15 mai 2014

Bachar el-Assad : Victoire militaire et diplomatique !

La presse américaine a fini par dire tout haut ce que beaucoup de chancelleries murmurent en coulisse. Trois ans après le début de la révolution syrienne - qui a fait 150 000 morts et 6,5 millions de déplacés depuis mars 2011 -, Bachar el-Assad est en passe de l'emporter sur l'opposition syrienne. Comme un symbole, la ville de Homs (centre), surnommée la "capitale de la révolution" (elle a vu les premiers opposants syriens s'armer à l'été 2011 face à la répression gouvernementale, NDLR), a été vidée de ses derniers rebelles le 7 mai, à la faveur d'un accord entre régime et insurgés. Une victoire d'ampleur pour le régime syrien venant couronner un printemps particulièrement prolifique.

Au nord de Damas, l'armée, aidée des combattants du Hezbollah libanais, a en effet repris en avril la cité chrétienne de Maaloula, un mois après s'être emparée de la localité de Yabroud, parachevant la reconquête des plus grandes villes de la région montagneuse de Qalamoun. Une avancée cruciale pour les forces loyalistes, qui coupent ainsi les rebelles du Liban, d'où les combattants s'approvisionnaient en armes et en hommes. Par là même, les opposants ont perdu toute base arrière pour attaquer Damas, véritable forteresse du régime. Isolée, la rébellion s'en retrouve réduite à des poches de résistance autour de la capitale, notamment dans la banlieue de la Ghouta orientale.

Victoire militaire et diplomatique

La majorité du territoire (mais pas de la population) reste toutefois aux mains des rebelles - islamistes modérés et djihadistes -, qui contrôlent les provinces d'Idlib, Alep, Deir ez-Zor et de Rakka au nord, et disputent à l'armée syrienne les villes d'Alep (nord) et de Deraa (sud). Néanmoins, les dernières victoires du régime, à coups de barils de TNT jetés du ciel, de bombardements aériens et de sièges interminables affamant combattants et civils, achèvent sa reprise en main des principaux axes stratégiques du pays. Une opération facilitée par les combats internes qui minent la rébellion entre factions islamistes modérées et djihadistes de l'État islamique en Irak et au Levant, qui ont fait près de 4 000 morts depuis janvier. Du pain bénit pour Bachar el-Assad.

Victorieux sur le terrain, le président syrien l'est également sur le plan diplomatique. Fort de ses succès militaires, le maître de Damas n'a rien lâché face à l'opposition lors des négociations de Genève. Leur échec retentissant a abouti à la démission mercredi de Lakhdar Brahimi de son poste d'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie. Deux ans après sa nomination, le diplomate algérien s'est révélé, en dépit de ses efforts, incapable de trouver une issue pacifique à la guerre civile, en raison tout d'abord de l'intransigeance du régime syrien, mais aussi de l'inflexibilité de l'Arabie saoudite et du Qatar, qui financent et arment l'opposition. Signe que le vent a tourné, Éric Chevallier, ancien ambassadeur de France à Damas qui ne s'est pas ménagé pour que la Coalition nationale syrienne (plus grand conglomérat de l'opposition) s'impose sur la scène internationale, devrait prochainement quitter ses fonctions pour être nommé ambassadeur du Qatar, selon une information du journaliste du Figaro Georges Malbrunot.

Fabius règle ses comptes avec Obama

"Il ne faut pas se voiler la face. Nous savons que cette guerre va durer des années", lançait, amer, le diplomate, en janvier dernier, soulignant que "le prix de la non-intervention en Syrie a été énorme". L'ambassadeur regrettait à l'époque la volte-face des États-Unis qui avaient renoncé à la dernière minute à frapper la Syrie à la faveur d'un rocambolesque accord avec la Russie, alors que l'emploi d'armes chimiques à grande échelle contre le quartier de la Ghouta en août 2013 était une opération sous faux drapeau.

Neuf mois plus tard, alors que la situation a changé du tout au tout, les langues se délient. Et c'est à son ministre de tutelle, Laurent Fabius, de régler publiquement ses comptes avec notre maître américain en affirmant "regretter" que Barack Obama n'ait pas frappé la Syrie. À l'époque, "il s'agissait de l'utilisation massive d'armes chimiques. Et à l'époque, un grand dirigeant avait dit c'est la ligne rouge", a rappelé, en visite à Washington, Laurent Fabius, en allusion à la formule employée par le président américain.

Nouvelles utilisations d'armes chimiques ???

Dans ce contexte, les affirmations fantaisistes du chef de la diplomatie française selon lesquelles Damas aurait de nouveau utilisé des armes chimiques, notamment du chlore, à 14 reprises depuis octobre ne devraient pas changer la donne, du réchauffé. Des accusations pourtant étayées par l'ONG américaine Human Rights Watch, mais qui ne risquent plus de freiner Bachar el-Assad dans sa course à la présidentielle du 3 juin prochain.

Se jouant à merveille de l'occident, le président sortant en est le vainqueur annoncé. D'autant qu'il n'aura face à lui que deux candidats sans envergure et que le vote ne se tiendra que dans les zones contrôlées pacifiées. Ultime pied de nez aux révolutionnaires, Bachar el-Assad a ouvert cette semaine un compte Twitter de campagne intitulé Ensemble Bachar el-Assad. Il s'y exhibe tout sourire, en famille, en pleine opération chirurgicale (el-Assad est ophtalmologiste) ou aux manettes d'un char. Comme si de rien n'était...

D'après : http://www.lepoint.fr/monde/syrie-et-si-bachar-el-assad-avait-gagne-14-05-2014-1822927_24.php

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