01 juin 2013

Ce qui doit tomber...

"On ne devient pas un héros en mourant pour sa patrie, mais en faisant en sorte que le fils de pute d’en face meure pour la sienne !"
 
Général Patton

Le processus est inéluctable, nous explique Jean Phaure : “Nous nous trouvons, en ce XXe siècle de l’ère chrétienne, à la fin de notre Cycle. Celui-ci verra son terme dans une destruction suivie de la naissance d’une nouvelle humanité qui reflétera à nouveau cette similarité divine d’où nous sommes issus.” (page 23). Et il poursuit : “Nous ne vivons pas seulement une crise de civilisation, mais le début du grand bouleversement final issu du renversement des valeurs traditionnelles… Ne nous faisons pas d’illusions, quelles que soient les prises de conscience individuelles relevées ça et là quant à la gravité de la situation, aucun redressement collectif ne sera possible tant que les événements cataclysmiques, hélas, ne seront pas intervenus.” Vous l’avez compris : il est inutile de tenter quoi que ce soit.

Jean Phaure suivait la voie tracée par René Guénon. Dans Le Règne de la quantité (Gallimard, 1945), celui-ci fait montre du même fatalisme d’esclave. Il écrit, au tout début de son livre : “Si le monde moderne constitue une “anomalie et même une sorte de monstruosité, il n’en est pas moins vrai que, situé dans l’ensemble du cycle historique dont il fait partie, il correspond exactement aux conditions d’une certaine phase de ce cycle, celle que la tradition hindoue désigne comme la période extrême du Kali-Yuga ; ce sont ces conditions résultant de la marche même de la manifestation cyclique, qui ont déterminé les caractères propres, et l’on peut dire, à cet égard, que l’époque actuelle ne pouvait pas être autre que ce qu’elle est effectivement.”

Dans La Crise du monde moderne, Guénon avait déjà exprimé ce déterminisme historique pour expliquer la disparition de la civilisation antique : “La civilisation gréco-latine devait prendre fin, et le redressement devait venir d’ailleurs et s’opérer sous une tout autre forme. Ce fut le Christianisme qui accomplit cette transformation.” (page 24).

Julius Evola n’est pas plus encourageant. Dans Chevaucher le tigre, paru en 1961, il nous dit très clairement lui aussi qu’il est inutile de lutter (page 19) : “Lorsqu’un cycle de civilisation touche à sa fin, il est difficile d’aboutir à un résultat quelconque en résistant, en s’opposant directement aux forces en mouvement. Le courant est trop fort, on serait englouti.” Aussi nous conseille-t-il de rester bien tranquilles : “La règle à suivre peut alors consister à laisser libre cours aux forces et aux processus de l’époque… On abandonne l’action directe, et l’on se retire sur une ligne de position intérieure.” Voaaaala… Restez calmes… Dééétendez-vous… Laissez-vous envahir par cette douce sensation de bien-être qui précède la mort… N’oubliez pas que quelque chose renaîtra… après, plus tard !… Apprenez à accepter votre destin !
 
En préface de cet ouvrage, Philippe Baillet nous avait prévenu : La doctrine des cycles “débouche sur une sorte de “catastrophisme historique” totalement paralysant. De fait, il est peu de milieux aussi profondément désespérés que celui des traditionalistes.” (page 27 de l’intro). Les théories cycliques engendrent ainsi très logiquement des pulsions suicidaires.

Nous avons vérifié par nous-mêmes que le milieu païen est plein de ces “pessimistes” qui ne croient pas un seul instant au triomphe de leurs idéaux. Pour eux, la décadence est un phénomène naturel et même souhaitable. Certains continuent parfois à se battre (mollement) ; pour la forme, disent-ils : c’est le “pessimisme combatif”. Pire encore, beaucoup reprennent les inepties de leurs idéologues, souhaitant un surcroît d’immigration et une accélération de la décadence, afin de voir se terminer au plus vite le “cycle”, dans l’espoir hypothétique d’une renaissance ultérieure. Ils ne parviennent même plus à voir qu’après la fin de ce “cycle”, nous serons morts, morts et enterrés, tout simplement, et que nos ennemis nous aurons vaincus. Mais il est vrai que les penseurs de la Tradition ne voient pas l’ennemi, ou s’interdisent de prononcer son nom, ce qui revient à peu près au même.

Philippe Baillet, embourbé jusqu’au menton, croyait bien faire en citant Nietzsche. Ecoutez un peu cela : “Le “philosophe au marteau” avait en effet compris que la subversion moderne ne devait pas être freinée, mais accélérée, afin de laisser l’espace libre à la restauration d’un véritable Rangordnung : “O mes frères, suis-je donc cruel ? mais je vous le dis : ce qui tombe, il faut encore le pousser…”
Savitri Devi, la “prêtresse d’Hitler”, avait intégré le maître du Troisième Reich dans le drame cyclique de la cosmologie hindoue. Hitler, disait-elle, était un “homme contre le Temps”, un homme qui cherchait à détruire l’Age Obscur, le Kali Yuga, et à inaugurer un nouvel Age d’Or. Savitri Devi identifiait ainsi Hitler à l’avant-dernier avatar du dieu Vishnou, celui qui prépare la voie au dernier avatar, Kalki, qui mettra fin au Kali Yuga. Sa chute, expliquait-elle finalement, était inéluctable, puisque la fin du cycle n’était pas achevée. Hitler aurait dû penser à cela avant de se lancer en politique !

Robert Dun était tout imprégné de la pensée de Nietzsche et de Julius Evola. Dans Les Catacombes de la libre pensée, un livre publié en 1988 (en “90 de l’ère nietzschéenne”, écrit-il), il nous conseille lui aussi le suicide et l’attente de la résurrection dans “l’éternel retour” : “J’ouvre ici une parenthèse pour mettre en garde ceux qui seraient tentés de se battre à contre-courant, écrit-il. La situation était déjà irréversible au temps de Nietzsche et il a eu raison de nous inciter à ne pas contrarier les “prédicateurs des doctrines de mort”, de nous dire : “Ce qui veut tomber, il ne faut pas le retenir, il faut au contraire le pousser.” Nous ne pouvons espérer notre délivrance que du degré mortel du pourrissement actuel. Patience : nous en sommes extrêmement proche.” Cela, c’est en page 32 (de l’ère du chiffre hindou).

A la fin de son livre, il écrit encore, droit dans ses bottes, le flingue sur la tempe : “La perspective de la liquidation de la civilisation ne me cause aucune peur ; elle est au contraire ma plus impatiente espérance.” (page 198). Et à la page 205, en lettres capitales (parce que c’est une idée importante), il lance : “L’avenir sera nietzschéen ou ne sera pas !” Ici, on a vraiment envie de lui crier : “Vas-y ducon, tire !”
 
Robert Dun avait sans doute étudié de très près la prose de Nietzsche. Dans La Volonté de puissance (§ 377), le philosophe marteau avait écrit : “Je veux enseigner la pensée qui donnera à beaucoup d’hommes le droit de se supprimer — la grande pensée sélectrice.”

Dans Les Idées à l’endroit (1979), Alain de Benoist reprend lui aussi le mot de Nietzsche, à la fin de son livre : “Ce qui doit tomber, il ne faut pas le retenir, mais au contraire le pousser” Formule qui s’applique aux individus aussi bien qu’aux peuples. Dans la perspective tracée par Evola, ajoute de Benoist, il s’agit de prendre conscience de ce que nous vivons l’achèvement — l’effondrement — d’un cycle, et qu’il faut accepter et même vouloir cet achèvement.” (page 277). Deux pages plus loin, de Benoist cite encore Nietzsche : “Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort” : c’est la devise d’un type qui a l’habitude de se prendre des coups et qui est en voie de fossilisation.

On constate en tout cas que ce déterminisme historique engendré par la conception cyclique du monde est d’une faiblesse insigne face au messianisme juif, qui génère un activisme frénétique dans le but de “hâter la venue du messie”.

Nous avons d’un côté des gens pour qui la décadence est inéluctable, et qui en viennent à souhaiter leur propre mort en espérant un improbable “Age d’Or” et, en face d’eux, des fanatiques pour qui c’est la victoire et l’arrivée du messie qui est inéluctable. L’issue du combat ne laisse donc place à aucun doute.
Dans Les Idées à l’endroit (1979), à la page 173, Alain de Benoist poursuit et prolonge les haines nietzschéennes en citant Louis Rougier : “On peut affirmer que le nombre des martyrs chrétiens est petit au regard de toutes les victimes de l’Église pendant quinze siècles : destruction du paganisme sous les empereurs chrétiens, lutte contre les ariens, les donatistes, les nestoriens, les monophysistes, les iconosclates, les manichéens, les cathares et les albigeois, Inquisition espagnole, guerres de religion, dragonnades de Louis XIV, pogroms de Juifs.” (Celse contre les chrétiens, 1977).
La pensée du philosophe-marteau a ainsi engendré des obsessions. Dans Les Catacombes de la libre pensée, Robert Dun s’exprime ainsi : “La question la plus tragique et la plus complexe est de savoir comment l’Église a pu persécuter, pressurer, brûler impunément pendant environ quinze siècles.” (page 33). Des Saxons décapités par Charlemagne aux cathares ou au martyre des sorcières, les chrétiens, semble-t-il, on consacré la plus grande partie de leur temps et de leur énergie à torturer des innocents. Les moines avaient l’habitude d’abuser des jeunes filles. Écoutez cela : “Les femmes et les filles les plus séduisantes [étaient] accusées par des moines lubriques et sadiques de les avoir envoûtés.” (page 34).
L’Inquisition espagnole était ce qui s’était fait de pire : “L’Espagne s’octroyait le record des bûchers et fournissait le gros des armées dévastatrices contre la liberté dans les Pays-Bas et contre le peuple allemand pendant la guerre de Trente ans. La haine aveugle ira s’enflant.” Rantanplan. (page 36).

Robert Dun se montre féroce, sans se rendre compte que l’Inquisition espagnole a été le plus merveilleux outil de défense jamais mis sur pied contre le fanatisme juif : “Essayez d’obtenir que l’ordre des Dominicains, principal responsable des crimes de l’Inquisition, soit déclaré association de malfaiteurs !” (page 39). Et il conclut sur ce chapitre : “Pendant sept siècles, l’Inquisition a fait peser sur l’Europe une succession presque ininterrompue d’horreurs.” (page 128). On a vraiment ici l’impression de lire du Norman Mailer ou du Bernard-Henri Lévy, mais en pire !

Robert Dun se place lui aussi dans l’ombre de la grande pensée de Nietzsche. Avec une telle autorité morale derrière lui, il ne craint plus le ridicule dans ses imprécations contre les chrétiens : “Nous leur reprochons leur haine de la femme, de la vie, de la nature, leurs dogmes absurdes qui ont jeté la science dans le matérialisme, d’avoir fait de l’homme un exploiteur aveugle, d’être responsable de tout le nihilisme contemporain et des catastrophes écologiques qui nous engloutiront peut-être. Car comment espérer des réactions salvatrices alors que les chrétiens et leurs complices des autres religions du désert dominent tout l’appareil médiatique ?”
 
Il est bien connu en effet que les chrétiens tiennent Hollywood et les médiats, partout dans le monde occidental. Si par malheur vous êtes juifs, il faut le savoir, vous n’avez aucune chance d’être embauchés ! Les chrétiens sont aussi les grands responsables des catastrophes écologiques. Robert Dun est formel : “En luttant contre les facteurs naturels d’équilibrage démographique, le christo-capitalisme nous a valu une planète surchargée de cinq milliards de bipèdes.” (page 199).

Dans L’Ame européenne, Robert Dun l’affirme catégoriquement, en page 32 : “L’Église catholique est la seconde puissance financière du monde, derrière la finance puritaine, également chrétienne, et devant la finance juive.” Et il ajoute : “Des ordres religieux se trouvent mêlés à de nombreux scandales financiers, notamment dans le domaine des trafics de devises.” Les chrétiens, en effet, sont les rois des escroqueries financières. Ils ont ça dans le sang !

Heureusement, Robert Dun nous avait prévenu dans l’introduction des Catacombes de la libre pensée : “Beaucoup de ce que j’écris tombe sous le coup de la loi et mes prises de position contagieuses dérangent une entreprise mondiale de destruction de l’homme libre… J’écorche donc la peau hypersensible de millions de croyants des uniques vraies fois.” (page 129). Tu nous auras surtout bien fait rire, Robert ! A la fin de son livre, page 219, il s’insurge : “Vous pensez peut-être que Robert Dun est un vieux fou…” Mais non, Robert, mais non… Personne ne dit cela ! Calma ! Pense à Vishnou !

Hervé Ryssen – La guerre eschatologique (2013)
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