27 septembre 2014

Campagne financée par Total ? Revirement de Nicolas Sarkozy sur le gaz de schiste

C'est un véritable revirement que Nicolas Sarkozy a opéré à propos de l'exploitation des gaz de schiste. Moins d'une semaine après avoir annoncé son retour dans la vie politique en se portant candidat à la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l’État a tenu son premier meeting, jeudi 25 septembre, à Lambersart (Nord) et s'est prononcé pour l'exploitation de cette source d'énergie.


Ce qu'il a dit :

« Je ne peux pas accepter que les Etats-Unis soient devenus du point de vue de l'énergie indépendants grâce au gaz de schiste et que la France ne puisse pas profiter de cette nouvelle énergie alors que le chômage ravage tant de nos territoires et tant de nos familles, c'est inacceptable.

Je souhaite clairement que nous réfléchissions aux conséquences du principe de précaution auquel je préférerai toujours le principe de responsabilité. Avec la précaution, on s'abstient de faire, avec la responsabilité, on assume la conséquence de ses choix et on ne se condamne pas à l'immobilisme. »


Pourquoi c'est un revirement ?

C'est Sarkozy qui a interdit la fracturation hydraulique

Il s'agit là d'une position tout à fait nouvelle pour M. Sarkozy. C'est sous sa présidence que la fracturation hydraulique, technique actuellement utilisée pour obtenir les gaz de schiste, avait été interdite en France après le vote d'une proposition de loi UMP en juillet 2011, validée par le Conseil constitutionnel en octobre 2013.

« Pour nous, ce sera non »



Nicolas Sarkozy s'était lui-même personnellement opposé, en octobre 2011, à la délivrance de trois permis exclusifs de recherche de gaz de schiste dans le sud de la France. L'annonce, par la ministre de l'écologie de l'époque, Nathalie Kosciusko-Morizet, de cette triple annulation avait été accélérée par une visite de M. Sarkozy dans le Gard, département concerné par ces recherches.

Trois mois plus tard, en décembre, il s'adressait à des opposants aux forages en Ardèche : « Dites-leur que je n'autoriserai pas l'exploitation du gaz de schiste par fragmentation hydraulique. Je sais que Total a déposé un recours mais de toute façon, pour nous, ce sera non. »

Pendant la campagne présidentielle de 2012, le président-candidat n'avait toutefois pas fermé la porte à l'exploitation « des ressources en hydrocarbures contenues dans notre sous-sol » – ne précisant pas s'il s'agissait des gaz de schiste – car elles représentent selon lui « un enjeu stratégique pour notre pays ».


La question divise également à gauche et a créé des tensions au sein du gouvernement lui-même, notamment quand Arnaud Montebourg, alors ministre du redressement productif, s'était prononcé en janvier 2014 pour l'exploitation des gaz de schiste au moyen d'une nouvelle technique d'expérimentation « propre » – jamais testée en conditions réelles. Le ministre de l'écologie, Philippe Martin, et le gouvernement avaient réaffirmé leur opposition à l'exploitation du gaz de schiste « en l'état actuel des connaissances et des recherches ». 


Une technique aux effets environnementaux désastreux 
 

La loi de juillet 2011 était justifiée par les « conséquences environnementales extrêmement néfastes » de cette technique d'exploitation, qui consiste à injecter d'énormes quantités d'eau, de sable et de produits chimiques sous pression pour fracturer la roche et « libérer » les gaz emprisonnés à une grande profondeur (environ 3 000 mètres).

La fracturation hydraulique est extrêmement controversée, car elle peut causer des pollutions massives « des eaux, de l'air et des sols », la contamination des nappes phréatiques « par les rejets de produits chimiques et par le gaz libéré » ou encore la « destruction du paysage pour installer les puits de forage », listait la proposition de loi UMP. Cette technique a été massivement utilisée dans certains pays, notamment aux Etats-Unis et au Canada, où sont rapidement apparus les effets environnementaux désastreux.

Comment le discours a changé


En 2007, Nicolas Sarkozy vantait le principe de précaution

L'exécutif dominé par l'UMP mettait alors en avant le principe de précaution, que Nicolas Sarkozy entend désormais restreindre pour lui préférer « le principe de responsabilité ».

Le principe de précaution est pourtant inscrit dans la Constitution depuis 2004, à l'initiative de Nathalie Kosciusko-Morizet, alors rapporteur de la Charte de l'environnement avant d'être ministre de l'écologie (2010-2012) puis porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle de 2012. Aujourd'hui, elle soutient encore l'ancien président dans sa conquête de l'UMP.

« Le principe de précaution est un principe d'action »

Le rapport Attali, remis en janvier 2008 au président Sarkozy, proposait notamment de supprimer le principe de précaution de la Constitution. Le chef de l'Etat de l'époque s'y était alors opposé, affirmant que « proposer sa suppression au motif qu'il bride l'action repose à [son] sens sur une incompréhension ». Lors du rendu des conclusions du premier Grenelle de l'environnement en octobre 2007, M. Sarkozy avait également vanté le principe de précaution, qui « n'est pas un principe d'inaction [mais] un principe d'action », d'« expertise », de « vigilance », de « transparence » et de « responsabilité ». Des propos totalement à rebours de sa position donnée le 25 septembre au meeting de Lambersart.

Nicolas Sarkozy avait toutefois également prôné le principe de responsabilité en octobre 2007, affirmant qu'« il n'est pas admissible qu'une maison-mère ne soit pas tenue pour responsable des atteintes portées à l'environnement par ses filiales ».

Le principe de précaution fait régulièrement l'objet de critiques. En juillet 2013, l'ancien ministre UMP Eric Woerth avait déposé une proposition de loi visant à ôter au principe sa portée constitutionnelle. En mai 2014, le Sénat a adopté en première lecture une proposition de loi UMP visant à inscrire un « principe de l'innovation » au même niveau que le principe de précaution.

Pourquoi c'est à nuancer

L'indépendance énergétique des Etats-Unis... en 2035

L'ancien chef de l’État cite l'exemple des États-Unis, qui sont « devenus, du point de vue de l'énergie, indépendants grâce au gaz de schiste ». Précisons tout d'abord : l'Amérique n'est pas encore autosuffisante en matière d'énergie. Le dernier rapport annuel de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), publié en novembre 2013, affirme que les Etats-Unis sont « sur la voie de l'autosuffisance énergétique », qu'ils « atteindront en 2035 ».

Cette autosuffisance devrait notamment être atteinte via le pétrole, l'AIE ayant affirmé en mai 2013 que les États-Unis allaient devenir le premier producteur mondial de pétrole en 2015. Une position atteinte, a affirmé un porte-parole de l'agence, grâce à la « la révolution du gaz de schiste » et du pétrole issu du schiste. En novembre 2013, l'Agence américaine d'information énergétique (EIA) a annoncé que la production de pétrole brut des États-Unis avait dépassé les importations pour la première fois depuis février 1995. Au cours de cette année-là, quelque 33 % du pétrole consommé aux Etats-Unis était importé de l'étranger, « le plus bas niveau depuis 1985 », note l'agence.

Toutefois, l'AIE a prévenu que cette domination sur le marché du pétrole ne durerait pas en raison de la « taille limitée des ressources ». En effet, les exploitations des premiers puits de gaz de schiste aux États-Unis ont montré que le volume produit était très important au début mais diminuait drastiquement ensuite. Cela a par exemple été le cas des deux principaux puits américains, au Texas et en Louisiane. Des baisses de production qui ont eu lieu plus tôt que prévu et qui relativisent la portée des estimations des agences de l'énergie.


Source


Paul : ne plus voter pour ne plus cautionner toutes ces marionnettes au service de l'oligarchie financière... Des carnassiers sans âme !

A lire, sur l'arnaque du gaz de schiste

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