16 novembre 2015

Banlieues : réjouissances...


Avant même le communiqué officiel de l’Etat islamique revendiquant les attaques de Paris, de nombreux commentaires « pro Daesh » faisaient florès sur internet et les réseaux sociaux.

Sur les réseaux sociaux, les messages de sympathisants de l’Etat islamique ont déferlé quelques heures à peine après les tragiques attentats perpétrés à Paris. La propagande sans visage fonctionne bien, une partie seulement de ses messages sont des faux. Lundi 16 novembre, alors qu’Anonymous réitérait sa volonté d’orchestrer au plus vite une opération contre ISIS et diffusait pour la seconde fois la liste de 9200 comptes Twitter liée à l’EI ; de nouveaux sites et comptes Twitter ont diffusé des messages de nouvelles menaces sur Paris sous la forme de photos et plus encore de montage-vidéos, mixant l’image de la Tour Eiffel décapitée à des profils de jeunes djihadistes souriant, la kalachnikov à la main.

« C’est un acte de guerre », « préparé, organisé, planifié de l’extérieur et avec des complicités intérieures » a déclaré François Hollande désignant clairement « Daesh » (l’Etat islamique, EI) comme commanditaire des attentats perpétrés le 13 novembre à Paris, dans son discours retransmis à 11 h samedi 14 novembre.

"Une victoire"


Avant même le discours du chef de l’Etat, et les revendications de l’Etat islamique via un communiqué diffusé en Français et en langue Arabe, les commentaires haineux de leurs supporters ont envahi la toile, évoquant curieusement déjà très précisément l’Etat islamique (EI) –souvent sous le sigle anglo-saxon IS ou #IS - comme si ses supporters les plus zélés en avaient déjà l’intime conviction.

Sur le site de l’Al Hayat Media center, la mention de « miracle » pour évoquer les tragiques attentats de Paris apparait un moment, avant de disparaitre. Suffisamment longtemps cependant, pour être repris par des sympathisants, avant d’être relayé pour le dénoncer par les médias, dont une journaliste spécialiste du New York Times qui a diffusé l’information tout en précisant qu’il pourrait s’agir d’un « faux » comme l’affirmait alors l’expert Charlie Winter, chercheur rattaché à l’Université de Georgia State, précédemment membre de Quilliam, organisation basée à Londres fondée sur le contre-terrorisme et contre-l’extrémisme (surtout islamiste, au regard de ses tweets).

"Ce n'est qu'un début"


Très vite cependant, des tweets se réjouissant du « massacre des Français » apparaissent sur les réseaux sociaux et tout particulièrement Twitter. Beaucoup de triomphalisme, avec des tweets évoquant « une victoire », « une victoire attendue » et une « intimidation en marche ». On ne parle pas encore sur le Net, de l’IS comme ayant « dirigé » les attentats, mais on le désigne comme « ayant inspiré » les attaques kamikazes du Stade de France ainsi que la « minutieuse » tuerie perpétrée au Bataclan où les assaillants ont commis un carnage (82 morts ou 89 morts , dernier bilan à vérifier).

D’autres messages de sympathisants parlent d’ « heureuse réalisation ». Ils vont très vite plus loin, prévenant que « ceci n’est qu’un début », ou se réjouissant que « ce n’est que le début de la tempête », le « début d’un anéantissement ». Ils utilisent des hashtags variés comme #CrusaderFrance, #Caliphate-State-Strikes_France (l’Etat islamique qui frappe la France) ou encore les hashtags #FranceAttacks ou #Caliphate (ceux –ci sont aussi utilisés par ceux qui s’y opposent, ont voulu apporter leur soutien aux victimes et à la France).

Parfois, les messages (souvent effacés depuis) ironisent : « goûtez à la terreur », « comme vous tuez de chez nous, nous tuons chez vous », ou « victoire, nous avons transféré la guerre chez vous ». La France haïe par les Djihadistes et leurs sympathisants, on la retrouve encore décrite dans des tweets où les attentats les plus meurtriers jamais perpétrés en France sont évoqués comme « le menace enfin mise à exécution », « une prophétie réalisée ». Co –fondatrice de SITE Intelligence Group et spécialiste du terrorisme international, engagé dans la lutte contre la menace djihadiste sur les réseaux sociaux, Rita Katz sur son compte Twitter recense plusieurs comptes utilisés par des sympathisants. Certains s’illustrent de photos montages, d’images d’apocalypse repris sur des comptes Twitter, des blogs, des sites Web, que l’experte s’étonne de ne pas voir fermé. « Twitter doit arrêter de servir leurs intérêts dès maintenant » dénonce-t-elle. Sous fond d’images de déflagrations ou scènes d’attentats chocs comme on en voit au cinéma, s’ajoutent les mentions : « la France frappée, Victoire ! » ou « le brasier de la guerre en France », « Paris en flammes »…

"La France frappée, victoire !"

Plus glaçant sur des images d’actualité (celles des attentats parisiens ou celles de djihadistes posant le viseur de la kalachnikov pointé face à l’objectif ou encore celle d’enfants tués en Syrie), des commentaires prenant à partie les Français au lendemain du drame, le 14 novembre : « Comment vous sentez-vous au réveil ? « , « Maintenant vous avez peur Paris et cette peur ne vous quittera pas ». « Craignez-nous, nous sommes les messagers porteurs du message d’Allah »… Certains insistent sur « l’intimidation réussie ». Beaucoup de messages manipulés circulent sur les réseaux sociaux. Souvent, ils disparaissent aussi vite qu’apparus. Il y a eu par exemple des images de scènes de joie en territoires palestiniens présentées comme une réaction aux attentats de Paris qui ne relèvent que d’un montage de photos prises en 2012 sur place. Les messages célébrant les attentats de Paris ont été toutefois si nombreux que même parmi ceux qui ont volontairement disparus ou ont été supprimés, il est impossible que tous soient faux. Pour faire le buzz et faire peur… la tromperie se porte bien sur les réseaux sociaux et les informations erronées s’échangent plus vite qu’elles ne sont dénoncées.

L’absence de compassion face à des actes de barbarisme, laisse toutefois bel et bien entrevoir sur la toile, la puissance de la propagande de Daesh.

Lundi 16 novembre, la propagande sans visage –on parvient à fermer les comptes Twitter diffusant des messages de haine, plus rarement à identifier leurs auteurs-, a repris. Cette fois ce sont des photos et des montage-vidéos, supports de messages de haine et de nouvelles menaces d’attentats sur Paris qui se sont multipliés.

La propagande sans visage

« Comme après chaque attentat, ou attaque de grande envergure, des vidéos sont postés, pour glorifier ces actes » explique un diplomate. Dans celles-diffusées lundi 16 novembre, de « nouvelles menaces » sont fréquemment évoquées. Les photos ou vidéos (de Kirkuk par exemple) sont tout à la fois grotesques et glaçantes, elles se présentent sous la forme de juxtaposition d’images détournées de la tour Eiffel décapitée et de jeunes djihadistes qui prennent la pose, tout sourire, la kalachnikov à la main. Presque du « grand guignol », si ce n’est que la mise en scène de ces images qui s’échangent pas dizaine sur les réseaux sociaux, suscite toujours plus d’effroi.

Il est trop tôt pour que les spécialistes du contre-terrorisme, établissement l’origine précise de ces nouveaux messages de haine. Selon le Brookings Institute, en 2015, les tweets les plus favorables à l’Etat islamique émanaient jusqu’ici en grande majorité d’Arabie Saoudite, puis de Syrie, d’Irak, des Etats-Unis, d’Egypte, du Koweit, de Turquie ou du Royaume-Uni (10 e rang).

Il reste à espérer que l’annonce d’Anonymous indiquant ce 16 novembre sur les réseaux sociaux la préparation d’une opération d’envergure à l’encontre de l’Etat islamique, soit rapidement suivie d’effets . Elle s’organise sur Twitter, sous le hashtag #opISIS et entend dénoncer et bloquer tous les comptes favorables à l’Etat islamique. Anonymous a pour l’occasion publié pour la seconde fois sur les réseaux sociaux, la liste de 9200 comptes liés à Daech ou favorables au terrorisme islamique. 

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