12 août 2011

The wall


Si je savais dessiner, et si je savais dans la foulée afficher sur le blog mon dessin, je représenterais la pyramide avec l'oeil au-dessus en panneau indicateur. Peut-être (sûrement) que M. Ibara ferait ça très bien. Panneau indiquant le danger - attention, escrocs -, par exemple, ou - voie sans issue -, je ne sais pas, ou autre chose encore. Avec le S des virages comme un serpent prêt à frapper.
 
Le NOM, c'est un danger, tout le monde en est conscient. Mais pas une fatalité. Que quelques-uns se déchirent le monde, ce serait un échec complet. Un monde d'esclaves dans lequel tout le monde surveille tout le monde, chacun n'étant rien qu'une poussière anonyme - surtout pas de nom, c'est réservé aux Hommes -, un numéro, qui relaie l'information à l'Oeil unique. Chacun étant alors le garant de la bonne marche de ce nouveau super-organisme spongieux et venimeux. Hyper-venimeux, même, dangereux et plein de haine, de la rancoeur de chacune de ses parties contre toutes les autres.
 
Echec complet.
 
Mais ce scénario n'est pas écrit, l'avenir pas déterminé. Le panneau qui signale le danger n'en présente aucun par lui-même, au contraire. Il annonce la couleur, et permet à l'esprit vigilant d'en sortir sans encombre.
 
Quand Ulysse est passé près des sirènes, sortes de monstres anthropophages qui attiraient les équipages par leurs chants mélodieux, il s'est fait attacher au mât et emplir les oreilles de cire, pour passer outre.
 
Le mât, c'est la verticalité. Ramper, obéir aux injonctions, se plier aux stimuli et aux tentatives d'enjôlement, c'est perdre la vie.
 
Nous avons tous le choix de préférer la station debout à la reptation. Et de passer outre les menaces et les cajoleries des monstres anthropophages.
 
Voyons plutôt le panneau comme un appel à la vigilance que comme une malédiction, et nous passerons.
 
C'est une question posée. Un relevé, une situation : voici le résultat de siècles de rapacité et de soumission. Si vous ne changez pas, vous serez écrasés.
 
Refusons toute hiérarchie, refusons de cautionner la violence légale et étatique, refusons la ségrégation, la division, la délation, la soumission, tout ce que le système encourage, ce que les sirènes nous chantent : achète, joue, marche au pas, assassine, défends TON territoire et TA famille, TON pays, TA culture, TA religion, vote, choisis, adule, rampe, rampe, rampe.
 
Refuser n'est pas tout. Apprendre autre chose est nécessaire.
 
Restons debout, cessons d'attendre tout bénéfice de l'autre, gardons les sens fermés aux invitations pourries des sirènes, mais les yeux ouverts sur les vrais besoins, les nôtres, ceux des autres, et, dans un décor dévasté peut-être, nous passerons.
 
A moins que notre choix intime soit de devenir une brique de plus dans le mur.

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