21 juillet 2016

Attentat de Nice : des victimes portent plainte contre l'Etat


Blessé pendant l'attentat du 14 juillet à Nice, un homme a indiqué son intention de porter plainte contre l'Etat pour sa défaillance dans sa mission de sécurité. D'autres victimes envisagent de s'engager dans la même démarche, malgré les réticences de leurs avocats.

Plusieurs victimes de l'attentat du 14 juillet envisagent de porter plainte contre l'Etat. Thierry, un homme de 53 ans, confie à l'AFP ce qui le pousse à s'engager dans cette démarche compliquée. Le soir de l'attaque, il ne se trouvait pas sur la promenade des Anglais. En apprenant ce qui s'y passait, il s'y était précipité pour secourir sa compagne et sa fille, qui assistaient au feu d'artifice. "Elles m'ont appelé en pleurs, le camion les avait frôlées", raconte-t-il. Le 15 juillet, "on est allés au commissariat Auvare pour faire une déposition. (...) A la fin le policier nous a demandé (...) si on voulait ajouter quelque chose. On a dit qu'on portait plainte aussi contre X et contre toutes les personnes en charge de la sécurité, c'est-à-dire le préfet, le maire et l'organisateur des festivités, pour défaut de sécurité". "On est un état d'urgence et on laisse une telle passoire? Je suis grand-père, j'ai failli perdre ma compagne. (...) On ne comprend pas comment une telle chose a pu arriver".

L'agacement palpable du quinquagénaire est partagé par de nombreuses autres victimes ou proches de victimes, qui envisagent également de porter plainte. Selon plusieurs avocats, cette démarche est déconseillée : "C'est une aberration juridique, explique Maître Laurent Denis-Peraldi à l'AFP. Vous imaginez la complexité pour arriver à démontrer la faute de la ville ou de l'État? En plus, on ne peut pas être indemnisé deux fois pour le même préjudice. Or, il existe déjà un régime extrêmement favorable qui permet de se faire indemniser, en tant que victime d'un attentat".

"Attaquer l'Etat n'est pas très moral" 

Même son de cloche du côté de Me Françoise Assus-Juttner, responsable de l'antenne locale de l'Association française des victimes du terrorisme (AFVT) : "Certes, les victimes ont le droit de porter plainte contre l'État, mais pour obtenir quoi? Elles ne pourront rien avoir de plus que ce que prévoit déjà le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions." "Par ailleurs je ne suis pas certaine que la mise en cause de la responsabilité de l'État soit la meilleure façon pour obtenir réparation", ajoute-t-elle: "Et attaquer l'État, qui est lui-même victime du terrorisme, n'est pas très moral."

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