16 juillet 2015

Des royaumes sombreront, et les systèmes sociaux seront complètement renversés...

C’est au pied du mur qu’on reconnaît le maçon, comme le veut le vieux proverbe. Ce mur-ci, hélas, est composé de vieilles pierres tenues ensemble par un torchis de subterfuges, et ciselé d’absurdités politiques. Puisque le mur leur est déjà tombé dessus, les citoyens grecs pressent le pas lorsqu’ils le longent, résignés, alors que raisonnent les discours universels depuis Helsinki jusqu’à Lisbonne.

Ce qui est plus que jamais visible aujourd’hui, c’est la complète fausseté du système bancaire international. Ceux qui y participent ont perdu confiance en leurs propres entourloupes. Ils se contentent désormais de se laisser porter par les flots dans l’attente des retombées politiques, ou pour faire simple, de la révolte de ceux qui maîtrisent encore l’arithmétique. La Grèce s’attend aujourd’hui à recevoir 90 milliards de dollars de nouveaux prêts, en plus des 350 milliards de dollars qui lui ont déjà été accordés. Ce n’est pas rien. Son programme de remboursement doit ressembler à la carte de la Terre du Milieu.

Plus troublant encore – notamment pour ceux qui sont encore en vacances et pour qui le passage du temps s’est comme arrêté – est le fait que l’établissement de ce nouveau plan de sauvetage prendra des semaines, peut-être des mois, alors que la Grèce est en ce moment même tant paralysée par la banqueroute qu’aucun bien ne peut être déplacé, aucune facture payée, et que l’économie ne peut plus offrir les nécessités de la vie de tous les jours. Le vieux refrain, « votre chèque vient d’être envoyé », n’a plus rien de rassurant pour ceux qui n’ont rien mangé depuis trois jours. Je m’attends personnellement à voir voler les bombes bouteilles sur Syntagma Square avant la fin de la semaine.

Quelqu’un d’autre s’est-il aperçu du manque angoissant de nouvelles émanant des autres nations en difficulté de l’Union européenne, notamment l’Espagne, l’Italie et l’Irlande ? Les précipices au fond desquelles elles sont coincées ressemblent à de simples trous dans le sable. Je me demande quel message elles tirent du mélodrame des négociations grecques ? (Prêtons plus d’argent à des développeurs immobiliers pour construire plus de maisons qui ne seront jamais vendues ? Voilà qui pourrait fonctionner !) Non, le fiasco européen de la dette revient un peu à faire la ronde et danser la capucine. L’implosion inévitable de l’Union européenne, et du système bancaire accroché tel une pieuvre à son visage, sera l’équivalent financier de la peste noire. Des royaumes sombreront, et les systèmes sociaux seront complètement renversés.

L’attente agonisante de cette triste conclusion met à vif les nerfs de tous ceux qui s’inquiètent du degré de futilité et de tragique de leurs exercices. Prenons par exemple les termes des négociations du weekend dernier. Personne n’a plus une once de confiance en la possibilité de les voir satisfaits. Tout ce qui a été mis en place n’est qu’une structure Potemkine qui leur permettra de baisser les bras pendant un mois et de pouvoir partir en vacances.

Voilà qui dresse la scène pour une possible convulsion financière venu l’automne – la saison historique de la ruine – lorsque les ministères et leurs hommes à tout faire replongeront à nouveau dans la réalité lugubre qu’ils auront laissée fermenter. Parmi les nombreuses choses qui pourraient se produire, nous pouvons au moins compter sur la chute du gouvernement grec et l’échec de la Grèce à reverser à temps le premier remboursement prévu par son tableau d’amortissement fraîchement négocié. Voilà qui laissera la Troïka (Union européenne, BCE et FMI) sans aucune crédibilité, et fera se développer la répudiation de la structure européenne de prêt – en clair, l’effondrement de l’Europe.

Cela ne marquerait pas nécessairement la fin du monde, mais n’en serait pas moins la fin de près de soixante-dix années de paix, de prospérité et de stabilité. Le niveau de vie des Européens ne sera pas meilleur que celui de leurs ancêtres des années 1830. Les bases fondamentales des systèmes bancaire et monétaire devront renaître de leurs cendres. De nombreuses nations se disloqueront. La vie intellectuelle en Europe souffrira d’un immense choc, à mesure que le projet des Lumières semblera s’envoler dans une vapeur d’insolvabilités et de soulèvements politiques. C’est à se demander si l’Europe pourra contenir la menace du djihad.

De bien sombres pensées pour un jour d’été. Pour ce qui me concerne, je vais maintenant aller m’acheter un costume pour la fête annuelle de Diddy dans les Hamptons. Les chapeaux en peau de raton pourraient redevenir à la mode si, partout aux Etats-Unis, les gens se mettaient à imiter Donald Trump et la créature velue qui a élu résidence sur le haut de son crâne. Quelque chose me dit que les femmes ne seront pas nombreuses à imiter la tenue vestimentaire d’Hillary. Ne serait-il pas astucieux pour Diddy de préparer une grosse salade grecque ? Voilà qui pourrait donner à plus d’un un sujet de conversation autre que le génie commercial de Kim Kardashian.

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