21 juin 2016

B.A. BA du BHL


Bernard-Henri Lévy porte beau : photogénique, il a le sens de la formule et semble toujours prêt à surgir dans votre poste de télévision pour dénoncer l’injustice et les nouvelles « barbaries ». En apparence, un démocrate militant, un intellectuel de gauche engagé, à la Sartre. Vous pensez peut-être qu’il est un philosophe courageux, prompt à réveiller les consciences endormies.

Vous avez tort. BHL n’est ni philosophe, ni intellectuel influent, ni militant des sans-grade, ni journaliste chevronné. Comme le montre cette enquête fouillée – version actualisée et largement remaniée du B.A. BA du BHL (La Découverte, 2004) –, c’est un excellent publiciste, une star des médias et un essayiste à succès. Et aussi un ami des grands patrons et des dirigeants politiques, à commencer par Nicolas Sarkozy. C'est que BHL propose une offre qui rencontre une demande : il fait le spectacle, produisant le grand récit hollywoodien du monde que les médias aiment relayer et que les pouvoirs chérissent, car il les protège du feu de la critique. Il a occupé le devant de la scène lors du déclenchement de la guerre en Libye et, au nom de l'ingérence humanitaire, se préoccupe de l'Iran et du Darfour. Mais sa défense des opprimés passe au second plan lorsqu'il s'agit d'Israël, dont il relaie la communication officielle. Et son féminisme est à géométrie variable : il défend l'Iranienne Sakineh Mohammadi Ashtiani, menacée de lapidation, tout en décrétant par principe Dominique Strauss-Kahn innocent de l'accusation d'agression sexuelle portée contre lui.
À soixante ans passés, l'intellectuel est un cas plus intéressant que sa propre personne. Il incarne un mouvement qui le dépasse, mais dont il fut l'un des moteurs : la réinvention du pouvoir médiatique en illusion intellectuelle.
 

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