25 avril 2016

Comment se protéger des imageurs thermiques

 
Une des préoccupations survivalistes, eu égard à l'apparition de nouvelles technologies et de leur mise à disposition du grand public, concerne les systèmes à imagerie thermique, qui permettent de repérer facilement les cibles humaines dans le noir le plus complet. Et par extension, tout animal à "sang chaud" se trouvant dans le périmètre.

Survivre au Chaos a donc décidé d'y répondre, et d'éclaircir un sujet habituellement confidentiel, ou du moins sur lequel il est difficile de trouver des informations fiables, en vous proposant une étude rapide des principes de fonctionnement des imageurs thermiques, et surtout des moyens de leur échapper...

Comme leur nom l'indique, les systèmes à imagerie thermique permettent de mettre en évidence le rayonnement thermique dégagé par les êtres humains, les animaux, voire les objets et matériaux, dans un environnement déterminé. On appelle ce principe la Thermographie, qui est basée sur l'analyse du spectre des Infrarouges (IR).

Les systèmes portatifs les plus "simples" se nomment des imageurs thermiques, ou encore viseurs thermiques lorsqu'ils sont montés sur une arme. Ces instruments ne mesurent pas directement les températures des différentes cibles qui se trouvent dans leur champ, mais se contentent d'afficher les différences de température de ces cibles selon une échelle de couleurs ou d'intensités lumineuses.

Un imageur thermique offre en quelque sorte une lecture instantanée du spectre des infrarouges. Les photos ci-dessous vous donneront une bonne idée du principe (source Wikipedia).

Thermographie mettant en évidence le caractère très isolant de la fourrure du lion mâle.

Serpent (animal à sang froid) autour d'un bras.

Notez que ces deux images ont été obtenues avec des appareils de mesure sophistiqués (probablement des caméras thermiques). Les imageurs thermiques " bon marché " abordables au survivaliste fortuné tels que les Flir modèles Scout et autres, ne donnent aucun relevé de températures, ni même de couleurs. Les écarts sont exprimées en noir et blanc, et les cibles visées apparaissent alors en négatif, les parties les plus chaudes étant les plus claires et inversement.

Tout corps chaud peut être détecté par les IR qu'il dégage au moyen d'un imageur thermique, et un tel équipement représente alors un véritable challenge pour toute personne ou toute chose désirant passer inaperçue. Vous pourriez posséder le meilleur camouflage, il n'en reste pas moins que vous seriez tout à fait visible aux yeux de quiconque doté d'une lunette infrarouge, ou à la caméra d'un drone passant au dessus de votre tête.

Et cela vaudrait aussi pour tout équipement que vous voudriez dissimuler. Ou une arme qui viendrait de tirer...

Qu'est-ce qu'un Infrarouge ? C'est en quelque sorte une lumière invisible à l’œil humain ; Une radiation électromagnétique dotée d'une longueur d'onde supérieure à celle de la lumière visible, notamment dans la partie rouge du spectre. Si l'on pouvait mesurer ces longueurs, elles s'échelonneraient entre 0,00074 et 0,3 mm. Un corps humain à température normale irradie justement à une longueur d'onde comprise entre ces deux longueurs, soit directement dans les infrarouges !

Pour ne pas prolonger inutilement le suspens, autant dire la vérité tout de suite : Il est extrêmement difficile sinon impossible d'échapper à la détection thermique. Cependant, certaines techniques peuvent aider à rendre celle-ci plus difficile, et c'est le but de cet article que de vous les livrer.

La première de ces techniques, et l'une des plus efficaces, consiste à se cacher derrière une surface vitrée. Le verre est opaque à la thermographie. Malgré cela, ce n'est pas une solution très pratique, compte tenu de l'impossibilité évidente de se balader dans une cage en verre, ou de se construire un habitacle fait d'un tel matériau du sol au plafond.


Une autre méthode pour bloquer les IR, simple et efficace, peut être fournie par une couverture argentée (couverture de survie), ou une feuille Mylar. Le problème avec de tels dispositifs est que quel que soit le corps ou la matière que l'on cherche à dissimuler au-dessous, sa chaleur va augmenter jusqu'à une température insupportable, ou s'échapper à un quelconque endroit qui sera alors visible à l'imagerie infrarouge. Une telle dissimulation sera dans ce cas temporaire, à moins d'élaborer un système particulier qui permettent de disperser la signature thermique.

Une méthode rapide pour se cacher provisoirement est de simplement se recouvrir d'une couverture, voire d'un poncho, d'une bâche (tarp), ou d'un duvet déplié, comme on en dispose en général lors de sorties sur le terrain. Une épaisse couverture en laine, par exemple, va aider à " battre " un imageur ou viseur thermique. On se recouvre alors d'une couche isolante, de manière à ce que la chaleur soit bloquée (ou partiellement bloquée) et n'irradie pas à l'extérieur. Mais là encore, il ne s'agit que d'une dissimulation provisoire, dans la mesure où la chaleur va augmenter progressivement sous la couverture, jusqu'à finir par s'échapper. Cependant, une telle dissimulation peut se révéler suffisante dans le cas d'une défense purement passive (c'est à dire sans mouvements), lors d'un contrôle rapide de périmètre fait par un ennemi qui serait doté d'un système thermique, ou du survol d'un drone...

Une autre méthode pour se cacher partiellement des infrarouges serait de se placer à proximité d'un autre objet chaud comme des pierres ou un mur épais qui pourrait avoir conservé la chaleur accumulée durant la journée. De même, la ventilation d'un immeuble soufflant de l'air chaud pourrait constituer une source de chaleur susceptible d'obscurcir la signature thermique d'un corps humain. Vous avez désormais le principe, à vous de l'adapter le moment venu avec le matériel dont vous disposeriez. Quel que soit le lieu qui pourrait offrir une source naturelle ou artificielle de chaleur, vous pourriez alors vous y "mélanger" de manière à cacher votre présence aux yeux d'un ennemi doté d'un système d'imagerie thermique.


Le mythe des vêtements et combinaisons antithermiques
Des vêtements épais, tels qu'une veste "smock" rembourrée, des pantalons isolés et un chapeau peuvent aider à diminuer la signature thermique, sans pouvoir la supprimer totalement. Cependant, il faut bien comprendre que la chaleur va s'accumuler à l'intérieur et s'évacuer par les ouvertures, notamment le cou et le visage, sans parler des mains si celles-ci ne sont pas couvertes. Pour lutter contre cela, on pourrait alors recouvrir son visage d'une écharpe ou d'un linge mouillé, ce qui marcherait aussi provisoirement. Tout cela procède du bon sens commun : réduire, disperser, ou couvrir les sources de chaleur.

Un filet de camouflage pourrait aussi aider, sauf que les trous laisseraient forcément échapper une partie de la signature thermique. Un filet aiderait cependant à disperser la chaleur se trouvant au-dessous, dans la mesure où le flux d'air serait quelque part "brisé" par les mailles, et diffuser celui provenant des parties les plus chaudes. Ce qui serait toujours mieux que rien. On pourrait appliquer ce principe pour recouvrir d'un large filet de camouflage un véhicule en train de tourner, ou bien encore porter une Ghillie comme le font les snipers. A ce titre, vous aurez compris que ce n'est pas uniquement pour un camouflage visuel que les tireurs d'élite professionnels portent ce genre de tenue...

On peut aussi mettre des obstacles entre soi et un supposé imageur thermique, comme par exemple des arbres ou des buissons. Le faîtage des arbres va aider à disperser la signature infrarouge, en particulier si les arbres sont recouverts d'un épais volume de feuilles.

En résumé, une simple pellicule permet de tout masquer du moment qu'elle n'est pas réchauffée par ce qui est derrière. C'est là où, ironiquement, une caméra infrarouge sera incapable d'observer ce que tout le monde pourrait voir à travers une baie vitrée, le verre ne laissant en effet pas passer les infrarouges radiatifs.

Qu'en est-il des supposées combinaisons antithermiques ? Existent-elles vraiment ? La réponse est NON. Il n'existe rien de spécifique. Imaginez une seconde, il faudrait une combinaison parfaitement étanche, de manière à ne laisser échapper aucune effluve de chaleur - de type momie " Cellofrais " - et en plus climatisée pour que la pellicule extérieure ne chauffe pas ! A part les combinaisons pressurisées de cosmonautes, je ne vois pas ce qui pourrait remplir une telle fonction...

Si l'on pourrait envisager de se dissimuler temporairement dans une combinaison entièrement étanche - du style combinaison de plongée en néoprène ou tissu - tout en restant immobile, je vous laisse imaginer le résultat d'une quelconque activité physique un peu soutenue dans un tel équipement. L'élévation de température serait telle que votre sang se mettrait à bouillir, littéralement, et votre cerveau serait irrémédiablement détruit pour vous laisser dans un état de légume, et ce dans le meilleur des cas. Si tout bon survivaliste sait ce qu'est l'hypothermie, il faut savoir qu'il existe également son contraire, à savoir l'hyperthermie, et que ses conséquences sont tout aussi dramatiques.

A moins qu'il fasse vraiment très froid à l'extérieur. Mais de toute façon, il est probable que la combinaison se réchauffe graduellement de par la chaleur du corps en mouvement, rendant celui-ci visible à l'imageur thermique. Comme vous pouvez le constater, le problème n'est pas simple du tout !

Il est donc inutile que vous cherchiez des astuces pour vous fabriquer vous-même une telle combinaison (par exemple avec des feuilles de Mylar ou de plastique), vous y laisseriez très probablement votre peau. Ce qui existe sur le marché, et que certains on pu prendre éventuellement pour des combinaisons antithermiques, ce sont des pièces de tissu spécial recouvert de feuilles d'argent, et vendues comme telles. On peut ainsi trouver des bonnets, cagoules, et autres modèles dont le plus grand ressemble à une Niqab, cet accoutrement épouvantable que portent les femmes de barbus (voir photo ci-dessous).

Une société américaine s'est spécialisée dans la fabrication de ces ustensiles. Pour vous donner une idée, leur " Niqab " antithermique coûte 2500 dollars. De quoi refroidir certainement, ne serait-ce que par son prix...

Écharpe anti drones...

De plus, et comme vous le savez à présent, ces équipements sont d'une utilité réduite dans la mesure où toute la chaleur qui ne pourrait trouver un exutoire à travers les parties protégées, dériverait irrémédiablement vers celles non protégées, ce qui amènerait sûrement à se faire repérer. On peut donc éventuellement les envisager pour une protection contre les drones, dans le cas d'un repérage furtif s'effectuant par le dessus. Mais pour une telle protection, il est inutile de payer un prix pareil !

Les mesures de prévention

Il faut toujours garder à l'esprit qu'une signature thermique mouvante (en déplacement), est plus facilement repérable de nuit qu'une signature statique.

D'autre part, lorsque vous essayez de cacher votre présence (avec une couverture ou une feuille d'aluminium), il est possible, sous certaines conditions, que votre signature paraisse trop " froide " lors d'un contrôle IR. Ce qui, il faut bien l'avouer, serait un comble ! Cela signifierait que les choses autour seraient plus chaudes, ce qui vous ferait paraître sur l'écran de l'imageur comme un " trou noir " suspect. C'est un aspect auquel il faut aussi penser. Bien entendu, c'est sans doute mieux que le contraire, du moins si l'on est en face d'un observateur pas très expérimenté. Gardez en mémoire que l'objectif est de se mélanger à la signature thermique de son environnement immédiat.

On évitera donc les espaces à découvert ainsi que les lignes d'horizon, de jour comme de nuit. Ce sont là des principes évidents du camouflage qui prévalent dans tous les cas, y compris et surtout ceux où l'on est pas supposé nous observer avec un équipement de détection thermique.

D'autre part, il faut se souvenir que l'imagerie thermique fonctionne beaucoup moins bien sous la pluie, ou encore quand il neige. Ce genre de conditions météo sont donc particulièrement favorables à l'attaque d'un objectif susceptible d'être défendu par des détecteurs d'IR. De même quand il fait grand soleil, ou au contraire par vent très froid. Dans ce cas, on prendra soin d'attaquer avec le vent de face, dans la mesure du possible. L'air venant de face aidera grandement à diffuser la signature thermique, voire peut-être la supprimer s'il est suffisamment froid et que l'on progresse très lentement.

Du point de vue de l'observateur, il faut savoir que les meilleures conditions pour une détection thermique efficace sont avant le lever du soleil, entre -10 °C et 10 °C extérieurs et 20 °C dans le bâtiment (10 °C d'écart sont idéals), par temps sec et avec peu de vent.

S'il est relativement facile de se protéger lorsqu'on se trouve en position statique, le problème devient beaucoup plus épineux lorsqu'il faut se déplacer...


Certaines solutions " bâtardes " courent sur le net, dont celle par exemple qui consisterait à s'abriter en rampant derrière un parapluie. Bien que pas idiote dans l'absolu, cette solution présente deux inconvénients majeurs : 1. De par les forme et dimension habituelles d'un parapluie, il est certain que l'on va laisser apparaître une partie du corps à un moment ou un autre, et 2. Un parapluie cache aussi la vue de celui qui se trouve derrière, et on ne peut pas voir ou l'on va.

Une meilleure solution, s'il fallait vraiment prendre d'assaut un objectif protégé par des observateurs munis d'imageurs thermiques, serait de se fabriquer une sorte de paravent rectangulaire à partir d'une feuille plastique solide et transparente, courbée en demi-cercle - ou du moins très enveloppante - et d'une hauteur de 1 mètre au moins. Il faudrait alors déplacer ce paravent devant soi, tout en rampant, au fur et à mesure que l'on avance. Ou bien encore, si l'on voulait rester debout, progresser avec un bouclier du même acabit de la dimension d'une porte...

Mais même dans ce cas-là, un observateur expérimenté doté d'un matériel perfectionné pourrait sans doute déceler un " rectangle mouvant " plus sombre que l'arrière-plan, qui avancerait dans sa direction. Il lui serait facile de déduire que quelqu'un est en train d'essayer de le berner.

Côté attaquant, l'efficacité d'une telle ruse dépendrait donc avant tout du niveau d'équipement de l'ennemi. Si ce dernier est un " simple " survivaliste doté d'équipements thermiques de base, alors il est possible que le subterfuge puisse fonctionner. Du moins pendant le déplacement, car une fois arrivé au grillage, le problème se poserait au moment de manœuvrer les pinces coupantes...

Une protection par des vêtements appropriés, telle que nous l'avons évoquée plus haut, serait dans le cas d'un déplacement totalement insuffisante.

La solution du paravent, la seule vraiment viable, est bien peu pratique à mettre en œuvre, et vous aurez donc compris qu'il est particulièrement difficile, sinon impossible, de se prémunir contre la détection d'un équipement d'imagerie thermique. Ces systèmes sont tout à fait redoutables, et c'est pourquoi, dans notre dossier n°6 consacré aux Techniques de survie nocturne, nous l'avons conseillé aux survivalistes qui veulent vraiment s'équiper et faire la différence dans un contexte de chaos.


Le seul défaut de la thermographie, et contrairement à une légende bien ancrée, est qu'elle ne voit pas " à travers " les murs et les feuillages, ni même une vitre. Elle perçoit seulement les émissions directes et indirectes de radiations thermiques. A partir du moment où nous sommes dissimulé derrière de tels obstacles, elle ne pourra donc pas nous détecter... Cependant, et ce qui rend souvent toute protection illusoire, est que l'on ne sait pas par définition à quel moment l'ennemi va nous observer. On peut difficilement se promener en permanence avec un paravent devant soi !

D'autre part, et c'est le problème de toutes les méthodes de dissimulation offertes par les vêtements spéciaux et autres obstacles, est que ces méthodes vont aussi bloquer les infrarouges venant de l'arrière-plan. Nous l'avons déjà évoqué. Autrement dit, nous allons créer un " trou noir " d'intensité variable dans le paysage. L'idéal serait une protection qui obscurcit ou mélange notre signature thermique, de telle manière que ce que pourrait voir un observateur éventuel se fonde avec l'arrière-plan. Si vous avez des idées, elles sont les bienvenues !

A l'heure des drones, il va se trouver toute sorte de moyens pour se faire repérer. Même si aucune protection n'est parfaite, il ne coûte rien de commencer par les bases du camouflage, et notamment le peu de moyens qui existent concernant la dissimulation de sa signature thermique...

Vu ici

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.