10 décembre 2013

La loi des loups

Pierre Derlon est un homme, qui à dix-neuf ans, sauva la vie d’un patriarche gitan. C’était en 1939, 4 jours avant la déclaration de la guerre. Ce patriarche, un sorcier gitan, l’adopta et lui transmis son savoir. Il est l’unique non-gitan de son époque à avoir eu accès à ce savoir.

Certains disent de Pierre Derlon qu'il est marginal.
Jacques Breyer pense que tout ce qui est marginal vit un destin particulier, situé au-dessus ou au -dessous de l'ensemble, donc tout ce qui est marginal représente le meilleur ou le pire, notamment par le fait de pouvoir plus ou pouvoir moins.

Pour devenir marginal il faut cesser d’être les autres et oser être soi.

Je ne pense pas que pierre ait osé.
Seul le destin voulut qu'il naisse marginal  et sa famille d'abord, puis son maitre d'école, enfin la société qui n'admet pas le meilleur lorsqu'il est différent des normes qu'elle a instituées.

C'est vrai Pierre est marginal, mais seulement comme le loup l'est aux hyènes et aux chacals.
Lorsqu'il s'évadera de la chaleur de la louve, il te faudra avec ta peau lui donner la chaleur du soleil, et puis encore le parfum des étoiles travers ton regard, la force à travers l'étreinte et l'amour.

Lorsque le posant au sol, il regardera vivre les deux sources de son existence.

"Vivant a cheval sur deux civilisations, la votre et celle des gitans, mon mode d'exister va du soleil a la pluie. J'ai respecté entièrement la loi des loups pour l'éducation de mes 4 derniers enfants. La société qui est notre en tant que mode de vie, ne put, sur eux, poser son empreinte qu'a partir de leur septième année, ou, jamais avant ce cap franchi ils ne connurent en tant que présence affective, que celle de leurs parents.

L’expérience fut fantastique.

Vingt ans après, ma cavale et moi récoltons les fruits de ce que dans l'amour et l'instinct avons construit tous deux.
Car la loi des loups dit :
 
" Il ne suffit pas de semer la vie de tes enfants, il faut également la construire ".

S'il vous arrive un jour de rencontrer un des patriarches de grande route, un vrai,authentique voyageur, qui jamais ne consentit a dormir a l’intérieur d'une maison, qu'il soit ce jour-la tout aussi bien, accoté au talus d'un fossé, les yeux face au soleil, ou bien encore en hiver, les mains tendues au feu, regardez-le vivre ce patriarche. regardez-le ce patriarche, ce fils maudit parmi les hommes :

il n'a pas de lunettes, et pourtant , il voit loin
il est sec, et pourtant, il marche
il sourit comme le loup, car il a toutes ses dents,
et pourtant, oui pourtant, il a 96 ans
presque un siècle, et cependant,
il marche
il rit
il va.
Mais quel est le chemin ?
C'est la route qu'il lui a fallu parcourir pour arriver a cette plénitude qui fait sa force.

Cela commença neuf mois avant qu'il ne jette son premier cri aux 96 années qu'il se devait de vivre... le jour ou son père, sa mère, firent l'amour pour créer la vie. Car le tzigane, le vrai, celui que n'a pas pourri notre civilisation, ne fait l'amour a sa cavale que pour cela, et prend son plaisir animal, tout comme le loup, a perpétuer ce qui se doit de vivre, sans faux-semblant.
L'amour pour l'amour et récolter le fruit, l'enfant, l'enfant-roi, le petit loup.

La future maman de ce patriarche, par vous rencontrée au bout d'une halte, le soir en sa roulotte prêtait son ventre riche de vie a la parole de rom.
Et l'homme, ce gitan inculte, parlant au ventre de sa romnie, chantait la chanson de la loi des loups et pour la vie a venir, elle chantait cette bouche ; tout près de la peau tendue par cette promesse de vie, elle chantait :

" Je t'ai fait fort petit loup
avec mon sang
avec ma peau.
Et si tu es louve,
je t'ai faite tendre et forte,
déjà la ou tu es,
tu es ma mère
fille des hommes, sans qui ne nous serions pas.
Viens dans ma roulotte
  éclate a la lumière, je protègerai tes yeux.
  éclate au vent, je protègerai ton souffle.
  éclate au feu, je protègerai ta peau.
  éclate a l'eau, elle et moi purifierons ton corps;
car tu seras fille ou fils de la pluie et du vent,
et frère ou sœur du soleil ".

CE QUI N'EST PAS DONNE ou PARTAGE, EST PERDU ( proverbe Gitan)

Source

4 commentaires:

  1. Merci Paul pour cet article très touchant !

    Deux proverbes des Fils du Vent :

    "LE PLUS BEAU DES FEUX COMMENCE TOUJOURS PAR DES BRINDILLES"
    sans oublier
    "L'or des gitans ne brille ni ne tinte ;
    il luit dans le soleil et hennit dans l'obscurité."

    http://www.youtube.com/watch?v=blgoeB2ZMEQ

    RépondreSupprimer
  2. Tous ceux qui suivent un modèle sont excentriques puisque qu'il n'y a qu'un seul centre et que le modèle l'occupe... La seule façon d'occuper le centre c'est de le créer...

    RépondreSupprimer
  3. Je ne me souviens pas d'histoire que mon grand père m'est raconté quand j'étais enfant. C'était un homme du voyage qui était devenu sédentaire. Mais je sais que tu m'a élevé sans broncher, tu n'a jamais fait de grand discours, toujours discret et silencieux. Je te revois me trimballant partout sur ta mobilette. Tu m'attendais pendant des heures au bistrot du coin, quand, sur le champ de course je distribuais un morceau de sucre à chaque cheval, puis tu mettais des piles de cinq francs sur le flippeur pour que je joue aidée d'un tabouret. Forcément, pas assez grande et forcément je pommais tout. Sacré Bébert (Albert). Puis à la fin de ta vie, tu est reparti vivre en caravane. Je suis venue au camp des gens du voyage, je venais d'avoir fait des kilomètres sous une écrasante chaleur, quand en arrivant, deux jeunes m'ont dit, qu'Est-ce que tu viens faire ici ? Je t'ai vu alors sortir de ta caravane dans une colère et leur dire :" foutez moi le camp, c'est ma petite ". Les pauvres ils ne savaient pas, mais tu étais le patriarche, alors, ils ont rentré la tête dans les épaules. Puis ta petite chienne que tu aimais tant est venu me faire la fête et tu m'a sorti tout ce qu'il y avait de biscuit et autre de tes placards de peur que je ne trouve mon bonheur. À un moment tu étais accoudé à la fenêtre tenant ta tête en tes mains et tu m'a dis, bientôt je partirai et je t'ai répondu, mais non, qu'est ce que tu raconte. Six mois plus tard, un coup de fil a résonné, tu étais mort et après l'incinération on nous a montré le vase.... c'était tout ce qu'il restait de toi.
    J'avais treize ans et c'est là que j'ai compris qu'on doit toujours dire aux gens qu'on les aime, si non c'est trop tard.
    Alors comme je sais que tu aimais la mer, ancien marin et docker cet hommage est pour toi
    http://youtu.be/uhS1TBmupQM

    RépondreSupprimer
  4. Toute mon enfance sauf qu'on allait pas à la mer et que j'en avais vingt trois quand il est parti loin d' ici . Je n'ai connu aucun grand parents .
    http://www.youtube.com/watch?v=x8l43czQAy4

    L'ours

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.