10 novembre 2013

François Hollande, prince d’Arabie

 
Jusqu’à récemment, l’aspect dérisoire de cette caricature faisait bien rire. Aujourd’hui, alors que Riyad dispose désormais de la bombe atomique pakistanaise et que le rôle des Saoudiens dans les attentats du 11 septembre 2001 reste entièrement à élucider, elle le fait moins.

Car plus personne n’ignore — alors que même Obama vient de prendre ses distances avec le royaume wahhabite — que François Hollande a décidé d’aligner la politique étrangère de la France sur la sainte alliance conclue entre Riyad et Tel-Aviv, en croisade contre Téhéran et Damas. Comprendre ce ralliement explique bien des choses.

Dans son article L’Arabie saoudite, fâchée avec Barack Obama mais amie de François Hollande publié dans le quotidien libéral l’Opinion, Dominique Merchet, , après une excellente analyse de cette nouvelle donne, conclut :

A cette coalition de circonstance s’ajoute la France de François Hollande, qui apparaît aujourd’hui comme le plus proche allié de l’Arabie saoudite. Lors du refus de Riyad de siéger au Conseil de sécurité, le Quai d’Orsay déclarait ainsi « partager la frustration » saoudienne. Soucieux de sortir du tête-à-tête avec le Qatar — en plein réalignement politique depuis l’accession au trône du prince héritier en juin dernier — Paris s’est rapproché de Riyad dès l’élection de François Hollande. Même soutien à la Coalition nationale syrienne, même déception lors du faux-bond d’Obama sur les frappes, même refus de tout compromis avec Assad. Et face à l’Iran, mêmes réticences face à l’ouverture en cours.

A cet accord politique, s’ajoutent des intérêts commerciaux. Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian est un habitué du Paris-Riyad : trois visites officielles en un peu plus d’un an et même une rencontre - rare - avec le roi. Et quelques jolis contrats comme celui sur la rénovation des frégates ou la vente de missiles sol-air. Des affaires qui se comptent en centaines de millions d’euros, bons à prendre pour des entreprises industrielles françaises, DCNS ou MBDA, soumises aux restrictions du budget de la Défense. L’automne dernier, encore, les Forces spéciales du royaume s’entraînaient en Corse avec leurs homologues françaises. Et comment le breton Le Drian ne pourrait-il pas être sensible à l’éventuelle reprise du producteur de poulets Doux par le groupe saoudien Almunajem, en pleine déroute de la filière agro-alimentaire de l’Ouest ?

Le Quai d’Orsay et l’Elysée plus encore oublieront au passage que l’Arabie saoudite n’est pas une terre très progressiste. Les femmes ne peuvent toujours pas conduire une voiture et une Koweïtienne qui y emmenait son père à l’hôpital vient d’en faire l’expérience en étant placée en garde à vue. Les exécutions capitales - plusieurs dizaines par an - s’y effectuent toujours au sabre et la liberté religieuse pour les chrétiens y est totalement bafouée. Quant aux immigrés, le royaume s’apprêterait à en expulser un million sur les huit qui font tourner le pays.

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