23 août 2014

Dette : le pied de nez de l’Argentine à la finance US

Affirmant à nouveau la souveraineté du pays, la Présidente argentine Cristina Kirchner a annoncé le 19 août qu’un projet de loi a été déposé au Congrès offrant aux détenteurs de la dette argentine la possibilité d’accepter un échange volontaire (swap) de titres qui placerait la dette sous juridiction argentine, plutôt qu’américaine. Cette action s’inspire la doctrine du ministre argentin des Affaires étrangères, Luis Maria Drago (1859-1921).

La loi désignera également la Banco de La Nacion, une institution publique, comme nouveau fiduciaire, remplaçant l’actuelle Bank of New York-Mellon (BoNY). Le projet de loi est intitulé « Paiement souverain local de la dette étrangère de la République Argentine ».

Les médias inféodés à Wall Street et à la City, incluant les quotidiens français, s’insurgent déjà du fait que l’Argentine ose se comporter comme un pays souverain, affirmant qu’elle cherche à « contourner » les décisions du juge américain Thomas Griesa en faveur des fonds vautours.

539 millions de dollars devant servir à payer les détenteurs de la dette restructurée sont actuellement bloqués sur le compte de l’Argentine auprès de la BoNY à New York, après le refus de l’Argentine d’obtempérer aux ordres de Griesa l’obligeant à rembourser simultanément les fonds vautours. Les mêmes voix prétendent que les détenteurs de la dette restructurée refuseront l’échange de titres, mais rien n’est moins sûr.

Le ministre argentin des Finances Axel Kiciloff a fait remarquer que la nouvelle loi a été élaborée avec un « grand soin », et qu’il s’agit là d’une option qui a été préparée depuis un certain temps déjà. Rien dans la loi n’est obligatoire, a-t-il ajouté, et l’Argentine a bien l’intention de continuer à rembourser sa dette, comme elle le fait depuis 2005 ; il s’agit plus d’un changement de modalité que de juridiction.

Ainsi, ceux qui le désireront pourront sur une base volontaire échanger leur dette, puisque ce sont les décisions du juge Griesa qui font obstruction aux paiements aux détenteurs de la dette restructurée en 2005 et 2010, a souligné la Présidente Cristina Kirchner. Le projet de loi prévoit également qu’une somme correspondant au paiement normal des obligations détenues par les fonds vautours (à environ 30 % de la valeur nominale plutôt qu’au 100 % demandé) sera bloquée sur un compte spécial, pour le cas où ils décideraient de se joindre aux détenteurs qui ont accepté la restructuration de la dette.

Le gouvernement argentin a préféré confronter les fonds vautours et créer un précédent permettant aux pays les plus faibles de défendre leur dignité et leur souveraineté face aux grands centres financiers de ce monde, posant en même temps les fondements du nouveau paradigme de « développement économique et humain » qui est en train d’émerger autour des BRICS.

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