04 décembre 2015

Front national : le “vote utile” antigauche et antidroite...


Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Devançant largement le candidat LR Dominique Reynié dans les sondages, Louis Aliot apparaît à beaucoup le mieux placé pour l’emporter face au PS. À droite, les ralliements se multiplient.

« Pitoyable, lamentable, calamiteux… » Avec son accent rocailleux, le patron des centristes (UDI) du département de l’Aude, Jean-François Daraud, n’a pas de mots assez durs pour dénoncer… son chef de file des Républicains (LR) en région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées, Dominique Reynié. « Il est hors de question que je vote pour lui, confie-t-il à Valeurs actuelles. Dans mon département, il y a au moins 2 000 personnes qui vont faire de même, dont beaucoup vont voter pour Louis Aliot dès le premier tour. » Lui-même ne fait pas mystère de la « sympathie » que lui inspire la tête de liste FN : « Contrairement à Reynié, c’est quelqu’un d’enraciné, un ancien rugbyman, un bosseur qui connaît ses dossiers. Il a de l’entregent, il est affable, loin des idées reçues sur le FN. » Au second tour, ce fidèle d’Hervé Morin l’assume : « Reynié n’a plus aucune chance de l’emporter, je pense même qu’il va se retirer au profit du PS ; c’est autour du candidat de droite le mieux placé qu’il faudra faire barrage à la gauche. » Sous-entendu : Aliot…

Loin d’être un cas isolé, le témoignage de ce cadre centriste reflète une réalité peu relevée par les médias : dans la région, le vote FN est devenu le “vote utile” antigauche. « Il y a le feu dans toutes les fédérations », assure Jean-François Daraud. Cela se vérifie aussi chez Les Républicains. Le 27 novembre, au cours d’un meeting à Montauban, la conseillère régionale LR sortante, Valérie Rabassa, apportait elle aussi son soutien — cette fois, dès le premier tour — à la tête de liste FN : « Alors que la gauche est totalement discréditée et engluée dans un bilan peu flatteur, Louis Aliot apparaît le mieux placé à droite pour gagner cette région », explique-t-elle pour justifier son choix. Les mots sont cruels contre Reynié, accusé, entre autres, de « vanité », de « penchant communautariste » et d’être « éloigné de nos valeurs de droite ». Inversement, souligne-t-elle, « je connais Louis Aliot depuis plus de dix ans : il est ancré dans nos terres, connaît les enjeux de la région et parle vrai ».

Selon l’un de ses proches, la conseillère régionale LR aurait reçu plusieurs dizaines de SMS de « compréhension » et d’« encouragements » de la part d’autres élus des Républicains, y compris des… candidats en campagne. Extraits : « Bravo ! », « Tu es courageuse », « Tu as fait le bon choix », « Tu as le courage de dire publiquement ce que nous allons faire dans les urnes »… « La greffe Reynié n’a pas pris et Sarkozy est furieux, confirme un haut responsable des Républicains. Il a été jugé hautain et trop à gauche. Sans oublier la polémique autour de sa domiciliation qui a encore envenimé les choses… »

Circonstance aggravante pour Reynié : la posture “droitière”, notamment sur les questions économiques, du chef de file du FN, qui lui a valu, dès le départ, de rallier sur ses listes plusieurs figures de la droite locale, dont l’ex-élue toulousaine (sous Baudis, Douste-Blazy et Moudenc) Chantal Dounot et l’ancienne adjointe aux affaires scolaires de Moudenc, Maïthé Carsalade. « Dominique Reynié défend l’immigration, la GPA, l’entrée de la Turquie dans l’Europe, insiste Aliot. Qui est-il sinon un homme de gauche avec une étiquette des Républicains et de l’UDI sur le dos ? Je le crois même capable de proposer de voter socialiste au second tour… »

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