24 décembre 2014

La guerre civile n’aura pas lieu...

Les masques tombent. La guerre civile n’aura pas lieu. Il faudrait deux protagonistes pour qu’elle éclate, et jusqu’à présent il n’y en a qu’un.

Ce serait une guerre civile tellement civile, tellement polie, tellement discrète, si délicatement couverte par les médias, surtout, qu’une des deux parties au conflit ne serait même pas au courant de son existence. Guerre civile ? Macché guerre civile ? Vourigoléoukoi ? Coïncidences, lois des séries, légers excès de la psychiatrie hors les murs, fâcheux effets du contrôle insuffisant du parallélisme, sur un parc automobile éprouvé par la crise, lui aussi.

Le mot de la semaine est déséquilibré : les voitures sont déséquilibrées, les tueurs à couteau de cuisine sont peut-être un peu déséquilibrés (au pire), les villes de France organisent tour à tour des démonstrations de déséquilibrisme, ne parlons même pas des comptes de la nation. Parlons-en d’autant moins que la prévisible solution du pouvoir remplaciste à la oualakbarisation ambiante, ce sera de « mettre le paquet », comme il aime à dire élégamment, sur les quartiers déséquilibrés : rien de tout cela ne serait arrivé, en effet, si les immeubles habités par les déséquilibrés étaient mieux entretenus, si les jeunes déséquilibrés disposaient de meilleures écoles, de meilleures salles de sport et de bibliothèques où se former au déséquilibre intégral, quitte à les brûler ensuite ; si surtout ils n’étaient pas victimes de discriminations à l’embauche et partout, du fait de leur déséquilibre.

On prenait M. Bernard Cazeneuve pour une sorte de Buster Keaton à l’air mauvais, parfait pour les rôles de prêtres défroqués prêts à tout pour se venger de l’Église. C’est en fait un disciple littéraire de Louis XVI et de Franz Kafka : « 14 juillet 1789 — rien », « 2 août 1914 — après-midi, piscine ». Lui pousse encore plus loin l’humour pince-sans-rire. Joué-lès-Tours, Dijon, Nantes : il va à Alger s’assurer d’un flux plus régulier d’imams, et mieux formés. Arrêtez de parler de guerre civile. D’abord elle n’aurait rien de civil. Ensuite elle peut parfaitement être évitée. Il suffit de livrer le pays sans discuter, et avec le sourire :

« C’est une immense chance pour la France d’être le premier pays musulman d’Europe. »

Ce n’est pas M. Cazeneuve qui parle, c’est une autre grande figure du parti remplaciste, Edwy Plenel. Ceux qui s’opposent le plus farouchement à la notion de Grand Remplacement sont aussi ceux, curieusement, qui semblent le plus enthousiastes de la chose. Connaissez-vous M. Bruno Roger-Petit ? Je l’ai découvert récemment et ne saurais trop vous le recommander. Lui trouve très bien qu’un président de la République, dans un avenir proche, s’appelle Nouredine ou Mohammed. Tel est à peu près le sujet du roman de Michel Houellebecq, qui va paraître en janvier. Je ne suis pas sûr néanmoins que cet auteur-là soit assez mis en joie par la perspective pour se faire bien voir du régime. En revanche il se fera peut-être bien voir des lecteurs, comme Zemmour. Pour constater le changement de peuple, il y a désormais un peuple, dirait-on. Mais pour s’y opposer ?

L’élan viendra-t-il d’Allemagne ? Outre-Rhin les indigènes ont l’air un peu moins disposés qu’ici à se laisser faire. Pegida, quel drôle de nom pour l’espérance ! Il n’est sans doute pas indifférent que le mouvement paraisse particulièrement vif en ex-Allemagne de l’Est. Les populations ont été moins exposées qu’à l’Ouest, là-bas, à l’extirpation et réextirpation du cancer hitlérien, qui, à force de tout arracher, par prudence, de ce qui fait les nations, ont laissé celles de l’Europe occidentale ville ouverte face à tout conquérant, sous quelque déguisement inattendu qu’il se présente.

Les masques tombent. La guerre civile n’aura pas lieu. Il faudrait deux protagonistes pour qu’elle éclate, et jusqu’à présent il n’y en a qu’un. Nous voilà donc revenus, conceptuellement, à une bonne vieille situation de conquête coloniale, qui se déroule jour après jour sans résistance. Tout de même, regardons mieux, guettons vers l’Est. Ah, si on m’avait dit qu’un jour je deviendrais adepte du “modèle allemand” !

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