11 novembre 2013

Symbolique de la cathédrale gothique de Chartres (partie 1)


PROLÉGOMÈNES

Traditionnellement, on appelle « Siècle des Cathédrales » la période allant de 1130 à 1280. Mais en 1130, la plus royale des Églises n’est pas une cathédrale, mais un monastère : Saint-Denis, en France. Et c’est à Saint-Denis, sous l’impulsion de l’abbé Suger, conseiller du Roi Louis VII, que naîtra cet art nouveau qui sera plus tard surnommé « gothique ». Suger apporta, en effet, une conception nouvelle du sanctuaire. Au lieu de délimiter un espace soigneusement clos, le sanctuaire dut accueillir la lumière que Suger considérait comme le lien parfait entre l’Homme et Dieu. Il ne devait plus être replié sur lui-même, mais au contraire, largement ouvert sur le monde profane. C’est là, la théorie fondamentale de cet art que la Renaissance qualifia de « gothique » c’est-à-dire de « barbare ». Cet art nouveau fut reconnu par ses contemporains comme « l’Art de France », car c’est au cours du domaine capétien qu’il trouva la perfection de ses formes et à Paris qu’il fixe le foyer de son rayonnement.

Le gothique est un système de construction reposant sur ce que l’on nomme : la croisée d’ogives qui est apparue partout dans l’Occident chrétien; et toujours dans des abbayes bénédictines ou cisterciennes surtout. Le gothique apparaît après la première Croisade et, plus spécialement, après le retour en 1128, des neufs premiers chevaliers du Temple. Et, à partir de ce moment, on construit partout; églises abbatiales ou églises laïques, surtout en Île-de-France et en Champagne. Le gothique ne succède pas au roman, les deux ont existé en même temps et les deux écoles ne se mélangent pas. Les constructeurs romans ont continué à faire du roman pendant que les constructeurs gothiques faisaient du gothique. Quand l’école romane s’essaie au gothique, elle n’aboutit, la plupart du temps, qu’à un système un peu bâtard, que l’on a nommé, plus tard, courtoisement.: « gothique de transition ». Les constructeurs gothiques eux ne tâtonnent pas. Les constructeurs de Senlis, en 1154, connaissent parfaitement leur métier…

Si entre les XVIII° et XIX° siècles, se réalise, en Europe, la révolution intellectuelle qui l’a mené à l’univers déraciné de la modernité, c’est entre les XII° et XIII° siècles qu’une véritable révolution de la foi éclaire d’une dimension nouvelle les Arts et les Sciences qui deviennent serviteurs de l’Esprit. C’est alors que naît le fameux « Siècle des Cathédrales », période d’intense créativité intellectuelle et artistique, dont le rayonnement s’étend sur toute l’Europe.

 
Véritables montagnes sacrées au cœur des cités médiévales, les cathédrales constituent une liaison magique entre les trois plans de l’Univers, le Ciel, la Terre et le monde souterrain. La Cathédrale est en effet une image réduite de la création et les lois qui président à sa construction paraissent identiques à celles qui ont permis à l’univers de se manifester.

De ce fait, la Symbolique des Cathédrales est consacrée à l’étude des lois fondamentales de l’Architecture sacrée. Le Nombre qualifie l’esprit, la Géométrie l’Âme et l’Architecture le corps. Ce sont ces trois sciences divines qui ordonnent la Cathédrale, comme l’Univers tout entier. Mais, la Cathédrale n’est pas seulement une représentation statique de l’univers.; par les rites qui se déroulent en son sein, elle est l’espace de transfiguration, permettant au fidèle, au pèlerin, de transmuter sa nature profane en vertu spirituelle. Le pèlerinage vers l’intérieur de la Cathédrale est alors un véritable cheminement alchimique, comme en témoignent les labyrinthes dessinés sur le sol ou encore les médaillons alchimiques, gravés sur le sol ou encore les médaillons alchimiques, gravés sur les façades de plusieurs Cathédrales.

Les Bâtisseurs ont ainsi concrètement incarné les principes de l’Architecture sacrée dans la pierre, faisant de chaque cathédrale un espace privilégié de communion entre l’homme et sa réalité cosmique. Recréateur des formes célestes sur terre, le Bâtisseur se place humblement dans une chaîne multidimensionnelle de transmission de sagesse. Une unité spirituelle et pratique anime une multitude de mains, de cœurs et de voix, du maître d’œuvre qui établit les plans de la Cathédrale et dirige le chantier jusqu’au compagnon qui taille de pierre.

Pendant ce «.Siècle des cathédrales.», l’homme occidental s’est montré capable de vivre l’expérience du Sacré et de se relier au Divin, à l’Univers, à ses semblables et à lui-même. Les Cathédrales sont le témoignage le plus éblouissant de ce mariage sacré entre le visible et l’invisible.

Toutes les cathédrales de France furent dédiées à NOTRE-DAME, la Vierge s’introduit dans la piété du XII° siècle.: elle évoque la souveraineté, la victoire, mais aussi l’idée d’incarnation. Elle symbolise la Nature. Vers elle se porte naturellement la dévotion des foules, mais aussi les effusions mystiques des moines. Les théologiens qui créèrent l’art gothique ne se représentaient pas le Christ comme un enfant, mais comme un Roi, souverain du monde.; monté sur le trône, il couronne la Vierge, sa mère, mais aussi son épouse, l’Église. C’est aussi au XII° siècle que l’on commence à exalter la femme dans les cours chevaleresques des Pays de Loire et du Poitou. La France de ce temps découvre l’amour courtois et l’amour de Marie.

L’homme gothique, représenté dans l’iconographie des Cathédrales, est à l’image du Christ.: de la pensée divine, il naît adulte. Les harmonies rationnelles qui l’unissent à la création doivent transparaître en son effigie. Les humains sont donc des êtres responsables de leurs actes, conscients, affranchis des forces aveugles, maîtres d’eux-mêmes.

1. — LA CATHÉDRALE IMAGE DU MONDE

« Le Temple n’est pas seulement une image réaliste du monde, mais bien plus encore, une image structurale, c’est-à-dire qu’il reproduit la structure intime et mathématique de l’Univers »

Ces quelques lignes, extraites du livre de Jean Hani « La Symbolique du temple chrétien.» résument la position de l’homme face à la cathédrale. La dimension de l’univers ne permet pas d’emblée une approche globale et chaque civilisation s’est appliquée à reformuler un espace, de dimension humaine, reproduisant une image réduite de la Création. La cathédrale est à considérer comme une recréation du monde et les lois gouvernent sa construction, depuis le plan jusqu’au choix de la date de la première pierre, sont identiques à celles qui ont permis à l’univers de se manifester. Ainsi, s’établit une relation trivalente entre l’Homme, le Temple et le Monde. Véritable pont spirituel, la cathédrale occupe une position intermédiaire et agit comme médiatrice entre Dieu et l’Homme.

1.1.—LA CATHÉDRALE SYNTHÈSE DES TROIS MONDES
Ce rôle médiateur n’est possible que parce que la cathédrale reproduit les trois niveaux qui composent l’Univers, c’est-à-dire.: le Ciel, la Terre et le Monde souterrain. Selon la Tradition, l’Homme est aussi un Univers en miniature, composé de trois niveaux.: l’Esprit, l’Âme et le Corps. Le Monde, le Temple et l’Homme ont donc été créés avec le même modèle.; la liaison entre l’Homme et son Créateur est donc réalisable par la cathédrale. Cette partition ternaire du temple s’exprime à la fois dans le plan vertical et horizontal de l’édifice. Au sol.: le chœur, le transept et la nef, pour l’élévation : les voûtes, le sol et la crypte, enfin, pour les façades : les flèches, les rosaces et vitraux et les portes reproduisent le même modèle structural (figure 1 et 1 bis).

1.2.—LE MONDE SOUTERRAIN

Il ne faut pas le confondre avec l’Enfer. Il s’agit plutôt du ciel à l’envers, c’est-à-dire du ciel nocturne, qui représente la voûte céleste au-delà du système solaire. Le monde de sous-terre est à la fois le siège des puissances chtoniennes et stellaires qui préexistent à notre monde terrestre. Ce milieu ténébreux, qui permit à la lumière de naître, réagit à l’émergence de la vie, c’est-là que se nourrissent les racines des êtres. La graine plantée sous terre germe grâce à l’énergie tellurique qui lui est donnée. Ces forces invisibles sont représentées par la Vierge noire, à qui sont attribuées toutes les qualités du monde souterrain. Ces Vierges sont généralement vénérées dans la crypte des églises, comme au Puy ou à Chartres pour ne citer que deux exemples. La crypte, milieu sombre et humide, est liée aux mystères de la résurrection et de la transmutation. Elle représente la matrice de la vie et rappelle la fonction des grottes sacrées des religions primitives, vouées au culte de la Déesse Mère. Bien que l’usage des cryptes dans la liturgie judéo-chrétienne soit peu connu, on lui attribue des fonctions initiatiques. Il faut tout de même se rappeler les baptistères des premiers sanctuaires chrétiens qui occupaient justement cet endroit. La crypte est propice à une deuxième gestation de l’homme dans le sein même de la Terre. La sortie de la crypte à la lumière du jour est alors assimilable à la naissance dans la vie spirituelle. C’est aussi le monde des morts ou des ancêtres qui détiennent le secret du passage de la vie vers la mort ou de la mort vers la vie.



1.3.—LA TERRE ET L’ATMOSPHÈRE

Les anciens appelaient Terre le milieu de réalisation de la vie « terrestre », c’est-à-dire, les montagnes, les fleuves, le vent, la pluie, en fait la Nature, dans un ensemble avec les éléments. Il s’agit donc de l’habitat humain pour le séjour terrestre. Il est nécessaire de préciser que les trois mondes sont en fait trois habitats différents pour l’homme. La matière première du corps humain est sous la Terre, c’est là que sont les métaux, les sels minéraux; c’est là aussi que le corps physique de l’homme retourne après son séjour sur Terre. La surface du sol, habitat de la vie terrestre, est le siège de l’âme. Ce milieu donne les aliments et les énergies nécessaire à l’animation et au mouvement. Enfin, le Ciel régit le monde des principes et c’est le séjour de l’Esprit. Dans la cathédrale, le Ciel donne la verticale, le monde du milieu ou la Terre le plan horizontal, et le Monde souterrain la profondeur, la crypte. C’est du sol de la cathédrale que les colonnes sortent, poussent et fleurissent sous la forme des vitraux et rosaces. Cet espace est celui du culte ou de la culture du jardin cosmique, le Paradis des écritures. Monde de la dualité, de l’alternance et des contraires, il est symbolisé par les dalles noires et blanches qui composent le damier du sol. C’est là que l’homme se confronte à la collectivité et à l’adversité de la vie. Si la crypte représente ce qui est avant le temps, le sol et l’atmosphère, c’est-à-dire le Monde du milieu, de l’Âme, est gouverné par le rythme des saisons et des heures du jour. Ainsi, l’homme parcourt le plan horizontal depuis la nef, réplique de la fonction de la crypte, en passant par la croisée qui manifeste le monde du milieu et enfin atteint le chœur, seule partie courbe du plan au sol qui reproduit l’image de la voûte céleste.

1.4.—LE CIEL

Siège de la lumière, des puissances solaires et de la divinité, il évoque la Jérusalem céleste. Monde diurne qu régit l’accomplissement spirituel, il s’incarne dans la voûte, le Ciel de la Cathédrale. C’est là que se noue la cohésion de la construction, par les clefs qu concentrent et diffusent les forces dans les colonnes à l’image du Ciel qui répand ses principes sur la Terre. Comme une barque renversée, comme l’Arche en quête du Mont Ararat, la nef navigue sans le Ciel. C’est le Christ-Soleil qui est maître de ce monde.

2. — L’ESPACE SACRÉ

C’est le choix du lieu qui est déterminant pour que la construction remplisse son office. Que ce soit sur une colline, une île sur un fleuve, ou tout simplement un lieu ancestral de culte, l’espace choisi possède déjà les qualifications requises pour la cohabitation des trois régions de l’univers. Il n’est donc pas surprenant que la majorité des cathédrales soit implantée sur des sites de cultes ancestraux. L’endroit idéal est déjà un sanctuaire naturel. La délimitation de l’espace, sacré qui constituera le plan au sol de la cathédrale, est réalisée par le Maître d’œuvre ou architecte. Au Moyen-Âge, l’architecte dirige tous les corps de métiers.: charpentiers, tailleurs de pierre, maçons et verriers, entre autres. La construction est une vaste entreprise spirituelle et collective, qui mobilise toute la population.

Les différentes étapes, qui préparent l’espace à recevoir l’Esprit, constituent en fait un modèle rituel. Depuis le choix de l’emplacement jusqu’à la consécration, il faut associer chaque stade aux six jours de la Création.: 1. choix du site — 2. Détermination de l’axe vertical — 3. Orientation de l’espace ou carré du Ciel — 4. Quadrature du cercle primitif ou carré de la Terre — 5. Construction — 6. Consécration.

2.1. —L’AXE VERTICAL

Pour établir le contact avec les puissances ordonnatrices du Ciel, il faut un lien qui unisse et scelle la fonction des trois régions de l’Univers. C’est de l’existence de cet axe vertical que découle la fonction médiatrice du temple. Comme l’esprit gouverne la Matière, l’axe vertical organise l’espace horizontal. C’est une colonne ou un mât, planté au sol, dans le site choisi, qui va revitaliser les caractéristiques du lieu, à l’image des aiguilles de l’acupuncture. L’acte liturgique de l’incarnation consiste donc dans l’édification de la colonne réalisée par le Maître d’œuvre qui agit comme prêtre.

2.2. —LE CARRÉ DU CIEL OU L’ORIENTATION DE L’ESPACE
Sur la base du centre incarné par la colonne, le maître d’ouvre trace un cercle qui manifeste l’horizontal. Par définition, le cercle ne possède pas d’orientation. Au lever du Soleil et à son coucher, l’ombre de la colonne qui se projette sur le cercle marquera deux points qui déterminent le premier axe du Temple (figure 2). Cet axe primitif qui oriente le cercle à l’Est et à l’Ouest est appelé Decumanus. En fonction de la date choisie pour ce rite, il est possible de décliner cet axe par rapport aux cardinaux magnétiques. La date retenue dans le cycle saisonnier marquera la dédicace de la cathédrale (Par exemple, le 15 août pour Notre Dame de Paris). La position zénithale du Soleil marquera, par l’ombre du mât, le Cardo ou axe Nord-Sud. Cette opération simple fait intervenir la main du Ciel pour orienter l’espace. La croix cardinale reconstitue les diagonales du carré du Ciel, l’espace est qualifié.


2.3. —LA QUADRATURE DU CERCLE PRIMITIF OU LE CARRÉ DE LA TERRE

La quatrième opération vise à établir un deuxième carré, inscrit dans un cercle primitif, qui fixera, par ses angles, la position où seront édifiés les grands piliers de croisée du transept. Ce carré, en opposition au carré du Ciel, réalise l’espace de sustentation matériel de la cathédrale. Le carré de la Terre est le complémentaire de celui du Ciel (figure 3). Il faut donc inscrire dans le cercle primitif un espace quadrangulaire qui donnera le module géométrique de l’édifice, c’est-à-dire la largeur de la nef et du transept. Ce module, ou rapport, sera translaté dans les deux axes est-ouest et nord-sud donnant toutes les proportions de la cathédrale. Le premier carré, celui du ciel, donne l’orientation fixe, et dédicace la volonté du Ciel. Le carré de la Terre est celui de l’incarnation du principe céleste. Le module, une fois fixé, est tracé à l’aide de deux cercles de même diamètre centré sur les points d’intersection de l’axe est-ouest avec le cercle primitif (figure 4). L’espace orienté devient le centre des six directions de l’univers, dont le point de concours est matérialisé par la colonne au centre du cercle primitif. Le tracé de base terminé, la colonne sera détruite mais sa fonction d’axe du monde sera assurée par la flèche, au centre de la croisée, véritable antenne de la cathédrale. le mariage des deux carrés du Ciel et de la Terre produit un octogone que l’on retrouve dans la forme des anciens Baptistères ou des clochers des églises romanes. Si le tracé débute à la croisée avec la colonne, la construction par contre, commence par l’abside, c’est-à-dire par l’Est qui est la naissance du monde.


2.4. —LE TEMPS MET EN MOUVEMENT L’ESPACE

Le plan au sol de la cathédrale est donc une projection horizontale ordonnée de l’univers. En raison de l’orientation solaire, chaque point cardinal indique une position extrême du cycle saisonnier et journalier. Le parcours de la cathédrale reproduit l’année solaire, rythmée par les façades. C’est le chemin qui conduit des ténèbres à la lumière. L’automne ou crépuscule est à l’Ouest.; l’hiver ou minuit, au Nord.; le printemps ou aube, à l’est.; enfin l’été, ou midi, au sud (figure 5). Le calendrier liturgique utilise la dynamique de l’espace.; ainsi, en fonction du moment de l’année rituelle, certaines portes seront ouvertes et les autres fermées. Par exemple à Saint-Jacques de Compostelle, les pèlerins entrent au mois de Juillet par la façade sud.

2.5. —LE NORD

L’endroit le moins éclairé de la cathédrale est au Nord. C’est le froid, les ténèbres, le monde invisible qui représente le monde souterrain. Toute la symbolique, du portail Nord, est généralement consacrée aux origines stellaires, à l’étoile Polaire. La couleur symbolique est le bleu nuit que l’on retrouve en principe comme tonalité de base de la rosace Nord. Le thème de cette rosace est d’ailleurs consacré à la mère du monde et nombre qui gouverne la croissance géométrique de la roue Nord est le 8, image de l’éternité et de l’infini. À ce stade, la graine de la Création n’est pas encore sortie de sa matrice cosmique. Tout est encore dans la grande nuit. Le Nord indique le Nadir ou Soleil de Minuit.

2.6. —L’EST

Printemps du monde, c’est là que le Soleil s’est levé la première fois. L’Est est associé à l’aube de la Vie. Sa couleur symbolique est le vert qui, dans l’arc-en-ciel, partage le jaune du bleu, comme l’Est partage le Sud du Nord. Cette région de la cathédrale est aussi celle de l’autel qui reçoit le premier rayon du soleil le matin. La graine de la Création a germé et le jardin d’Eden est vert de tiges et de feuilles. L’Est indique la direction de Jérusalem, surtout la Jérusalem céleste. Unique espace courbe de la cathédrale, il focalise la puissance du soleil naissant et la répand dans l’édifice.

2.7. —LE SUD

C’est le zénith solaire, l’apogée de la Création et sa fructification. C’est l’Été, la Nature est mûre et harmonisée. Le Sud représente le jour éternel comme le Nord, la nuit éternelle. Le Christ en gloire siège au Sud, en tant que Roi du Ciel et de la Terre, le Sud est associé à la royauté. La couleur symbolique associée est le jaune et le nombre qui gouverne ici est le 4, image de l’ordre, de l’harmonie et de la stabilité du monde organisé.

2.8. —L’OUEST

Lieu du couchant, de la chute du Soleil dans les ténèbres, point de contact entre le jour et la nuit, la Vie et la mort, le visible et l’invisible mais aussi le profane et les Sacré, l’Ouest est l’Automne du monde, la fin des temps. La graine va retrouver le sous-terre pour son long séjour dans la nuit qui la préparera à une nouvelle naissance. Lieu consacré au Jugement dernier et à l’Apocalypse, sa couleur est le rouge comme le soleil couchant. Le nombre de l’Ouest est le 12, comme le parcours achevé du soleil dans le Zodiaque.

2.9. —LA PORTE DU TEMPS

Le Soleil parcourt la nef d’Est en Ouest, mettant en mouvement le temps dans la cathédrale. Le Decumanus détermine l’axe humain de l’édifice, c’est-à-dire celui du devenir, de la naissance à la mort respectivement associés à l’Est et à l’Ouest. L’entrée par la façade ouest permet donc de remonter le temps de la mort vers la vie, c’est-à-dire du profane, situé hors de l’enceinte sacrée, vers l’Est, les origines. Le Cardo représente l’axe de l’éternité et le croisement du temps et de l’éternité a lieu sous la clef de voûte.

2.10. —LE MODÈLE DE L’HOMME COSMIQUE ET LE PLAN DE LA CATHÉDRALE

Le plan au sol de l’édifice représenta avant tout, le corps de l’Homme cosmique. Il est important de préciser que le modèle est absolument indépendant du choix de la croix. Cette assimilation de temple de l’homme n’est pas spécifique au Christianisme.; elle gouverne également le mode architectural du temple en Inde et en Égypte, pour ne citer que deux exemples (figure 6). Cette disposition crée un état de «.sympathie vibratoire.» entre l’homme et le cosmos. L’entrée dans le temple représente l’entrée dans corps de l’Homme, c’est-à-dire une introspection. Il s’agit en fait, de la tradition judéo-chrétienne du «.Connais toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux.» citation récupérée à Thalès de Milet et qui figurait sur le fronton du temple d’Apollon à Delphes. Chaque partie de la cathédrale possède les qualités assimilables aux parties du corps humain. Le Cercle absidial représente la tête, la croisée de la nef et du transept, le cœur, c’est-à-dire la vie qui bat dans l’édifice. Quant à la façade ouest, elle représente les pieds de l’homme cosmique (figure 7). Selon l’acupuncture (branche réflexologie) la plante des pieds donne une image réduite des fonctions et organes du corps humains. Dans la cathédrale, la façade ouest reproduit les fonctions principales de toute construction. Les pieds de l’Homme cosmique rappellent aussi ceux du pèlerin. Toute doctrine spirituelle s’oppose aux manipulations et le néophyte doit connaître le parcours qu’il devra réaliser, avant d’entrer dans la Voie. À la lecture de la façade ouest, le profane est informé du contenu spirituel du parcours initiatique qu’il devra effectuer dans la cathédrale.


3. — NOMBRE, GÉOMÉTRIE, ARCHITECTURE ET MUSIQUE

À l’image des trois niveaux de l’Univers, trois sciences divines ordonnent le monde. Le Nombre qualifie l’Esprit, la géométrie, l’Âme, l’architecture le corps. La cathédrale image réduite du monde, existe par la synthèse de ses trois ordres donnant un mariage harmonieux d’Idée, de forme et de substance.

3.1. —LE NOMBRE

Alors que les chiffres expriment des dimensions, des quantités, le nombre qui est limité, donne une image qualitative. Chaque Nombre, parmi ceux que les pythagoriciens appelaient la Décade, représente un principe un ordonnateur, une Idée.; la Création naît des rapports interactifs de ces dix modèles. Dans la cathédrale, aucune mesure n’est à considérer comme un critère, en raison de l’énorme difficulté du Moyen-Âge pour obtenir une unité de mesure étalon. Il s’agit plutôt de lire le Nombre qui a été choisi pour donner la mesure dans une quelconque unité, et les rapports des dimensions des différentes parties de l’Édifice. Les modèles sont des proportions et ce sont des rapports entre Nombres qui déterminent les choix de la mesure. Le même canon règle les proportions de l’homme et de l’Édifice. Ainsi, parmi les modèles utilisés, apparaît un rapport particulier qui gouverne les êtres vivants dans leur ensemble. Ce nombre qui s’exprime sous la forme d’une proportion régit l’équilibre architectural du corps humain.; il s’agit du Nombre d’Or ou section dorée qui partage l’homme de la tête au nombril et du nombril aux pieds (figure 8). La construction de ce rapport sous forme géométrique émane des propriétés du cercle et carré comme les figures primitives de la cathédrale (figure 9).
3.2. —GÉOMÉTRIE SACRÉE

le Nombre porte l’Idée. Il est le Père. La Géométrie est la Mère de la Création, elle génère les formes. Chaque Nombre peut habiter une forme qui lui est «.consacrée.», comme une Idée habite un mot qui lui sert de véhicule. Ainsi l’abstraction métaphysique du Nombre se concrétise dans la géométrie. Le mariage des formes, orchestré par les règles de proportion, va déterminer le tracé du plan primitif de la cathédrale. Au sol ou dans l’élévation, c’est l’Âme géométrique de l’édifice qui se coule dans la pierre. Les trois modèles géométriques de base sont comme les trois couleurs primaires, le Cercle, le Triangle et le Carré. Le Cercle représente la totalité à l’état indifférencié, mais aussi l’unité qui est le point de son centre sans lequel il ne peut pas exister. Toute la géométrie s’inscrit dans le Cercle. Le Triangle, première figure fermée, explicite la convergence. C’est l’angle qui permet la conciliation des contraires par leur rencontre dans le point. Quant au Carré, il est l’image de la concrétisation, de la stabilité et de la perfection dans la matière. Le mariage de ces trois modèles fait naître toutes les autres formes géométriques.

3.3. —ARCHITECTURE ET MUSIQUE

Dernier stade de la conception, l’architecture réalise la fusion magique de la substance et de la forme.Pour respecter le tracé géométrique et concilier les énormes efforts mécaniques dus à la masse des pierres, le maître d’œuvre devra marier le plein et le vide pour donner sa stabilité à l’édifice. Le choix, de la pierre et sa découpe, permettra ensuite le plus délicat, c’est-à-dire de domestiquer la substance pour imposer l’Idée de forme. Cette contrainte subie par la pierre, va donner un état de tension extrême aux colonnes et aux voûtes. La cathédrale est donc assimilable à un gigantesque instrument de musique dans lequel chaque colonne est une corde tendue. Caisse de résonance accordée par ses proportions, le Temple vibre de chaque pierre à la moindre stimulation cosmique ou humaine, en reproduisant les premières notes de la symphonie de l’Univers. Les données de base de la musique énoncées par Pythagore, font état des relations géométriques, de proportions, pour établir les intervalles musicaux. Chaque note peut s’exprimer sous la forme du rapport des longueurs nées du partage de la corde. Ainsi, la genèse des notes apparaît sous forme géométrique dans chaque cathédrale qui possède sa clef musicale.

3.4. —VITRAUX ET ROSACES

Formes géométriques, vibrations sonores et lumineuses, s’accordent pour reproduire le modèle de l’univers. Comme le prisme qui décompose la lumière blanche, les vitraux reconstituent l’arc-en-ciel et ses sept tonalités fondamentales. La lumière solaire, image de l’unité incréée, va se différencier dans la multiplicité des couleurs qui représentent la création. Le vitrail apparaît avec l’art gothique, remplaçant les murs peints des églises romanes par des murs de lumière en rapport avec ceux de la Jérusalem céleste. Le traitement du verre prend une importance considérable, notamment à Chartres où résidaient les plus grands maîtres verriers. Les techniques de colorations utilisaient les connaissances alchimiques des maîtres qui, à l’aide d’oxydes métalliques ou d’éléments organiques, formulaient les couleurs de base. La grande pureté du sable du Bassin de l’Eure, alliée à l’inclusion, d’éléments métalliques comme l’or, conférait aux verres des qualités optiques même encore aujourd’hui difficilement accessibles. Par leur position dans la cathédrale, les vitraux et les rosaces déterminent un éclairage qualifié dans chaque moment du jour et de l’année. Il est courant de remarquer une utilisation particulière de la lumière filtrée par les vitraux. Ainsi le traitement spécifique de l’un des verres permet, le jour de l’équinoxe de Printemps de projeter un rayon vert sur la chaire. Le phénomène ne dure que quelques minutes de part et d’autre de Midi. Il faut aussi mentionner, au sol de Notre Dame de Chartres, «.le clou.» éclairé par une tache de lumière projetée d’un vitrail ou encore la fameuse verrière du Zodiaque que le soleil levant balaye signe après signe. Tous ces «.indices.», placés par le maître d’œuvre, sont autant de repères pour le calendrier rituel et permettent encore une fois au cycle solaire, image du temps, de revitaliser l’espace. À la fois roue de la vie et roses de lumière, les rosaces incarnent les principes naturels de croissance dirigés par le Nombre. Le 8 et ses multiples, image de l’infini et de l’éternité, gouverne généralement l’expansion de la rosace nord. Le 4 et ses multiples produit le 3, représentent dans la rosace sud, la fécondation de l’Esprit dans la matière et l’équilibre harmonieux de la Création. Enfin le 12, principe stellaire associé au Zodiaque, aux tribus d’Israël, indique la fin du cycle de la rosace ouest.
Dans le cadre réduit de cette synthèse, nous n’avons pas pu intégrer des thèmes comme.: Rituel et Liturgie (temps sacré et temps profane — le rite — le sens de la messe — l’autel, table du sacrifice).; la cathédrale, espace de transmutation.; la cathédrale image du monde. Nous dirons simplement que les Bâtisseurs ont incarné ces principes dans la pierre, faisant de chaque cathédrale une véritable image du monde et un espace transfigurateur. Toutefois chaque cathédrale aura sa spécificité.: CHARTRES, la musique et la géométrie.; NOTRE DAME DE PARIS, l’Alchimie.; TROYES, le Nombre d’Or et REIMS, la Royauté.

4. — CHARTRES.: MUSIQUE ET GÉOMÉTRIE

4.1. —LES ORIGINES

La cathédrale de Chartres n’est, pour les visiteurs, qu’un monument gothique parmi d’autres monuments gothiques… Moins mystérieux que tant d’autres puisqu’il ne recèle presque aucun de ces médaillons ou images dont l’Adepte Fulcanelli a si doctement révélé le sens alchimique. Pourtant, que de mystères.! d’autant plus difficiles à éclaircir qu’entre les hommes de ces temps et nous a existé une brisure qui fit basculer toute une forme de civilisation.; qui fit éclater ce qui était une civilisation en poussière d’individualités. La distance est plus grande, malgré les trompeurs espaces de temps, entre constructeurs de cathédrales et les hommes de la Renaissance qu’entre ces derniers et nous. La plupart des mystères de la cathédrale de Chartres ne sont mystères que pour nous, hommes du XXI° siècle, qui ne disposons sur les hommes d’autrefois que vues préfabriquées, scolairement préfabriquées à l’image de nos constructions actuelles.

La cathédrale est érigée sur un tertre dont l’histoire, à bien des égards, demeure mystérieuse. Aux temps chrétiens, ce fut l’un des lieux de pèlerinage les plus courus de France.; mais bien avant l’ère chrétienne, les Celtes, puis les Gaulois, se rendaient à Chartres pour honorer la Vierge Noire, appelée «.Notre Dame de Dessous Terre.». Ils descendaient dans la crypte par la galerie Nord, allaient en procession jusqu’à la grotte où se trouvait la statue, y pratiquaient la prière de leur choix, buvaient l’eau du puits qui était situé sous la crypte, y faisaient éventuellement leurs ablutions, puis ressortaient par la galerie Sud. La statue vénérée aurait été sculptée par des Druides Carnutes, a qui, un ange avait annoncé que d’une vierge naîtrait un Dieu. Croyants plus que crédules ou superstitieux, ils avaient fidèlement respecté ce message, et lui avaient obéi en tous points.

Les premiers Chrétiens (La Beauce fut évangélisée au III° siècle par Saint-Altin) avaient pris, tout naturellement, le même chemin. Ils s’émerveillaient à la vue de la même statue, l’honoraient dans la même grotte, dite «.druidique.», là où se trouvait le fameux puits, dit «.Puits des Forts.», réputer pour régénérer ceux qui buvaient son eau. Ils y venaient nombreux. Il y a des lieux où souffle l’esprit écrivait Barrès. Sans aucun doute, Chartres est de ceux-là, depuis la nuit des temps. Dès le III° siècle, le temple qui fut élevé près du puits fut progressivement transformé en église chrétienne. La Vierge Noire y était honorée. Chartres était et est depuis toujours un site marial, comparable à ce qu’est devenu Lourdes aujourd’hui. Dès l’origine chrétienne, de très nombreux malades étaient hospitalisés dans l’un des immenses bras de la crypte, dans lequel ils passaient parfois plusieurs semaines. On mentionne bon nombre de guérisons miraculeuses attribuées à la Vierge. Le culte de la mère du Christ était très important et la cathédrale souvent remplie, servait de dortoir la nuit venue.

Chartres était le siège d’un évêché, dont le premier titulaire connu s’appelait Adventus. La première véritable église remonte selon les archives de l’évêché, au IV° siècle. La vie de Saint Bethaire, évêque de Chartres au VI° siècle, mentionne la présence d’un autel de la Vierge, sans préciser si l’édifice lui était consacré. C’est un manuscrit du VII° siècle qui fait apparaître la première fois le nom d’église Sainte Marie de Chartres. À partir du VIII° siècle, Chartres, lieu prédestiné pour le culte marial, connut une histoire très contrastée, faite d’alternance de foi, de catastrophes (naturelles ou humaines), et de résurgences). Ce qui est extraordinaire, c’est que toujours, tel le Phénix, l’église renaquit de ses cendres, et fut toujours reconstruite plus belle et plus grandiose qu’auparavant. Devenue basilique vers 350, l’église fut détruite en 743 par Hunald, duc d’Aquitaine. Reconstruite, elle fut ravagée par les Danois en 858. Reconstruite par l’évêque Gislebert (qui construisit auparavant une crypte carolingienne quasi cyclopéenne), elle reçut, en 876, de l’Empereur Charles le Chauve, la tunique de la Vierge. Les pèlerins affluaient, de plus en plus nombreux, les dons abondaient. L’école théologique et épiscopale, fondée par l’évêque Fulbert (960-1028), connaissait une renommée grandissante. La basilique devint vite trop petite. Grâce au travail acharné de toute la population et de toutes les corporations, qui mettaient un point d’honneur à payer et à dédicacer telle ou telle partie, l’édifice fut réalisé en seulement huit ans. L’architecte Béranger, utilisant les bases somptueuses de l’époque carolingienne, édifia une très grande crypte et une grande nef (105 m. de long, 34 m. de large), sans aucun transept, couverte en berceau continu de charpente. L’ensemble fut dédicacé en 1037. L’incendie de la ville en 1134 endommagea la cathédrale, mais les travaux de remise en état furent achevés en 1150. La nuit du 10 juin 1194, un incendie dévora la basilique de Fulbert dont il ne resta que les cryptes, les tours et la façade. Les travaux de reconstruction s’échelonnèrent jusqu’en 1220, année de pose des voûtes. La cathédrale actuelle ne fut achevée qu’en 1260, année de la dédicace en présence de Saint Louis. Au cours des dernières années du XIII° siècle, un étage fut ajouté à la tour Nord de la façade Ouest, deux chapelles furent adjointes en 1326 et 1413. Jean Texier termina la flèche Nord en 1513. en 1836, un incendie détruisit la célèbre forêt de la charpente, mais l’édifice et les verrières furent miraculeusement épargnés.

4.2. —ORIENTATION

la cathédrale de Chartres fait partie des édifices dont l’axe est le plus éloigné par rapport à l’axe Est-Ouest. En effet, l’orientation générale de la cathédrale présente une déviation de 47° par rapport à l’Est (figure 10). Cette particularité de la cathédrale permet au carré du ciel (celui dont les angles sont aux quatre points cardinaux) de se superposer au carré de la terre (formé par les quatre piliers du transept) (figure 11). Au lieu donc d’avoir à Chartres comme dans la majorité des cathédrales un octogone, il n’y a que deux carrés superposés. Il y a eu de la part du maître d’œuvre une volonté préméditée de faire de Chartres un sanctuaire du Ciel plutôt que de la Terre.

4.3. —LE MODULE GÉOMÉTRIQUE

«.Que nul n’entre ici, s’il n’est géomètre.» Pythagore.

Le rapport arithmétique des diamètres du cercle directeur et des cercles du Decumanus est exactement proportionné à 7 et 6 c’est-à-dire 7 unités pour le cercle directeur, 6 pour les cercles du decumanus. Le rapport 6 - 7 se retrouve donc dans la cathédrale sous la forme de 7.: largeur de la nef.; 6.: largeur du transept. De nombreux documents du Moyen Âge font apparaître des constructions géométriques à base du carré, du triangle et du cercle. Or, cette figure particulière où se mêlent les trois principes majeurs de géométrie fait apparaître un rectangle dont les côtés sont dans la proportion 6 – 7 (figure 12). Un bon nombre de coïncidences se cumulent d’autant plus que le rapport 6 – 7 apparaît dans la valeur du côté des deux hexagones inscrits et circonscrits à un même cercle (figure 13). L’hexagone serait donc le modèle géométrique de base du tracé.

4.4. —LE RAPPORT RÉGULATEUR

Pour les anciens, chaque nombre était porteur d’une idée/principe qui se manifestait avant tout dans les polygones réguliers. Le module géométrique de la cathédrale devait naître du rapport entre deux nombres. Ce couple devait être formé par un nombre pair et un nombre impair. Selon la tradition pythagoricienne utilisée par les maîtres d’œuvres, le nombre impair représente les puissances actives masculines en rapport avec la volonté créatrice. Les nombres pairs sont, eux, associés à la fonction féminine, à la substance. Le mariage entre les deux nombres choisis pour créer le module indiquait le rapport entre la pensée divine et la substance primordiale. La cathédrale, dans son ensemble, sera le résultat, c’est-à-dire l’enfant produit par ce rapport. On a pu établir qu’en ce qui concerne les cathédrales en France, les rapports régulateurs choisis par les maîtres d’œuvres étaient soit le rapport 5 à 6 , soit le rapport 6 à 7. Le rapport 5 à 6 est manifesté à Reims par exemple et le rapport 6 à 7 à Chartres. Le temple chrétien épouse les rapports 7 à 8 ou 8 à 9 dans les cas les plus spécifiques, comme dans l’architecture byzantine et les constructions templières.

4.5. —SYMBOLIQUE DES NOMBRES

Le facteur commun des rapports choisis par les bâtisseurs est le nombre 6. Il représente les six directions de l’espace et le principe de croissance naturel de tout ce qui vit dans l’ensemble des règnes, y compris le minéral. Par rapport à la Tradition biblique, il manifeste les six jours de la Création. C’est enfin l’hexagone, la substance structurée devenue un réceptacle en attente de fécondation. Le 6 est, par l’hexagone, l’image féminine par excellence. Le nombre 5 est associé au pentagramme qui est la base des proportions du corps humain (quatre doigts plus un pouce, 4 membres plus une tête). Il s’exprime surtout par l’homme pentacle, la perfection à l’état humain. 5 est le nombre de l’homme réalisé. Le rapport 5 à 6 permet donc d’exprimer les relations entre l’homme spirituel et la nature. Cet état de communion incarne la capacité de l’homme à recréer la cité sur Terre à l’image de la Jérusalem céleste. Il s’agit, par ce rapport, de donner le modèle de l’incarnation à l’échelle humaine et temporelle des bienfaits spirituels avec l’aide de la nature. Ceci est parfaitement clair à Reims dont la cathédrale a pour fonction de permettre le sacre du Roi-prêtre, le maître de la Cité. Le nombre 7 est le nombre du centre, il indique les lois de la vie, les principes qui animent la création (les 7 notes de la gamme, les 7 couleurs de l’arc-en-ciel…). Alors que le nombre 10 est Dieu, le 7 personnifie Dieu dans son action créatrice et lui donne la capacité fécondante. Le rapport 6 à 7 est donc celui de Dieu et de la nature dans son ensemble. Ce rapport représente la Sagesse de la création. Le module géométrique qui guide la construction de la cathédrale de Chartres, manifeste cette réalité. C’est donc un temple élevé à la Sagesse naturelle, comme l’exprime l’école de Chartres qui a introduit en Europe les connaissances des anciennes écoles pythagoriciennes. Si le premier rapport 5 à 6 s’incarnait dans le Temps l’autre rapport 6 à 7 permet le détachement du monde temporel par la voie de la contemplation et permet une réintégration à l’unité.

4.6. —LE PLAN PRIMITIF

Il faut noter que le maître d’œuvre de l’édifice actuel a dû tenir compte des fondations précédentes, les premières cathédrales ayant été successivement détruites. Nous avons mis en évidence les qualités hexagonales du rapport 6-7 et c’est effectivement l’hexagone qui gouverne le tracé du plan primitif (figure 14) Le rectangle du rapport 6-7 détermine donc les quatre piliers maîtres. Deux cercles concentriques de rayons respectifs proportionnés à 6-7 déterminent les premiers hexagones base des piliers de la nef et du transept. Une croissance hexagonale de module 6 et 7 déterminera tous les autres piliers ainsi que les limites du sanctuaire.

4.7. —MUSIQUE ET GÉOMÉTRIE

Comme le montre la figure 14, la cathédrale émet une onde géométrique sur la Terre, comme une goutte sur une surface d’eau calme. Cette capacité vibratoire existe également sur le plan d’élévation dont les caractéristiques géométriques ont été calculées pour reproduire les intervalles musicaux (figure 15).

5. — CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE

En conclusion de cette première partie, nous reprendrons un concept véhiculé par la recherche avancée. Les cathédrales médiévales sont comparables à des broyeurs atomiques où sont concentrées des puissances bénéfiques dont la permanence est entretenue par les rites. La même analyse a été faite par des égyptologues à propos des temples pharaoniques. Là encore, même science, même tradition. De fait la cathédrale reçoit l’énergie cosmique et la redistribue. C’est par elle que la création devient perceptible sur Terre. Découverte fondamentale.: il n’y a aucune différence entre l’énergie spirituelle et les autres énergies, celles qui produisent la lumière visible, font pousser les arbres, animent les eaux. Cette énergie que l’on trouve également dans le labyrinthe de Chartres. C’est un dessin en pierres incrustées dans la dalle, en deux couleurs gris blanches et d’un noir verdâtre. Le public ne le discerne pas toujours, car dès l’entrée principale il y a une marée de chaises qui recouvre une bonne part de cette ronde. Pour parcourir ce chemin encastré dans le sol il y avait un rite, celui de le parcourir à genoux. Tout autour du labyrinthe, on trouve une vibration de 6500 unités, ce qui n’est rien de spécial, mais dès l’entrée dans les lignes de celui-ci on est baigné dans une vibration équilibrante de 8000. À l’intérieur de la boucle, où le champ magnétique local pouvait amplifier le rythme de la marche, on est porté à l’échelon vibratoire du corps éthérique à 13.500 unités. Le but était de pénétrer dans le centre du labyrinthe, chargé au maximum d’une sorte d’électricité statique que le mouvement avait accumulé par frottement Et là, au dernier pas avant le centre, quel étonnement de voir tomber les vibrations brusquement à 2000. Ce passage vous coupe les genoux. Mais ne faut-il pas savoir tomber, s’abaisser pour comprendre ensuite plus loin le saut dans la joie.?

Livres traitant du sujet et des connaissances périphériques :

•La Géométrie Évangélique — André Deghaye — Dervy
•Géométrie du Nombre d’Or — Robert Vincent — Chalagam Éditeur
•Aperçus sur la Géométrie Sacrée — Pierre Marçais et Denise Rey — Guy Trédaniel Éditeur
•Le message des constructeurs de cathédrales — Christian Jacq — J’ai Lu
•la Tradition cachée des cathédrales — Jean-Pierre Bayard — Éditions Dangles
•Les mystères de la cathédrale de Chartres — Louis Charpentier — Robert Laffont.
•L’Âme du Lieu — Blanche Merz — Dervy
•Hauts Lieux Cosmo-Telluriques — Blanche Merz — Dervy
•Le Mystère des Cathédrales — Fulcanelli — Jean-Jacques Pauvert
•Essai de radiesthésie vibratoire — L. Chaumery et A. de Bélizal — Desforges
•Traité pratique du Feng-Shui (géobiologie) — Guy-Charles Ravier — Sciences et Tradition Éditions de l’Aire.
•La symbolique des cathédrales — Collection homo religiosis — études pour la redécouverte du sacré

Lire la partie 2...

Philippe Lassire
Source

5 commentaires:

  1. merci Paul !
    Comment ne pas évoquer le compagnonnage et cette classe très particulière des CAGOTS ?
    Si vous avez le temps :
    http://www.dailymotion.com/video/xy3lf1_qui-sont-les-cagots-r-i-m-isaac-ben-jacob-sarah-fishberg_news

    RépondreSupprimer
  2. Cette phrase, en fin de 2ème partie :

    ""«.Beaucoup de ceux qui cherchent le bonheur spirituel ignorent leur santé physique. Beaucoup de ceux qui cherchent la santé du corps négligent leur développement spirituel. Tous recherchent le fruit sans planter la graine.; ni les uns ni les autres n’obtiennent ce qu’ils cherchent.».""

    A méditer.
    Edouard

    RépondreSupprimer
  3. Vraiment très intéressant. Je me sens vraiment nulle et toute petite par rapport à cette masse de connaissances.

    Et je retiens une chose : "La construction est une vaste entreprise spirituelle et collective, qui mobilise toute la population."
    Où en sommes-nous à l'heure actuelle, dans notre "entreprise spirituelle et collective" ?
    J'ai le sentiment d'une régression.
    Tout en ayant toujours eu une admiration sans borne pour ces cathédrales et les gens qui ont mis leur coeur et leur savoir dans ces édifices.

    Merci, Paul. J'ai passé un bon moment à lire ça.

    RépondreSupprimer
  4. peut on mettre un lien vers ce texte ?
    ORTHO

    RépondreSupprimer

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.