-Card-2016/ArtMID/5022/ArticleID/271/Surface-Air-Temperature)

[3] Contribution of sea-ice loss to Arctic amplification is regulated by Pacific Ocean decadal variability (http://climateresearch.lanl.gov/source/orgs/ees/ees14/pdfs/09Chlylek.pdf)

[4] Greenland warming of 1920–1930 and 1995–2005 (http://88.167.97.19/temp/Greenland_warming_of_1920%E2%80%931930_and_1995%E2%80%932005_Chylek.pdf)

[5] NSIDC (http://nsidc.org/arcticseaicenews/

[6] http://www.esa.int/Our_Activities/Observing_the_Earth/CryoSat/Arctic_freeze_slows_down

[7] https://www.dmi.dk/en/groenland/maalinger/greenland-ice-sheet-surface-mass-budget/

[8] http://www.osi-saf.org

[9] Conférence donnée de R. Lintzen (10 février 2010) au FermiLab (laboratoire des hautes énergies US) » La curieuse question du réchauffement climatique »

[10] Geophysical research letters Petr Chylek et al (2010) : twentieth century bipolar seesaw of the Arctic and Antarctic surface air temperatures (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2010GL042793/abstract)

[11] http://www.clim-past.net/9/583/2013/
[12] http://www.nature.com/nclimate/journal/v6/n9/full/nclimate3011.html

Source

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