09 juillet 2014

Moustiques

Les moustiques communs en Suisse piquent, mais ne transmettent pas de maladie. (photo: Keystone/AP/Robin Loznak)

Mardi, un expert de l'EPFZ avertissait d'une explosion de la population de diptères, à cause des conditions météo. Deux experts romands remettent l'église au milieu du village.

«Lorsque les fleuves et les lacs débordent, ou que le niveau des eaux souterraines monte à cause des fortes précipitations, les œufs de moustiques qui se trouvent dans le sol éclosent plus rapidement», affirmait mardi Peter Lüthy, professeur à l’École polytechnique fédérale de Zurich, sur les ondes de la radio alémanique Radio 1. D'où un risque de voir exploser la population de ces insectes, selon le spécialiste.

Interrogés, deux scientifiques romands ne partagent pas du tout ce point de vue: «Chaque année c'est pareil, s'insurge Olivier Glaizot, entomologiste à l'Université de Lausanne. Dès qu'il fait chaud et humide, on nous rabâche qu'il y aura plus de moustiques. Mais mes observations actuelles ne vont pas dans ce sens.» Yves Gonseth, directeur du Service de cartographie de la faune de l'Université de Neuchâtel, est plus tranché: «Il s'agit d'une communication alarmiste totalement gratuite.»

De quelles espèces s'agit-il?

Dans son interview, Peter Lüthy évoquait des moustiques capables de se déplacer sur une dizaine de kilomètres afin de se nourrir. «Je connais une trentaine d'espèces en Suisse et aucune ne s'éloigne de plus d'une centaine de mètres de son lieu de naissance», tempère Olivier Glaizot. Et même en cas d'explosion de la population, il y a peu de risques pour les citadins. Les moustiques se développent en général dans les plaines marécageuses ou les anciens marais, comme la plaine de l'Orbe, par exemple. Les plans d'eau stagnante (étangs, zones marécageuses au bord des lacs ou rivières) font aussi partie de leur habitat. Mais pas seulement: «Certaines espèces se développent dans de très petites quantités d’eau que notre mode de vie met à leur disposition comme les arrosoirs, seaux, dessous de pot, vases à fleurs, vieux pneus surtout s'ils sont au soleil», explique Yves Gonseth.

Pas de risque

Il n'en reste pas moins qu'une piqûre de diptère local ne présente pas de danger majeur. Mardi, l'Office fédéral de la santé publique (OFSP) communiquait sur une recrudescence de cas de virus de chikungunya, transmis par le moustique-tigre, mais précisait bien qu'elle était due à des cas importés. La récente découverte de populations de cet insecte au Tessin n'a donc rien à voir.

Les espèces communes ne transmettent, en principe, aucune maladie. «Lorsqu'il pique, le moustique nous injecte un anticoagulant, qui provoque le bouton que tout le monde connaît. A ce jour, je ne connais pas de cas d'allergie», déclare Olivier Glaizot. Tout au plus, des cas d'infections légères causées par de bactéries qui vivent sur l'animal peuvent être observés. Avec pour effet une inflammation un peu plus prononcée après la piqûre, selon l'entomologiste lausannois. Une analyse partagée par Yves Gonzeth: «Les moustiques ne posent aucun problème sanitaire ou médical à l’heure actuelle en Suisse. Tout au plus peuvent-ils être gênants par temps calme, de nuit, quand il fait chaud, aux alentours de certains plans d’eau.»

Enfin, pour passer de bonnes nuits d'été et éviter les démangeaisons matinales, les deux experts livrent leur recette : la moustiquaire!

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