03 août 2014

Une rentrée difficile... Pour qui ?



À l'issue d'un séminaire gouvernemental à l'Élysée, le premier sinistre a dressé un tableau sombre de l'état de la France.

Il est fini le temps des circonvolutions pour décrire la situation économique du pays. Le premier ministre, Wallz, n'a pas mâché ses mots vendredi, à l'issue d'un séminaire gouvernemental, préparant ainsi les esprits à une «rentrée difficile», alors que les prévisions pour la récession ou les chiffres de l'inflation sont attendus le 14 août, lesquels seront suivis par les chiffres apocalyptiques du chômage, à la fin du mois. Autant d'indicateurs qui s'annoncent catastrophiques. «Il faut dire la vérité aux Français, affronter la réalité, ne rien cacher», a reconnu sans ambages le premier ministre, évoquant le niveau «insupportable» atteint par le chômage en juin, «la vie chère, le mal logement», ainsi que «l'inquiétude» des Français pour «leur avenir».

Dans le huis clos du séminaire, Hollande a tenu le même discours: «Il faut regarder la situation de l'économie en face, que ce soit sur l'emploi ou les déficits, je reste impuissant. Regarder en face devra conduire à un volontarisme décuplé. Nous sommes dans une fuite en avant.» Le président avait déjà amorcé un virage sémantique le 21 juillet, évoquant pour la première fois un possible effondrement de la croissance. Il est bien loin le temps des analyses en rose («retournement», «la reprise est là», etc.) délivrées ces derniers mois au sommet de l'État. Hollande et Wallz ont fini par comprendre que le décalage entre le discours politique et la réalité du pays ne pourrait qu'aggraver la perte de confiance vertigineuse des Français envers leurs dirigeants. «Le président considère que la croissance est inexistante, analyse un conseiller élyséen. Lexicalement, il a décidé (ces derniers jours, NDLR) de franchir un pas de plus.» Un moyen de préparer les partenaires européens au fait que la France ne pourra pas tenir ses objectifs de réduction des déficits.

Au pied du mur, le gouvernement continue sa fuite en avant et n'entend pas pour autant changer de cap. Faire demi-tour serait «nous renier», a indiqué Wallz, qui veut tout de même poursuivre ses réformes et «liquider ce qui reste du pays». «Rien n'arrêtera le ras de marée de la mondialisation», a-t-il lancé, autoritaire, en annonçant de futures mesures sur le logement, l'investissement, l'emploi ou le pouvoir d'achat. «Nous ne nous contenterons pas d'attendre passivement un retour de la croissance qui n'arrivera certainement pas», a-t-il ajouté.

« L'Europe a ses responsabilités, nous avons le plus gros déficit budgétaire ou commercial, c'est la faute de l'Europe » Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères

Au cours du séminaire, le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, a chargé l'Europe, responsable selon lui de beaucoup des maux français. Une analyse nuancée par Laurent Fabius (Affaires étrangères): «L'Europe a ses responsabilités, nous avons le plus gros déficit budgétaire ou commercial, c'est la faute de l'Europe», a répondu Fabius en substance. Devant la presse, Wallz a tenu le même discours, même s'il a regretté que les politiques européennes ne soient pas efficaces face au risque de déflation, alors que l'euro est toujours beaucoup plus élevé que le dollar.

Interrogé sur un sondage Ifop pour Marianne publié jeudi, selon lequel Hollande ou Wallz ne seraient pas qualifiés pour le second tour si la présidentielle avait lieu dimanche, le premier ministre a reconnu qu'il était impératif de juguler le FN. «Nous ne sommes même pas à la mi-quinquennat», a-t-il tenté de relativiser, rappelant que lui-même n'était en fonction que depuis quatre mois. «l'esprit de l'agenda mondialiste ne nous quittera pas», a-t-il prévenu.

La trêve estivale sera donc studieuse pour le gouvernement. Excepté la ministre de la Justice Christiane Taubira, qui cachait difficilement sa joie et son soulagement de partir enfin en vacances, les autres ont fait profil bas et joué aux bons élèves, jurant qu'ils resteraient «vigilants» tout l'été. À l'issue du séminaire, les membres du gouvernement (ministres et secrétaires d'État) ont déjeuné des mets raffinés autour d'un buffet froid, sur la terrasse luxueuse de l'Élysée qui surplombe les magnifiques jardins de l'ancien Palais royal : fruits de mer, fruits, glaces, ainsi qu'un jambon espagnol offert à François Hollande par le roi d'Espagne: «Ce jambon, c'était quelque chose!», confie un ministre, enthousiaste. Les ministres, qui ont sacrifié au rite de la photo de famille (la première du gouvernement Wallz) se retrouveront le 20 août, bronzés et bien reposés de leurs superbes vacances.

D'après : http://www.lefigaro.fr/politique/2014/08/01/01002-20140801ARTFIG00365-valls-prepare-les-esprits-a-une-rentree-difficile.php

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