02 mai 2012

OGM : producteurs désemparés

Michel Fok, chercheur au Cirad, étudie la culture du coton transgénique dans différents pays.

Y a-t-il une baisse des rendements du coton transgénique aux Etats-Unis?
Depuis trois à quatre ans, le rendement stagne au niveau global. Mais on manque de données plus fines et d'études détaillées. Une étude en Géorgie a montré qu'il y avait une baisse de la rentabilité de la culture du coton, du fait que les coûts augmentent. On constate aussi que cette culture demande de plus en plus de connaissances techniques, alors qu'à l'arrivée des OGM, ce qui paraissait excitant, c'est la facilité d'emploi qu'ils devaient procurer.
Observe-t-on aux Etats-Unis une augmentation des résistances des insectes et plantes nuisibles au coton transgénique ?
Le coton Bt est efficace contre une certaine chenille. Mais plusieurs dizaines de ravageurs peuvent attaquer le coton. Avant les OGM, on utilisait des insecticides chimiques qui contrôlaient les principaux ravageurs et maintenaient les ravageurs secondaires à un niveau bas. Quand on a utilisé le coton Bt, on a contrôlé la chenille la plus gênante, ce qui a laissé la place aux autres ravageurs, qui se sont développés et que l'on connaît beaucoup moins. Aux Etats-Unis, mais aussi en Chine, les producteurs sont désemparés et doivent recourir à des pesticides classiques. Certains experts américains disent maintenant : "On a besoin de nouveaux pesticides" - alors même que les OGM devaient nous en débarrasser. Pour le coton herbicide, on n'avait pas du tout anticipé les phénomènes de résistance massive. Pour contrôler les herbes adventices, on fait venir des travailleurs mexicains pour arracher à la main les mauvaises herbes et les brûler.
Comment les producteurs réagissent-ils à cette situation ?
On constate un petit retour aux variétés conventionnelles. Pour le reste, les cultivateurs pensent que l'on trouvera une solution technologique. Mais ils prennent conscience que l'empilement de ces solutions conduira à une augmentation des coûts.
Le nombre de cultivateurs de coton aux Etats-Unis est passé de 34 000 en 1997 à 19 000 en 2007. Est-ce un effet indirect de la généralisation des OGM ?
Non, c'est la manifestation d'un phénomène général de concentration de l'activité agricole, que l'on observe aussi dans la culture du blé, qui n'est pas transgénique.

Propos recueillis par Hervé Kempf dans "Le Monde"

Vu ici

3 commentaires:

  1. les OGM sont une INFAMIE , un VIOL contre tout le REGNE VEGETAL !
    Avoir pour 1er argument quand ce n'est pas le seul que les OGM sont dangereux pour sa petite santé en dit déjà long sur le niveau de "conscience" ...

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  2. La "concentration" de la production agricole (diminution drastique du nombre de cultivateurs) coïncide avec la technicité croissante de la culture et l'apport de technologies cruciales. Les OGM, trafiqués par des firmes de classe mondiale, (Monsanto, Syngenta...) et les "pesticides" qui redeviennent indispensables.

    C'est un véritable gâchis, écologique d'abord puisque les ravageurs pullulent et que les pesticides sont de nouveau indispensables, sans oublier la mal fondé des variétés transgéniques...dès quelques années d'utilisation,
    et un gâchis économique, avec la disparition des petits producteurs et de leur savoir traditionnel au profit de producteurs agro-industriels eux-mêmes de plus en plus rançonnés par les "marchés" mondialisés et par les fournisseurs d'OGM et de pesticides.

    Bel avenir que voilà...les seuls qui en profitent au fond ce sont les firmes des OGM et des pesticides.

    L'ami Pierrot

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  3. "On constate un petit retour aux variétés conventionnelles..."

    J'ai l'espoir qu'un de ces quatre, nous assisterons à un "grand" retour. Avant qu'il ne soit trop tard. Et que nous ayons perdu tout le savoir ancestral.

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