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22 novembre 2024

Les élus municipaux de Montréal mettent fin à la fluoration de l’eau

Les élus municipaux ont décidé de mettre fin à la fluoration de l’eau sur l’île de Montréal, à la suite de la pétition d’un résidant qui affirme avoir le soutien de l’homme politique américain Robert F. Kennedy Jr.

Un conseil représentant Montréal et les municipalités de l’agglomération de l’île a choisi jeudi soir de cesser de fluorer l’eau de six villes de l’Ouest-de-l’Île qui traitent leur eau depuis les années 1950.

Le service des eaux de la Ville a recommandé l’arrêt de la fluoration, en partie en raison du coût, bien que les responsables de la santé publique soutiennent la fluoration comme un moyen efficace de réduire la carie dentaire.

Les maires des secteurs concernés affirment cependant n’avoir été informés du plan de la Ville qu’en septembre, des années après que le service a commencé à étudier la question. Ils avancent également que les résidents n’ont pas été consultés et que le processus est antidémocratique.

Avant le vote de jeudi, la conseillère municipale de Montréal Maja Vodanovic a mentionné que la Ville souhaite que l’approvisionnement en eau potable soit uniforme sur toute l’île. « La Ville de Montréal a pris cette décision par souci de cohérence », a-t-elle déclaré. « Nous le faisons dans l’intérêt primordial de tous. »

Dans un rapport datant de mars dernier, le service des eaux a indiqué avoir commencé à s’interroger sur l’utilisation du fluorure dans l’approvisionnement en eau après avoir reçu une « pétition citoyenne » en 2020.

Cette pétition avait été lancée par Ray Coelho, un résidant qui a déclaré dans une récente publication sur Facebook que sa campagne était soutenue par Robert F. Kennedy Jr.

Robert F. Kennedy Jr. a été choisi pour devenir le prochain secrétaire à la Santé du gouvernement Trump.

Dans une entrevue téléphonique après la décision du conseil, M. Coelho a souligné qu’il avait parlé à Robert F. Kennedy Jr. à quelques reprises et que ce dernier l’avait félicité par texto après que le plan de la Ville ait été rendu public le mois dernier. « Il m’a apporté un soutien moral, ce qui est bien », a-t-il déclaré.

  Ray Coelho

M. Coelho, étudiant à l’Université Concordia, s’est dit satisfait du résultat de la réunion du conseil de jeudi. « Je suis très content, a-t-il fait savoir. C’est formidable, je peux consacrer mon énergie et mon temps à d’autres choses. »

Robert F. Kennedy Jr., un sceptique vis-à-vis des vaccins qui a été choisi par le président désigné des États-Unis, Donald Trump, pour être son secrétaire à la Santé, avance que le fluorure est un « déchet industriel » lié à une série de problèmes de santé. Il a affirmé que l’administration Trump retirerait le minéral de l’approvisionnement public en eau des États-Unis.

M. Coelho est très présent sur les médias sociaux et publie souvent sur le conflit entre Israël et le Hamas, qualifiant Israël d’« État terroriste génocidaire ». Il s’est présenté aux élections fédérales de 2019 pour le Parti nationaliste canadien, aujourd’hui disparu, un parti nationaliste blanc d’extrême droite qui a été radié par Élections Canada en 2022. Il a mentionné qu’il n’était plus associé au parti et a qualifié sa candidature d’« erreur ».

Des interrogations du côté des villes

« Je me demande vraiment quel type de diligence raisonnable Montréal fait lorsqu’elle reçoit des pétitions », a souligné Heidi Ektvedt, mairesse de Baie-d’Urfé, l’une des six villes touchées. Elle a mentionné que M. Coelho semble être « inspiré par des théories du complot » et que de nombreux résidents de sa ville sont « furieux » du plan de la Ville. « Ce qui se passe aux États-Unis ne devrait pas s’immiscer dans la prise de décision dans notre pays », a-t-elle soutenu.

 

Georges Bourelle, maire de Beaconsfield

Georges Bourelle, maire de Beaconsfield, a qualifié M. Coelho d’« extrémiste d’extrême droite » et a indiqué qu’il n’accordait « pas beaucoup de crédibilité aux pétitions ». Aucune des communautés touchées, y compris Beaconsfield, n’a jamais demandé que le fluorure soit retiré de son eau, a-t-il déclaré.

Seules deux des six usines de traitement des eaux de Montréal utilisent du fluorure. Ces deux usines desservent 5 % de la population de l’île dans six villes de l’Ouest-de-l’Île de Montréal. Il n’y a qu’une seule autre municipalité au Québec qui met du fluorure dans son eau.

Dans son rapport, le service des eaux indique qu’il en coûte environ 100.000 $ par année pour fluoriser l’eau des deux usines de traitement. La Ville fait également référence aux problèmes d’approvisionnement en produits de fluoration au cours des dernières années qui ont entraîné des fermetures dans les deux usines et aux préoccupations sanitaires des travailleurs qui manipulent les produits chimiques.

Lors de la réunion du conseil, Mme Vodanovic a indiqué que les gens ne boivent que 1 % de l’eau potable produite par la Ville, tandis que le reste est utilisé à d’autres fins. « Nous ne pensons pas que quelque chose comme du fluorure devrait être ajouté à 100 % de l’eau », a-t-elle souligné.

Les principales organisations de santé, dont l’Organisation mondiale de la santé, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis et Santé Canada, soutiennent l’ajout de fluorure dans l’eau potable, reconnaît le rapport. La direction régionale de santé publique de Montréal a déclaré au ministère en novembre 2023 qu’elle était favorable à la fluoration. Le rapport indique toutefois que les considérations sanitaires dépassent « le champ d’expertise du service des eaux ».

Le maire Bourelle et la mairesse Ektvedt ont fait savoir qu’ils n’ont été informés du projet de la Ville de cesser d’ajouter du fluorure dans l’eau de leurs communautés que lors d’une réunion en septembre, quatre ans après que le service des eaux a reçu la pétition de M. Coelho. Mme Ektvedt s’est dite « sans voix » lorsqu’elle a appris la recommandation.

« C’est une décision antidémocratique prise par la Ville de Montréal, a mentionné M. Bourelle. Cela démontre un manque total de respect envers la population concernée. »

Selon lui, les villes concernées ne détiennent qu’un faible pourcentage du pouvoir de vote au conseil, qualifiant le processus « d’exemple flagrant d’abus de pouvoir de la majorité au conseil d’agglomération ». 

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