19 octobre 2016

« Lettre à un simple flic » par Laurent Obertone


Cher policier,

La première fois, ils t’ont pris de haut, t’ont menacé, t’ont crié dessus. Tu as remis ça cette nuit. Ils ne sont pas habitués… Tu as compris ? Ils ont peur. Cette fois ils vont te flatter, essayer de t’amadouer. Tu vas en avoir, tout à coup, de l’attention, de la compréhension, de la considération. Tu leur fais très peur, en réalité. Plus loin tu iras, plus bas ils s’aplatiront.

Alors ces prochains jours ils vont promettre, s’agiter, les syndicats vont temporiser, les médias feindre de t’ignorer… Peut-être bien que tu vas céder aux promesses et rentrer dans le rang. C’est normal, tu as une famille, une vie. Ceux qui te traiteront de lâche ne feront jamais le centième de ce que tu viens de faire.
Mais nul ne t’enlèvera une chose : ces dernières heures, tu as pris conscience de ton pouvoir.
C’est toi, le plus important. Tous, tu les tiens. En une nuit, tu es devenu immense et eux minuscules. Toi, le pompier du réel. Toi, qui te prends tous les jours soixante ans de politique inepte dans la gueule. Prends bien conscience de ce pouvoir. Tu es bien plus fort que leurs discours, que leurs mensonges.
Si tu crois qu’ils vont trop loin, tu pourras décider d’ignorer leurs menaces et de ne plus croire en leurs promesses. Tu pourras aller beaucoup plus loin. Tu sais qu’il n’est pas seulement question de moyens, de considérations. Tu sais que le problème va bien au-delà.
Tout cet État, toute ta hiérarchie ne tiennent qu’à un mot : devoir.
Ta hiérarchie, ton État, respectent-ils leurs devoirs ?
Tu connais la réponse.
Tu n’es pas le gardien d’une institution, ni d’un gouvernement, ni d’un régime.
Tu es le gardien de la France. Ton engagement sacré, c’est celui-là. Ta seule loyauté est là.
Toi seul en a les moyens. Le peuple ne descendra pas dans la rue : il te regarde à la télévision.
Toi, tu n’es pas désarmé. Que va-t-on faire, contre toi, contre ta colère, contre tes collègues et ton insurrection sacrée ? T’envoyer les gendarmes, les militaires ? Bien sûr que non. On ne peut rien faire contre toi.
On ne peut que se taire et t’écouter.
N’oublie jamais ça, immense policier.
Tu es le garant de notre liberté.


Laurent Obertone

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