06 décembre 2013

L'ascension sociale, "un conte de fée" : Une génération qui renonce à travailler...

Face à des pressions sociales et économiques croissantes, de plus en plus de jeunes Coréens préfèrent ne pas se lancer sur le marché du travail après leurs études. Explications.

En mars dernier, Kim Su-hyon, 23 ans, a mis fin à sa recherche d’emploi. Elle venait pourtant à peine de sortir de l’université et de diffuser une dizaine d’exemplaires de son curriculum vitae. Elle n’avait plus envie de jouer le jeu. Par ailleurs, elle n’avait pas d’autre projet. A présent, elle passe ses journées enfermée dans sa chambre.

Auparavant, comme pour tout le monde, son objectif numéro un était l’emploi. Inscrite dans un cursus professionnalisant de deux ans dans une faculté située près de la capitale, elle avait finalement intégré une université de Séoul. On lui avait dit qu’il fallait bien cela pour trouver du travail. Elle avait choisi l’informatique, secteur dont on disait qu’il embauchait. Elle avait sacrifié ses vacances à l’apprentissage de l’anglais. Elle avait même bénéficié d’un coaching juste avant de se lancer dans la chasse à l’emploi. Mais à peine était-elle passée à l’acte qu’elle avait été saisie par le doute et la peur. “Ai-je vraiment envie de travailler ?”, ou encore : “Pourrai-je rivaliser avec tous ces gens qui ont de multiples atouts ?”, s’est-elle demandé. Et, en conclusion, elle a fini par renoncer.

L'ascension sociale, "un conte de fée"

De plus en plus de jeunes Sud-Coréens refusent de fournir l’effort demandé pour gagner une autonomie financière et passer à une nouvelle étape de leur vie. Certains cherchent une autre voie que le travail ordinaire, mais la plupart préfèrent un abandon pur et simple. Le manque de confiance est la principale cause de la résignation des jeunes. La réalité est trop dure pour qu’ils continuent à cultiver l’espoir romantique que constituent l’indépendance économique et l’ascension sociale. Leur arrivée sur un marché du travail saturé est déjà problématique. Les “gagnants” se contentent souvent d’un emploi précaire mal rémunéré.

Leur avenir s’annonce très différent du parcours qu’ont connu leurs parents à une époque où les emplois abondaient grâce à une industrialisation rapide et où ils avaient la possibilité d’intégrer la classe moyenne. “L’ascension sociale est devenue un conte de fée”, affirme Pak Kwon-il, co-auteur de Génération 880 000 wons, ouvrage qui avait en 2007 attiré l’attention de la société sur le sort des jeunes condamnés à des emplois précaires et mal payés.

La porte qui mène à un emploi est de plus en plus étroite, obligeant les jeunes à accumuler les bonus comme le niveau d’anglais, les stages, les concours… Un investissement qui coûte cher et dont la rentabilité n’est pas évidente. Kim Min-su, du syndicat Youth Community Union, déclare : “A moins d’être pris dans une des quelques grandes entreprises ou dans le public, il est difficile de récupérer la mise, à savoir les frais d’inscription universitaire et les différents coûts résultant d’une amélioration du CV. Très peu d’emplois proposent des conditions correctes, la majorité ne permettent même pas de rembourser ces investissements. Certains se disent que c’est une bataille perdue d’avance.”

Kang Song-hun, 25 ans, est entré en 2007 dans le département informatique d’une université de province dans le but d’intégrer une entreprise japonaise. Mais lorsqu’à son retour du service militaire [obligatoire pour les hommes en Corée et d’une durée d’environ deux ans], il a retrouvé ses amis qui étaient devenus salariés et il a vite déchanté. Il a ensuite renoncé à ses études, puis a travaillé un an et demi dans une usine pour se faire un peu d’argent. Il envisage de partir au Japon, avec le visa Working Holiday.

Solidarité

Les vices du marché du travail ne constituent pas les seules causes de la naissance d’une génération réfractaire à la lutte pour le travail. L’obsession de faire le bon choix et la peur de l’échec amènent les jeunes à retarder une prise de décision ou carrément à y renoncer.

Ceux qui ne veulent plus rejoindre le marché du travail parlent aussi de leur manque de motivation. Il s’agit d’une sorte de réflexe d’autodéfense. “Les 20-30 ans tentent de vivre comme la société le leur a appris. Mais ils se heurtent à des murs. Le rêve et la réalité sont si éloignés l’un de l’autre qu’ils ne supportent plus la tension”, explique Sin Chin-uk, sociologue de l’Université Chungang [à Séoul].

Pourtant, ils paient cher leur renoncement, volontaire ou non. Dans la société coréenne, quiconque ne participe pas au marché du travail peine à se faire respecter en tant qu’individu à part entière. Le Japon, qui a connu dans les années 1990 les Neet [Not in Education, Employment or Training, “Ni étudiant, ni employé, ni stagiaire”] ou les Freeter [les jeunes travaillant à temps partiel ou sans emploi], voyait un désir de régression chez ces jeunes. “Fuir l’occasion de travailler annonce une régression sociale. Or certains semblent le vouloir. Ils savent que ne pas travailler n’est pas bien vu dans la société, mais prennent le risque d’en subir des conséquences négatives”, selon Uchida Tatsuru, l’auteur de Downstream-oriented. Il est sans doute exagéré de dire que les jeunes Coréens d’aujourd’hui recherchent volontairement une régression sociale, mais il y a de fortes chances qu’ils y parviennent sans le vouloir.

L’impact de ce phénomène sur la société est important dans la mesure où le travail des jeunes constitue le socle du système social. D’où l’insistance du gouvernement de [la Présidente] Park Geun-hye, qui veut faire monter jusqu’à 70% le taux de la population ayant un emploi [actuellement 64,2%], en misant sur la participation des femmes et des jeunes à l’économie. Les jeunes réfractaires risquent de devenir des marginaux, dangereux pour eux-mêmes et pour les autres.

Comment remédier à la situation ? D’après Choi Tae-sop, auteur de la Société superflue [Ingyo sahoe], l’environnement du travail et la culture de la compétition doivent changer. “Il ne faut pas remettre en cause les compétences des 20-30 ans. Ils ne peuvent résoudre leurs problèmes à eux seuls. Il faut se pencher sur la structure qui les exclut du marché et de la société.”

Sin Chin-uk est de cet avis, mais rappelle que le réseau de solidarité doit se resserrer pour soulager la souffrance des jeunes. “Au Japon, lorsque la bulle économique a explosé dans les années 1990, les jeunes ne croyaient plus au modèle de vie symbolisé par un emploi stable dans une grande entreprise et un appartement dans une grande ville. L’opinion publique en est arrivée à se convaincre que ceux qui sortent du modèle standard doivent aussi pouvoir vivre dignement. Nous devons en faire autant.”

Source

1 commentaire:

  1. l'ascension est purement atlantiste. la race du pétrole a vécu de toute façon elle va tomber et elle tombera quand le fruit sera mur. Elle a deja eté brisé par jésus et elle a survécu à cause des jésuites.
    Quand le monde deviendra vermine, la force morale des nations aura atteint sa maturité pour détruire le mal.
    dieu utilise le mal comme le potier utilise ses doigts en appuyant sur l'argile pour confectionner la corolle de la coupe. une pression lègere mais necessaire pour que le pot soit rectifier et prenne les formes voulues. tout vient de dieu puisque dieu est tout. le probleme c'est que certains idiots croenit que tout est permis puisque nous sommes eternels. vendre une femme ou un fruit c'est sans importance puisque c'est que de la matieres. conception jésuitique et judaique. les memes qui ont voyagé sur toutes les terres et qui cherchent a dominer en profitant de la générosité des gens.
    je serais le pauvre parmi les pauvres, ces gens sont des loups et nous des chaperons rouges.

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