20 août 2011

L'Ubumonde


Je ne sais combien il y a de dieux - allez, au pif, je dis entre zéro et l'infini -, mais il n'y a qu'un seul prophète :
Alfred Jarry. Je dis ça parce que je suis un peu énervé, mais il y en a d'autres : Swift, Rabelais, Vian, Victor, etc. Mais bon, faut appuyer le clou pour qu'il entre.
 
Un soir, ou un matin, ce n'est pas clairement déterminé, mais qu'est-ce qui l'est dans ce monde obscur, il n'y a qu'à se pencher sur la Bible, le Coran ou n'importe quelle brochure publicitaire* pour comprendre en 5 mn que rien n'est clair, enfin, bref, entre deux absinthes, M. Alfred reçut l'illumination définitive.
 
Ce monde n'est qu'un tas de merde, où s'agitent des coprophages, et, juste au dessus, notez que la viande des coprophages doit avoir un sacré goût de merde quand même, ceux qui dédaignent bouffer vulgairement de la merde comme tout le monde et qui eux, les sublimes, se repaissent de coprophages, en font leurs choux gras, leurs délices.
 
M. Alfred a donné à l'humanité qui s'en fout complètement la description intégrale et véridique du monde de merde - de merdre, disait-il car l'affreuse censure des imbéciles est terriblement vigilante, il n'y a qu'à voir le déferlement de bassesse et de crétinerie de M. fénèque (plus à voir avec défèque qu'avec Sénèque) et de sa meute la miviludes autour de la mort accidentelle d'une nana qui a eu avant de clamser le mauvais goût d'avoir ingéré de l'ayahuasca, l'affreuse cohorte des bas du front, des rampants même pas reptiles, ils ont de courtes petites papattes qui leur servent à se propulser ou tenter de jusqu'en haut du tas de merdre, à l'arrière, et d'autres aussi courtes à l'avant, capables de dénoncer d'un index noir, de cocher les cases des fiches de délation ou les formulaires de la sécu et de poignarder, c'est précieux, et ça accélère la propulsion.
 
Je me perds dans ces phrases interminables. M. Alfred, disais-je, sous le chevauchement du puissant esprit de Vérité, nous a donné à voir le monde du père Ubu, comme sous la focale d'un puissant microscope.
 
Et le monde d'Ubu est éternel. L'indique d'ailleurs la Gidouille qui orne son abdomen. Ubu for ever. Ubu est partout. Ouvrez la radiolatélélesniouz, Ubu frétille et se montre partout. Ubuma, aux Ubuesques Saloperies d'Amérique, Sarkubu, le petit puant, préposé aux bombes dans le dos des anciens alliés et bailleurs de fonds, sous le délicieux et attendrissant prétexte de l'aide Ubumanitaire, Ubusconi aux couilles atomiques, et derrière eux, le grand, l'affreux, le monstrueux Ubusrael, qui trépigne et actionne d'une main la pompe à phynances, et de l'autre le cordon à trappe, où il enfourne tout ce qui ne sert pas son dessein de devenir l'Ubumaître de l'Ubumanité.
 
Tout cela bouffe de l'homme, de la chair, boit du sang et de la sueur, fait caca à foison, s'y vautre et glapit à qui veut l'entendre que cet Ubumonde est le seul vrai monde, et que tout doit lui être sacrifié, et surtout surtout : soi-même.
 
Bien sûr, M. Alfred n'y a pas consenti. C'est la raison pour laquelle il est mort d'usure à 34 ans. C'est la raison pour laquelle moi qui hais cette ordure qu'on nous inflige, je l'aime, M. Alfred.
 
Comme dernière volonté, il a demandé un cure-dents, ce qui est parfaitement naturel car même lui, homme exceptionnel, n'a pu s'abstenir de bouffer de la merde, et qu'autant partir à l'aise et les dents propres.  
 
  
* et même l'annuaire du téléphone : dans une commune de 1 400 pélots, j'ai dégotté deux homonymes qui ne se connaissaient même pas, et allaient jusqu'à ignorer qu'ils portaient le même nom. Je ne parle pas de l'islam où tout le monde se partage quelques noms de saints, ou prétendus tels.
En nous numérotant, 666 nous rend un précieux service. Au moins, on sait qui on est.
-  Bonjour, moi c'est 259438UU _ Mp398702568§(R. Et vous ?
-  4568741IJT72300.6894569*4( .
- Ah, mais dites moi, vous ne seriez pas apparenté à 4568741IJT72300.6894569*4() ?
-  Mais si, bien sûr, c'est mon clone ainé.
 
Vraiment, le monde est petit, et 666 est grand.

1 commentaire:

  1. rien à dire,tout simplement génial.Et tellement vrai...

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