25 mai 2016

Sur le Bardo...


Littéralement, « état intermédiaire ». Ils sont au nombre de six. Le premier est le bardo de l'état de veille ordinaire ( kye ne bardo en tibétain). C'est l'expérience de la réalité éveillée et consciente telle que nous la connaissons. Le deuxième est le bardo de l'état de rêve ( milam bardo en tibétain). C'est l'expérience du temps de rêve dans le sommeil. Le troisième, le bardo de la méditation ( samtem bardo en tibétain) comprend l'expérience de la méditation dans son ensemble, depuis la méditation du novice jusqu'à la réalisation totale. Le quatrième, le bardo du processus de la mort ( chilkai bardo en tibétain), est le processus durant lequel les cinq éléments dont notre corps est constitué (l'espace, l'air, l'eau, le feu et la terre) se dissolvent l'un dans l'autre. Selon le Livre Tibétain des Morts , c'est d'abord l'élément terre, de couleur jaune, qui se dissout dans l'élément eau. Simultanément, le mourant perçoit une couleur jaune et se sent faible et incapable de se tenir debout, comme si tout ce qui l'entoure se désagrégeait. Deuxièmement, l'élément eau se dissout dans l'élément feu. Intérieurement, le mourant perçoit la couleur blanche et, extérieurement, il lui semble que ce qui l'entoure est inondé. À ce moment-là, le visage et la gorge semblent desséchés et l'on éprouve une très grande soif. Troisièmement, l'élément feu se dissout dans l'élément air. Intérieurement, la personne perçoit la couleur rouge tandis qu'extérieurement, ce qui l'entoure lui semble très chaud. La personne peut éprouver une sensation de brûlure tandis que la chaleur du corps se dissipe. Quatrièmement, l'élément air se dissout dans l'élément espace ou éther. Intérieurement, le mourant perçoit la couleur verte et extérieurement, il lui semble qu'un vent furieux et un tonnerre fracassant détruisent ce qui l'entoure. Au cinquième stage, l'éther se dissout dans la conscience, l'obscurité remplace les phénomènes et la personne perd momentanément conscience, comme lors d'un évanouissement.

Le cinquième bardo ( chonyid bardo en tibétain), le bardo de la réalité, entraîne la manifestation d'apparitions et d'expériences semblables à des hallucinations, en conséquence des propensions karmiques d'une personne. Par le recours à la conscience de méditation, l'individu a une opportunité de reconnaître la nature véritable, illusoire de ces images. Ces hallucinations sont de nature analogue aux images des rêves. C'est pourquoi la capacité de rêve lucide peut être utile pour les percevoir en tant qu'illusion. Selon le Livre Tibétain des Morts , une expérience d'éveil est possible si nous pouvons garder à l'esprit que les expériences terrifiantes ne sont rien de plus que les manifestations de notre propre esprit.

Le sixième bardo ( sipa bardo en tibétain), le bardo de la quête d'une renaissance dans le samsâra, correspond à la perspective du bouddhisme tibétain sur la réincarnation. Le sipa bardo décrit en détail le processus qui amènera un individu à renaître, selon son karma, dans un des six mondes (le monde des dieux, des demi-dieux, le monde humain, animal, des esprits affamés, et le monde infernal). Dans un parallèle intéressant avec la théorie psychanalytique, la tradition du bouddhiste tibétain affirme que l'individu, tandis qu'il se trouve encore dans un corps mental, éprouvera une attirance sexuelle pour le parent du sexe opposé et de l'aversion envers le parent du même sexe. En fait, selon la philosophie du bouddhisme tibétain, tout ce que l'être désincarné perçoit de ses futurs parents sont leurs organes sexuels. C'est peut-être la base la plus fondamentale de ce que nous appelons le complexe d'Œdipe.

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