05 janvier 2016

Comme un subtil parfum de sapin…


Né à peine plus d’un an après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, la survenance inopinée d’une regrettable année 2016 me refile un peu le tracsir, comme l’eût sans doute affirmé notre bien regretté Maître Frédéric, dit San Antonio. Vous comprenez, je n’ai pas disposé du temps nécessaire pour m’y faire, sept décennies ça passe tellement vite sacrebleu! Comment voulez vous que je me résolve à tutoyer les soixante-dix balais alors même qu’hier encore j’avais vingt ans, ou trente, ou quarante…c’est pareil, c’est jeune tout ça…et aujourd’hui…
Enfant, et même adolescent, je regardais le septuagénaire comme un pauvre débris auquel on allait, sous peu, se faire chier à apporter des chrysanthèmes, l’antichambre de la mort si vous voulez. Et puis, pan dans les dents, voilà-t-y pas qu’arrive mon tour! Là, illico, de suite! Merde alors! Avec tout ce qui me restait comme rivages à explorer, comme places à investir, comme bastions à emporter, comme compétitions à disputer de haute-lutte (voir par exemple cette petite-ode de derrière les fagots)… Et là, à présent, ça commence à schlinguer grave la fin du parcours, la disqualification brutale, la mise au rebut, l’exclusion aetatis causa, l’horreur cacochyme et podagre! Et pour couronner le tout, ce pauvre Delpech qui passe l’arme à gauche, dites donc! Il trimballait seulement quelques mois de plus que votre serviteur, le mec…bon, on se fréquentait peu vu que la chansonnette m’a toujours laissé assez froid, seulement nous avions fait nos premières communions la même année et nous eûmes nos calvities à peu près en même temps, ces petites choses ne créent pas de liens, certes, mais induisent toutefois des rapprochements susceptibles de se révéler fâcheux lorsque l’autre décide de boulotter son extrait de naissance….Putain de bonne année, dites donc, un peu comme si on vous proposait gentiment la fosse commune en guise de piscine avec un maillot de bain en bois verni assorti d’une grande serviette de lin blanc! Bonne année, tu parles Charles! Annus horribilis, oui comme disait naguère la maman de ce dernier, la vieille Windsor, toujours là cependant comme pour bien montrer aux jeunes gens qu’ils n’ont pas fini de se stirasser (comme on dit par chez moi) les ancêtres en rupture de cimetière. Elle dégage une fragrance particulière, pour moi, cette année 2016 de malheur…comme un subtil parfum de sapin…va falloir faire avec.

En même temps, l’exemple de la susdite mère Elizabeth ainsi que la simple rigueur statistique, joints à l’épouvantable situation financière de notre système madoffien de retraites, me conduisent à relativiser un peu tout cela. Quand j’évoque le temps heureux (enfin plus ou moins) de mon enfance ça nous remet quand même, l’un dans l’autre, soixante ans en arrière. Or, pendant ce laps considérable – et à l’exception cuisante de Michel Delpech – on a énormément gagné en espérance de vie, pas vrai? Vingt ans au moins, non? Alors de là à dire que les septante ans d’aujourd’hui (je n’oublie jamais mes très estimés lecteurs de Suisse et de Belgique) correspondent grosso-modo à la petite cinquantaine de cette époque en noir et blanc… Bon, ben finalement quinquagénaire ça me va, tiens! Allez, on garde l’idée! Du coup l’odeur se dissipe un peu…il ne me reste plus qu’à éviter soigneusement les miroirs et les photos, moyennant quoi elle se présentera ni mieux ni pire que les autres cette saloperie d’année 2016, en tout cas moi je vais m’efforcer de faire comme si!

Mais foin du nombrilisme et de mon dérisoire petit cas personnel -bien que je tende tout de même à lui concéder une primordiale importance- quand je dis « ni mieux ni pire que les autres » cela résulte sans doute d’un optimisme carrefourien aussi béat que l’imbécile publicité à laquelle je fais allusion. Partis comme nous voilà je la verrais bien dégueulasse, affreuse et mortifère cette saleté d’année nouvelle! Comment pourrait-il en être autrement, je vous le demande? Coincés entre des envahisseurs de plus en plus nombreux, hostiles, déterminés à nous faire rendre gorge et des pouvoirs étatico-médiatiques toujours prêts à minimiser la menace en nous faisant prendre les vessies de l’ennemi intérieur pour les lanternes du vivre-ensemble-sans-amalgame- ni-haine-de-l’autre, nous allons continuer à nous engluer doucement dans une guerre que personne n’ose qualifier de « civile » car, si l’ennemi la fait vraiment, nous autres souchiens nous contentons de la subir. Tout au plus apparaît-il de bon aloi de se déclarer « résistant », à l’étrange motif que nous continuons de déambuler dans les rues, d’un pas furtif et vigilant, voire de fréquenter, la trouille au ventre, les terrasses des cafés germanopratins… Entre ici, Jean Moulin, avec ton cortège d’expressos bien serrés, de spritz dûment frappés et de mojitos révolutionnaires d’inspiration fidelcastrienne! Vous savez, les Franchouilles s’en sont toujours coltiné une sacrée couche, c’est indéniable, mais je crois qu’en ce moment nous atteignons des sommets, on se surpasse!

Bon, allez, je dis « les Franchouilles » mais gardons nous de toute généralisation, n’est-ce pas, padamalgam, en quelque sorte. J’admets bien volontiers que le bon populo, le manard, le type qui prend le train à cinq plombes du mat’ pour se crever la paillasse avec un petit smic à la clé, ou celui qui pointe à Pôle Emploi dans l’angoisse de n’en sortir jamais, celui-là n’en a rien à foutre de la « résistance » des quartiers chics, il évite juste de regarder dans les yeux ses jeunes voisins de hachloum, Mohamed et Mamadou, histoire d’éviter autant que possible les représailles en forme de passage à tabac. Il n’en pense pas moins, le pauvre bougre, vous savez, seulement personne ne l’écoute, personne ne le défend, on l’ignore, on l’oublie et on le laisse se traîner obscurément dans sa décrépitude excrémentielle. Le petit blanc de banlieue devient le paria de notre monde d’aujourd’hui, il vivote tant bien que mal en espérant que ses gosses, convertis pour survivre, ne partiront pas un jour ou l’autre guerroyer en Syrie. Il vote Front National, bien sûr, tant qu’il y aura des isoloirs où l’on parvient encore à s’isoler, mais à chaque fois il l’a dans l’os! Éternel minoritaire, condamné, en conséquence à avoir toujours tort, vilipendé par les media qui le traitent à l’envi de beauf nauséabond et qui le couvrent de pipi parce qu’il bouge encore un peu…patience, il n’y en a plus pour longtemps, la Charia lui rendra sa dignité ou le crèvera comme le cochon de croisé qu’il est…sans trop le savoir, malgré lui, malgré tout…Dieu merci il lui reste le foot et les séries télé à ce pauvre malheureux; bien sûr ces choses là finissent parfaitement de l’abrutir, pire que l’assommoir de ses arrière-grands-parents, mais c’est le but recherché qu’est-ce que vous voulez, faudrait tout de même pas que le cave se rebiffe, pas vrai? Hé bien ne vous inquiétez pas M’sieur-dames de l’Élite, il ne se rebiffera pas Thierry, il crèvera gentiment, sans vous faire suer, bien antipathique et bien planqué dans sa crasse! Et je ne vous parle même pas de son ex-femme à cette enflure, ni de sa triste descendance… d’ailleurs c’est déjà fait (voir http://onefoutus.over-blog.fr/article-la-figure-comme-le-cul-121034991.html). Là on touche à la parfaite abomination sur fond d’indifférence bien-pensante. Vive la République et ses Valeurs et bonne année à ceux qui en profitent.

Et dans ce domaine là vous avez le choix. Tenez par exemple, allez, un petit coup de promo légion d’Honneur, juste pour le fun, histoire de finir sur une note réjouissante. Vanessa Paradis, ça ne vous dit rien? Là aussi on dépasse largement toutes les bornes du cynisme crétinisant sur fond d’esprits des Lumières et du 11 Janvier réunis! La République et ses Valeurs, merde, vous réalisez tout de même? Ou alors il faudra qu’ils la refilent carrément à Salah Abdeslam leur breloque de mes deux! Vous en faites pas, au rythme où ça déboule on ne tardera pas à y arriver, un peu de patience que diable! Fabuleux symbole, ça, la Légion d’Honneur, un truc qui vous explique la France tout bien comme il faut, suffit de prendre la liste des promus, dans le Journal Officiel et vous comprenez tout. Il fut un temps, pas très lointain encore, où j’épluchais systématiquement le document en question pour y rechercher les copains à féliciter, au cas où il s’en trouverait, ce qui se produisait assez fréquemment vu que je connais beaucoup de Franc-Maçons. Honte à moi! Pauvre con! Je préfère encore aujourd’hui, et de beaucoup, féliciter le charcutier pour la qualité de son saucisson (mais non, juste le pur-porc, enfin) ou bien même la pute qui réalise dignement et en conscience les opérations inhérentes à sa fonction sociale. Mais les récipiendaires de leur croix à la con, qu’il s’agisse de Jospin le « Ministre Plénipotentiaire Honoraire » de mes burnes, de l’inoubliable interprète de « Jo le Taxi » malgré son joli cul, ou bien encore des braves feu-Israélites qui faisaient leurs courses au mauvais moment à l’Hyper-Casher et à qui le ruban rouge ne fera pas, hélas, la jambe plus belle. Non vous m’excuserez, pour les congratulations ils repasseront, les chevaliers, les officiers, les grand- croix et tout le bordel. Je n’arrive même plus à en rigoler, dites donc, vous vous rendez compte?
Alors, si vous le voulez bien, nous allons les laisser arroser ça, tous ces saligauds de profiteurs de la Répupu. Quant à nous, que voulez vous, nous allons devoir nous la farcir, vouloir ou non, cette année 2016 au goût déjà prononcé de campagne pré-présidentielle… Chez le père Juppé, dès aujourd’hui, le futur président perce sous le repris de justice…il pousse son pion le vieux roublard, et ça marche, enfin c’est ce qu’on nous raconte dans les media : « le candidat préféré des Français »! Il faut dire que le mec en question fonce toutes voiles dehors vers les soixante et onze… Comme un subtil parfum de sapin, je vous le confirme, tout n’est pas perdu mes amis…

Alors Bonne Année, comme on dit…mais que cela ne vous empêche pas de passer une excellente semaine.

Et merde pour qui ne me lira pas.

NOURATIN

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.